Théâtre Petit Champlain : La passion Fauve
Musique

Théâtre Petit Champlain : La passion Fauve

Le collectif Fauve poursuit sa thérapie de groupe avec l’album VIEUX FRÈRES – Partie 1.

Fauve ne laisse personne indifférent. Soit on adore, soit on déteste, mais dans un cas comme dans l’autre, il faut admettre que la proposition de la formation parisienne diffère de la norme. Porté par des textes directs récités dans l’urgence, plus près du spoken word que de la chanson, sorte de monologue passionné qui traite d’amours désespérées, d’angoisses, de doutes, de questionnements existentiels mais aussi d’espoir, Fauve est tombé dans l’oreille d’une frange de la jeunesse française qui se reconnaît dans les propos du groupe.

La musique indie rock sombre du collectif et le visuel qui accompagne chaque performance viennent enrober le flot incessant de mots. Et tout ça c’est en français, presque une hérésie pour un groupe de l’Hexagone s’inscrivant dans le registre indie. «Quand on a sorti nos premiers titres, on a eu peur de mettre tout le monde un peu mal à l’aise parce que ce ne serait pas très agréable à écouter. C’est un peu anxiogène, ce sont des textes assez durs, il n’y a pas de mélodies… mais on ne voulait pas être obligés de changer un mot par un autre pour de simples velléités esthétiques. Nous, ce qui nous fait du bien, c’est d’expulser. Et expulser sans filtres ça veut dire ne pas faire de mélodies et juste du texte, le plus direct possible. De sorte que chanter en anglais est impensable pour nous. On ne peut pas choisir les mots justes, en tout cas jamais aussi justes qu’en français!», nous explique un des Fauve, qu’il ne faut pas nommer. Car il faut préciser qu’afin de cultiver une certaine aura de mystère, Fauve ne se montre jamais de face sur les photos et ne dévoile ni les noms ni les occupations des membres du collectif.

De sensation web révélée à partir d’un bouche-à-oreille 2.0 favorable, Fauve rempli aujourd’hui toutes les salles d’envergure où il se présente. Un succès qui se mesure à la grandeur de la France et hors frontières aussi. La formation en sera bientôt à sa deuxième visite montréalaise et la jeune diaspora française locale devrait y être au grand complet. Le public québécois adhère-t-il cependant à la proposition Fauve? «Nous, on ne se rend pas trop compte, car les commentaires que l’on a eus après notre passage au Québec viennent en grande majorité de Français. On ne sait pas trop si on est vraiment compris par les Québécois, car c’est vrai que c’est très français notre truc. On nous a même dit que c’était en fait très parisien et que ça ne marcherait pas en province.»

Il en rajoute. «Quand on s’est retrouvés pour enregistrer Vieux frères en septembre dernier, on s’est rendu compte qu’on avait pas mal de morceaux. Comme on a beaucoup de textes dans nos chansons, on ne voulait pas rendre l’album indigeste en le surchargeant. Donc on a essayé de faire respirer ça un petit peu en le faisant en deux parties», détaille l’affable Fauve qui précise dans la foulée que le collectif met un point d’honneur à rester le plus simple possible malgré le succès. «On tient à garder notre côté DIY. Mettre des chansons gratuites sur Internet, donner des concerts dans des salles à dimension humaine, continuer à enregistrer chez nous au lieu d’aller dans un gros studio. Ce n’est pas nous, on ne vient pas de là. On est arrivés dans le milieu de la musique un peu par accident. On n’est pas de très bons musiciens, on a du mal à assumer un tas de choses. On a besoin de se sentir à l’aise, de se sentir dans un cocon. On fait tout avec des bouts de ficelles. Tout est très laborieux, mais ça nous donne beaucoup de plaisir.»

Vendredi 20 juin à 20h au Théâtre Petit Champlain

VIEUX FRÈRES – Partie 1 (Grosse Boîte) Disponible dès maintenant