Woodkid / Festival international de jazz de Montréal : L’enfant prodigue
Un an après avoir épaté la galerie au Festival international de jazz de Montréal, Woodkid en rajoute. Entretien.
Il y a son nom de scène, certes, mais Yoann «Woodkid» Lemoine suscite également l’enfance par la naïveté qui se dégage de son entreprise audacieuse. «Il y a beaucoup de naïveté, mais j’ai quand même l’impression que du moment où l’on y met de la sincérité et du plaisir, les gens suivent naturellement.»
Non content de se distinguer comme réalisateur prisé – on lui doit des clips pour Yelle ainsi que pour Taylor Swift et Katy Perry, notamment –, le touche-à-tout a poussé sa passion pour le cinquième art d’un cran en poursuivant également une carrière musicale singulière qui, depuis 2011, s’est frottée à de rares écueils malgré le peu de considérations populaires amenées à sa pop aussi sombre qu’étoffée. «Je me soucie assez peu de ce que les médias pensent ou de ce que les gens attendent, tranche-t-il. Ce qui m’intéresse, c’est de faire des choses qui m’amusent et que je n’ai pas vues trop souvent ailleurs avant. J’essaie donc d’explorer des territoires un peu sensibles, un peu technologiques, un peu audacieux!», précise-t-il en prenant pour exemple sa prestation télé livrée au Grand Journal de Canal Plus en réalité augmentée, histoire d’innover. «C’était une prise de risque. C’est justement l’optique du projet.»
Conscient de l’aura spleenétique qu’il dégage, Woodkid, badin, glissera plus tard qu’«à aucun moment, je ne voulais me lancer dans une direction artistique formatée pour qu’elle plaise. Si je m’étais dit ça, jamais je n’aurais proposé un projet à la musique peu radiophonique et aux clips sombres, en noir et blanc, et où je n’apparais pas!»
Une esthétique peu traditionnelle, assurément, mais qui séduit désormais des géants de la pop comme Shakira. Après tout, la mise en scène du clip pour La La La semble s’inspirer – pour ne pas dire pille carrément – l’imagerie de la vidéo de Woodkid pour Iron. L’autre homme au chapeau – Pharrell Williams – a également recruté Yoann comme directeur créatif pour collaborer, notamment, à la campagne visuelle accompagnant son méga hit Happy.
Plus surprenant encore, le Lyonnais trouve le temps de terminer une tournée mondiale et de signer la musique d’une œuvre présentée au New York City Ballet tout en planchant sur le scénario de son premier film!
Mégalomane ou non?
Bien que de son propre avis, «le spectacle a évolué tout au long de la tournée», le concert construit autour de son premier album The Golden Age – paru en mars 2013 – a tout d’abord nécessité quatre à cinq mois de boulot pour élaborer l’imagerie projetée sous les feux, puis trois à quatre semaines en résidence dans un hangar afin de répéter et de «travailler le visuel et le son, histoire de mettre en place la « technologie » requise pour le spectacle», explique le principal intéressé.
Un travail de moine qui a porté, fort heureusement, ses fruits.
Lors du passage précédent de Woodkid au Festival international de jazz de Montréal (FIJM), l’artiste a autant séduit le public présent que les médias d’ici et d’ailleurs. The Gazette a apprécié sa prestation, soulignant la mise en scène ambitieuse, mais surtout l’enthousiasme du chanteur. Les Inrocks, eux, se sont exclamés: «Si à Metropolis Superman fait la loi, dans la salle du même nom, à Montréal, Woodkid a su déchaîner la foudre et les passions pour ce qui fut notre première soirée au Festival de jazz. Peut-être la meilleure.»
Pendant ce temps, Woodkid demeure de marbre. «Nous ne sommes pas mégalomanes, non plus. Ce n’est pas un projet destiné aux stades!», lance-t-il, amusé, avant de toutefois concéder que «c’est quand même un boulot important, considérant les moyens qu’on a et la réalité commerciale du projet, mais on a toujours eu envie de faire quelque chose d’un peu plus ambitieux que la réalité de notre économie. Je crois que ça vaut le coup, car c’est ce qui a un peu fait la renommée du show».
Une surprise en prime
Un autre volet de la carrière de Woodkid qui l’a consacré: l’inattendu.
Lorsqu’on lui demande si le spectacle présenté pour le 35e anniversaire du FIJM sera calqué sur celui de l’édition précédente, Lemoine ne bronche pas… mais dévoile, du même coup, l’ombre d’une botte secrète. «Il y a peut-être un petit « en plus »». Pressé d’extrapoler, le chanteur fait valoir qu’«on a un « petit événement » sur scène qu’on prépare pour le Festival de jazz de Montréal, parce que c’est une opportunité assez dingue pour nous. Ça sera le plus gros concert qu’on aura donné sur cette tournée. On avait donc envie d’offrir quelque chose d’un peu plus spécial; quelque chose d’un peu exclusif et qu’on prépare en ce moment.»
À suivre — gratuitement — le jeudi 26 juin à 21h30 sur la scène TD (coin Maisonneuve et Jeanne-Mance) dans le cadre du FIJM. woodkid.com