Le Trouble / Osheaga : Après Le Trouble, la tempête
Retour sur la récente consécration, la tournée actuelle et «le moment le moins rock au monde» du combo local Le Trouble.
En soirée, la bête de scène Maxime Veilleux est souvent sur les planches, se secouant la tête avec énergie derrière un instrument au sein de plusieurs formations du coin. De jour, le multi-instrumentiste est plus calme; plus posé aussi. Café à la main, le rockeur arpente Saint-Laurent jusqu’au boulot: un studio dans lequel il enregistre des musiques destinées à la télé et au cinéma. Bien que sa «routine» soit sensiblement la même qu’auparavant, le bonhomme se dit quand même chahuté par toute l’attention dont profite Le Trouble, un projet pop-rock auquel il participe depuis 2010. «Ça prend beaucoup plus de temps qu’avant!», lance-t-il, pas peu fier.
De la manifestation des «signes de piastre»
Bien que l’histoire derrière l’association récente avec Lava Records ne tient peut-être pas du conte de fées, elle demeure tout de même savoureuse. «Une vidéo maison s’est retrouvée sur un blogue», se rappelle Veilleux. «Ça – et les critiques positives du EP – a attiré l’attention de gens dans des bureaux à New York qui ont vu des “signes de piastre” là-dedans», poursuit-il, pince sans rire. «Ils nous ont contactés par Internet, puis nous ont envoyé des contrats par la poste.» Comme si ce n’était pas assez, Le Trouble s’est acoquiné avec Julien Aidelbaum, imprésario et coordonnateur du réseau de concerts alternatifs en région Scène 1425, et Andre Guerette, agent de booking de spectacles, qui épaule notamment Patrick Watson, Mac DeMarco, Arthur H et plusieurs autres.
Si ce «buzz» n’est pas toujours tangible – «Tu sais, ce “succès”… ça ne change pas grand-chose pour nous actuellement, financièrement parlant», tranche Maxime au passage –, il est bien évidemment apprécié par la troupe. «C’est quand même le fun de sentir que ça “pogne” un peu plus qu’avant alors que, pour nous, ça ne change rien, car on s’amuse toujours autant!» Arrivé au feu rouge, le musicien fera valoir que, justement, la mission première du Trouble – s’amuser – demeure le seul mot d’ordre au plan de carrière, en dépit d’un succès dépassant les frontières du Québec.
De l’importance de la magie
Fruit de la rencontre entre Veilleux et Michael Mooney, chanteur d’origine australienne qui travaillait au même studio de création de sonals, Le Trouble – complété par les musiciens Bao-Khanh «Kenny» Nguyen, Garrett Dougherty et Jesse Gnaedinger – est mené par un modus operandi simple, mais efficace: interpréter de la musique que les membres voudraient entendre à la radio. Exit, donc, les compositions aussi alambiquées que masturbatoires et place aux refrains accrocheurs, voire aux péchés mignons, histoire de se faire plaisir. «On ne se met pas de pression. On gagne déjà pas mal nos vies en faisant de la musique!» s’exclame Veilleux. «Avec Le Trouble, on voulait faire la musique qui nous plaît. On voulait faire ça pour les petits moments de magie qui tournent autour de la création musicale et qui se produisent, justement, quand tu t’amuses. On ne peut pas mettre d’objectif à ça. Ça serait un peu revenir à la musique qu’on nous commande si c’était le cas. L’objectif est donc de se faire du fun en espérant qu’il y aura de la magie et que ça va rapporter un peu!»
L’intimité avec le public > Manger une poutine près des Black Keys
Alors que la tournée estivale du Trouble est – essentiellement – un parcours des festivals les plus courus du Québec, le quintette ne se laisse pas emporter par les retombées potentielles de certains d’entre eux. Ainsi, bien qu’il reconnaisse le prestige d’Osheaga, Maxime avoue avoir davantage hâte de participer à des événements permettant une plus grande intimité avec le public, dont le Festival de musique émergente d’Abitibi-Témiscamingue, tout comme la prometteuse Grosse Lanterne. «L’expérience est plus conviviale dans ce genre d’événements», tranche-t-il avant d’ajouter qu’«Osheaga et les gros festivals du genre demeurent quand même le fun. Quand je l’ai fait avec Peter Peter, j’ai mangé une poutine à côté des Black Keys. C’est quand même drôle!»
Puis briser la mystique en une citation
Ayant tout d’abord lancé il y a deux années déjà Reality Strikes – le fameux EP qui aura marqué les bonzes de Lava Records –, le groupe ponctue sa tournée de moments pour répéter de nouvelles pièces à paraître sous peu. «On ne sait pas encore ce qu’on en fera lorsqu’on les aura enregistrées, par contre», laisse toutefois tomber Veilleux. «Lancer un album? Des EP? En écouler en singles? On se pose toujours la question», muse-t-il. En attendant, Le Trouble profite de la tempête et apprend des leçons au passage. «Ces shows ont fait en sorte qu’on paquette mieux notre stock maintenant. Mine de rien, ça nous laisse plus d’espace et ça fait en sorte qu’on se tombe moins sur les nerfs… quoiqu’on se pogne rarement en conduisant. Il y en a qui vont travailler sur leurs ordinateurs. Moi, je vais lire un livre et Michael va nous faire endurer un de ses audiobooks ou un long reportage de la BBC qu’il a enregistré.» Puis une pause, et Veilleux de conclure: «Wow! C’était sûrement le moment le moins rock de l’histoire, ça.»
—-
En prestation à Osheaga le 1er août à 13h à la Scène des arbres Galaxie. Programmation complète du festival à osheaga.com. Pour avoir plus de détails sur les concerts à venir de Le Trouble: facebook.com/letrouble.