Festival d'opéra de Québec / L'Enfant et les sortilèges : C'est pas pour les bébés
Musique

Festival d’opéra de Québec / L’Enfant et les sortilèges : C’est pas pour les bébés

La brochure présente la pièce comme «un spectacle pour toute la famille», mais on y va pour les mêmes raisons que Casse-noisette de Tchaïkovski. Pour l’émerveillement, le côté ludique et le conte de fées qui vire au cauchemar.

«L’histoire, c’est celle d’un enfant turbulent, égocentrique et inconscient de la vie qui l’entoure. Autour de lui, les objets et la nature vont se révolter.» Philippe Soldevila, le metteur en scène, parle presque de son adaptation de Ravel comme d’un thriller psychologique. «C’est un rite initiatique presque freudien. […] Il y a quelque chose de très dur et de très sombre dans le parcours du personnage principal malgré la féérie et la beauté.»

Présenté pour la première fois en 1925, L’Enfant et les sortilèges est de ces opéras qui traversent le temps sans s’empoussiérer. La musique de Maurice (pour l’appeler par son petit nom) y est pour quelque chose, mais il ne faudrait pas oublier l’apport considérable de Colette, l’auteure du livre. La morale de cette histoire n’a pas pris une seule ride.

Méga défi

C’est la première fois que Soldevila met en scène un opéra. Habituellement, il travaille au théâtre et c’est notamment à lui qu’on doit Les trois exils de Christian E. Autant dire qu’il a l’habitude de toucher les gens et de faire vendre des billets.

Mais, était-il stressé au moment d’accepter ce contrat offert – sur un plateau d’argent – par Grégoire Legendre du Festival d’opéra de Québec? «Ce n’était pas du stress, mais de la fébrilité. Ça m’impressionne parce que c’est un autre univers. […] Je pense que mon meilleur talent, c’est de savoir m’entourer.»

Au générique: Geneviève Dorion-Coupal (Star Académie, Céline Dion, Cirque du Soleil) pour la chorégraphie, Claudia Gendreau pour les décors et Érica Schmitz pour les costumes. En tout, et selon la version imprimée d’un tableau Excel qu’il traîne dans son sac, le spectacle de  m’sieur Soldevila compte plus de 70 costumes pour 16 artistes sur scène. Faudra faire vite pour les changements de costumes en coulisse.

Opéra local

Contrairement à la relecture de The Tempest par Robert Lepage qui avait été coproduite par le Metropolitan Opera de New York, le spectacle orchestré par Philippe Soldevila aura entièrement été créé et produit à Québec, un fait rarissime. «Souvent, on pense à l’opéra avec un grand O et aux chanteuses divas. Je ne savais pas à quoi m’attendre, tant avec les chanteurs que l’équipe de production, mais j’ai découvert une petite équipe dévouée qui m’a chaleureusement accueilli. […] Je pense que je ne vouvoie personne dans l’équipe. Et Julie Boulianne [la soliste principale] est tellement drôle!»

L’Enfant et les sortilèges: du 24 au 27 juillet au Grand Théatre de Québec.

Le Festival d’opéra de Québec: du 23 juillet au 4 août festivaloperaquebec.com