Party Envol et Macadam de la St-Jean / Alaclair Ensemble : Vive le Bas-Canada libre!

Il y a les grimaces, la viande de ch’val et la néo-Macarena proposées dans le vidéoclip Brizasseurs de Fizzoules. Sur scène comme en studio, les membres d’Alaclair Ensemble se perdent dans les méandres d’un délire créatif quasi juvénile. Mais ça, ce n’est que le premier étage de leur cipâte longuement cuit au four. C’est l’enveloppe qui emballe leur message presque subliminal, celui de promouvoir l’indépendance du Bas-Canada.

La trame de base d’Alaclair est relativement simple, mais elle n’a jamais été exposée explicitement. Grosso modo, la formation propose d’imaginer le Québec d’aujourd’hui comme si le Bas-Canada s’était séparé du Haut-Canada au XVIIIe siècle. Cette idée d’imaginer le destin alternatif des Franco-Canadiens est venue d’Ogden: «Au début, les journalistes nous demandaient si on était souverainistes parce que KenLo a toujours utilisé le terme post-rigodon pour décrire notre musique. On ne savait pas de quelle manière répondre et on ne voulait pas être des Loco Locass #2. […] Au printemps 2011, j’ai vu un documentaire sur Robert Nelson et le Bas-Canada et j’ai flashé là-dessus. J’ai proposé le concept aux gars et ils ont dit oui.»

C’est ainsi qu’Ogden Ridjanovic deviendra la pierre angulaire du projet ou, plutôt, le directeur artistique officieux du collectif hip-hop qui célèbre le joual et le folklore du pays de Vigneault. Une vocation surprenante pour un gars qui, au fond, est né de deux parents bosniaques. «Robert Nelson voulait une république avec deux langues officielles. Tant que tu es citoyen, on se fout de ton sang ou de ta langue. C’est pour ça que le concept du Bas-Canada me rejoint autant. Je suis souverainiste, mais pas pour les mêmes raisons que René Lévesque.»

Du côté de Maybe Watson, sa fierté identitaire se transmet surtout par le choix des mots et sa façon d’écrire ses rhymes. «C’est une cassure avec le rap belge ou français. Alaclair ne tente pas de faire du beau et du poétique. […] À une certaine époque, les rappeurs québ’ prenaient un accent français pour rapper. Nous, ce qu’on fait, c’est le rap du peuple.»

Et on lui donne raison. Il suffit d’assister à un de leurs concerts pour réaliser que la discographie du groupe a remplacé le cahier de la bonne chanson pour certains fans. «Un rigodon, c’est une toune que tout le monde connaît et que tout le monde peut chanter même s’il chante mal. C’est à ça qu’on veut donner vie. […] On pousse la forme vers le futur avec l’électro, mais on est old school dans l’expression orale.»

Bébés de la Saint-Jean-Baptiste

La fête nationale, c’est un anniversaire archi-important pour Alaclair Ensemble. C’est le 23 juin 2010 que les sept joyeux lurons donnaient leur premier vrai concert dans le cadre du Party clandestin de la St-Jean qui a été renommé Party Envol et Macadam de la St-Jean. «Les promoteurs connaissaient déjà Claude et Eman et ils avaient booké Accrophone. On les a pas « gamé » de les remplacer par Alaclair Ensemble et ils nous ont fait confiance.»

Hasard ou plan astucieux? C’est assurément l’option no 1, selon Maybe Watson, «parce que tu ne décides pas quand ton enfant va naître», tranche-t-il.

Lost in de the deep web, épisode 2

En avril dernier, Alaclair conviait ses fans à une chasse au trésor façon cyber-rallye. L’exercice consistait à fouiller les confins de leur site web pour trouver les chansons. Une tâche ardue, certes, mais qui a connu son heure de buzz sur les internets.

Les garçons répètent l’expérience avec leur nouvel album intitulé : Tout est impossible. « L’album a leaké en Suède et fautque les gens aillent le chercher. Ogden et moi, on est allés prendre des photos au Ikea St-Laurent pour faire un BD photo sur le site. Après, il faut que tu montes l’album comme un meuble. Chaque toune est séparée en deux pistes sonores à assembler et on met le lien vers des applications pour les mixer. »

Le lien pour jouer: alaclair.com/enter-the-36-pictures

Mais les paresseux n’ont pas à s’inquiéter. L’album intégral sortira le 1^er juillet, le jour de la fête du Canada. A-t-on affaire à une grosse blague baveuse envoyée destinée aux fédéralistes? « C’est pas une gué-guerre. C’est comme pour notre drapeau mauve et orange avec la feuille d’érable virée sur le bas qui a fâché Half Moon Run au GAMIQ en 2012. On fait pas ça pour réfuter le Canada. En fait, c’est pour affirme notre identité de Bas-Canadiens. »

Lundi 23 juin dès 20h

Party Envol et Macadam de la St-Jean (Plaines d’Abraham).

Tout est impossible (indépendant), disponible le 1er juillet; Lancement à Québec le 30 juin au Cercle

alaclair.com