Inauguration du Grand Orgue Casavant de la Maison Symphonique de Montréal : En grande pompe
La Maison symphonique de Montréal étrenne son superbe Grand Orgue Casavant cette semaine, et il n’y a aucune raison de manquer ça!
Après un premier «bal inaugural» mercredi, l’OSM poursuivait ce jeudi la mise au monde de l’opus 3900 de la firme Casavant Frères, le Grand Orgue Pierre-Béique, en reprenant le programme de la veille (Bach, Liszt, Saint-Saëns), auquel s’ajoutait deux créations d’œuvres commandées par l’OSM, l’une à la Finlandaise Kaija Saariaho, l’autre au Montréalais Samy Moussa.
Après l’emblématique Toccate et fugue de Bach, servie par Olivier Latry, organiste émérite de l’OSM, comme une démonstration des extraordinaires capacités du nouvel instrument, et après une courte vidéo documentaire sur sa construction, l’orchestre et son chef rejoignaient l’organiste pour la création de Maan Varjot, de Kaija Saariaho, une musique bien contemporaine qui fait plaisir à entendre dans ce lieu! La compositrice y mélange allègrement les timbres de l’orchestre et de l’orgue, qui est littéralement un autre orchestre, pour atteindre des moments d’une grande puissance d’évocation. Une très belle pièce, qui a dû faire saliver plus d’un compositeur en pensant aux possibilités qu’offre une telle combinaison (Kent Nagano a fait savoir qu’il entend commander beaucoup d’œuvres pour l’orgue). La première partie du concert se terminait par le Prélude et fugue sur le nom de BACH (1855), de Franz Liszt (arrangement avec orchestre de Jean-Marc Cochereau), une musique d’une redoutable efficacité, interprétée avec toute la fougue nécessaire.
Après l’entracte, c’est Jean-Willy Kunz, organiste en résidence à l’OSM, qui s’installait à la console portative de l’orgue, placée sur la scène, pour interpréter avec l’orchestre l’œuvre de Samy Moussa A Globe Itself Infolding. L’œuvre dure une petite dizaine de minutes et le compositeur explique dans sa note qu’elle pourrait bien devenir «le premier mouvement d’un concerto de plus larges proportions»; on le souhaite certainement, parce que cette musique brillante, qui se développe lentement, mais sûrement, sonne tout à fait comme l’introduction de quelque chose qui serait plein de promesses. Vraiment, on serait heureux d’entendre la suite. Pour clore le concert, Olivier Latry remontait à la console principale de l’orgue, littéralement entre ciel et terre, pour jouer avec ses collègues la Symphonie no3 «avec orgue» de Saint-Saëns, un autre chef-d’œuvre de ce degré zéro de la musique mixte qu’est la musique orchestrale avec orgue.
Si vous avez raté ce concert, il y a peu de chances pour que vous puissiez vous reprendre le 1er juin à 14h30, parce que ce concert-là aussi affiche complet… Cependant, la dizaine de caméras qui encerclait l’orchestre et les micros qui pendouillaient au-dessus de lui ont fait un sacré bon boulot et vous pouvez assister gratuitement à ce concert (pour encore trois mois) en vous rendant à l’adresse medici.tv. Avec l’équipement approprié, ça sonne comme une tonne de briques!
Mais pour goûter pleinement le plaisir que peuvent procurer les 6489 tuyaux, 109 registres, 83 jeux et 116 rangs du Grand Orgue, c’est samedi, lors de la journée portes ouvertes, que vous devrez aller à la Maison symphonique, alors que huit organistes offriront sept concerts gratuits, le premier à 11h et le dernier à 20h30. Celui-là nous permettra d’entendre pour une rare fois Le Sacre du printemps, de Stravinski, en version quatre mains, interprété par Olivier Latry et son épouse, Shin-Young Lee. Voir le site de l’OSM pour les détails.