Festival International de Musique Actuelle de Victoriaville : 30e FIMAV: continuons le combat!
«Le renouvellement dans la continuité», c’est l’histoire de la musique actuelle, et c’est aussi celle du FIMAV, qui nous refait le coup à chaque fois.
C’est en décembre 1983 que se tenait la première édition du Festival international de musique actuelle de Victoriaville, un événement qui est devenu au fil du temps l’incontournable rendez-vous annuel des défricheurs d’avant-garde. Un coup d’œil sur la première programmation et sur les 20 concerts de celle du 30e montre le même éclectisme frondeur, la même réjouissante absence d’uniformité. Michel Levasseur, le fondateur, tient toujours les rênes de l’aventure: «Je n’ai pas voulu faire dans la nostalgie, mais cette 30e édition revêt tout de même un aspect historique que l’on ne peut ignorer. Fred Frith n’est pas venu à Victo depuis 2008, comme René Lussier d’ailleurs, mais ils font tous deux partie de l’histoire du FIMAV, comme Evan Parker que l’on a pas vu depuis 10 ans. Il vient présenter son Electro-Acoustic Septet, mais c’est ici qu’il a présenté en première mondiale son tout premier projet du genre, en 1996!»
Si la première édition recevait l’OSM, cette fois, c’est le Ratchet Orchestra que l’on aura en soirée d’ouverture! Levasseur explique: «Lorsque Nicolas Caloia m’a proposé un concert pour souligner les 100 ans de Sun Ra, je ne pouvais pas dire non, bien qu’il soit exceptionnel que l’on réinvite après seulement trois ans un si gros ensemble [20 musiciens]. Sun Ra est venu au FIMAV en 1987 avec son Arkestra et ça a été un grand moment du FIMAV. En plus, Marshall Allen, qui a pris la relève de Sun Ra et qui aura 90 ans le 25 mai, se joindra au Ratchet Orchestra!»
Parmi les concerts qui s’inscrivent dans une tendance historique, le concert d’ouverture, donné par l’artiste multidisciplinaire Meredith Monk, est un grand coup! «J’ai voulu l’inviter plusieurs fois déjà», explique le directeur artistique; «elle n’est pas venue très souvent au Québec [l’a-t-on même revue à Montréal après son passage au FTA en 1987?], alors je suis heureux que ça puisse se faire.» Fred Frith, un des piliers du FIMAV, viendra quant à lui interpréter intégralement son album Gravity (Ralph Records, 1980) l’un des disques fondateurs de la musique actuelle.
Au-delà de regard rétrospectif, le directeur artistique continue à chercher ceux qui explore et font avancer leur univers musical, et il déniche des perles rares, comme le trio italien de doom rock Ufomammut: «Je les ai vu à Birmingham, le berceau du metal, où je suis allé quelques fois ces dernières années. Il y a vraiment un buzz autour de ce groupe; on a des festivaliers qui ne viennent que pour ça, un concert à minuit le vendredi!» Mais si les métaleux connaissaient le quatuor de joyeux drilles qui joue juste avant dans la salle d’à côté (Richard Pinhas, Keiji Haino, Merzbow et Tatsuya Yoshida!), ils feraient certainement le détour! Et ils commenceraient peut-être leur soirée avec Gros Mené et René Lussier à 20h. La représentation québécoise est d’ailleurs assez relevée tout au long du FIMAV et elle culminera, après les Parlures et parjures de Michel Faubert et Pierre Labbé, dans une apothéose électro-punk lors du concert de clôture donné par Duchess Says. Michel Levasseur contemple maintenant la quatrième décennie du FIMAV. Ce n’est qu’un début!
Du 15 au 18 mai; Tous les détails de la programmation sur le site du festival: fimav.qc.ca