Enfant de la terre : Samian, le guerrier reposé
Après s’être retiré du milieu musical pendant plusieurs mois, le rappeur algonquin Samian revient avec un troisième album, Enfant de la terre.
«J’ai failli tout arrêter», balance candidement Samian pendant la conversation téléphonique. La frénésie de l’industrie musicale et une tournée accaparante ont presque eu raison du rappeur. «Je me suis effondré. Je sortais d’une tournée de 30 spectacles en un mois, c’était devenu un travail, je ne supportais plus le stress, c’était épuisant, la scène me rendait malade.»
Le hasard a voulu que pendant cette sabbatique musicale, des propositions de cinéma et de télévision sont apparues. Il a joué dans le film Roche papier ciseaux de Yan Lanouette Turgeon et a animé l’émission Rythme des nations, où sept jeunes Autochtones reçoivent des formations afin de produire un album. Ces expériences lui ont fait du bien, et même si la scène a fini par lui manquer, il devait passer par là.
Samian a toutefois appris de sa dernière tournée et il prendra part à ce rodéo scénique plus tranquillement et imposera son rythme. Sauf pour quelques spectacles cet été, la route se prendra surtout l’été prochain. «Cet automne, je tourne dans un autre film de Yan Lanouette et on tourne la deuxième saison de Rythme. Je ne suis pas disponible de toute façon», tranche-t-il, ce qui fait bien son affaire.
Le rappeur ne sort pas le cliché de l’album plus mature, mais considère ce troisième effort comme le plus personnel et le plus dur qu’il a produit. «L’écriture de l’album a été plus ardue, mais c’est plus satisfaisant aussi.» Sa vie l’a inspiré, comme la récente mort de son père à la suite d’un cancer. «Avant, j’écrivais plus au "on", maintenant le "je" est plus présent.»
«C’est très personnel, il y a des chansons plus spirituelles, plus intimes, plus loin de l’image du guerrier que j’ai, mais ça demeure fidèle à ce que j’ai fait, je revendique encore.» Comme la pièce-titre de son troisième disque qui est un écho aux valeurs qu’il défend.
Avec le succès viennent de grandes responsabilités
Chaque semaine, il se fait dire que des parents ont nommé leur enfant Samian en son honneur. Durant une visite dans une école secondaire, il s’est vu dans un livre d’histoire. Au fil du temps, il est devenu un exemple et un modèle pour des milliers d’Autochtones, un rôle qu’il ne trouve pas trop lourd à porter. «Il y a une charge, une responsabilité, je le fais avec bon cœur. J’ai toujours été moi-même, je n’ai pas de filtre, je ne joue pas un personnage.»
Il endosse son rôle d’ambassadeur avec fierté, même. Il a été présenter le projet Wapikoni mobile aux Nations Unies le printemps dernier. «C’était un honneur de présenter le projet.» D’autant plus que le projet est important pour les Premières Nations, comme le sont les festivals, comme Présence autochtone où il lancera son album le 31 juillet. «Nous sommes peu nombreux au Québec, 90 000 sur 8 millions d’habitants. Il y a plein d’artistes autochtones, mais peu sont connus du public. Il faut marcher ensemble.»
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Enfant de la terre (7ième Ciel Records), disponible le 4 août (en écoute sur voir.ca dès le 1er août) samian.ca;
En spectacle le 31 juillet à la Place des festivals, dans le cadre de Présence autochtone presenceautochtone.ca