Orkestar Kriminal au Festival de musique juive de Montréal : L’Chaim!
Le collectif «gangsta-folk» Orkestar Kriminal participe à l’édition 2014 du Festival de musique juive de Montréal. Entrevue avec la voix du projet: Giselle Webber.
C’est connu, Giselle Webber enchaîne les projets. Après avoir mené le regretté quatuor rock The Hot Springs, l’énergique chanteuse poursuivait avec un violon d’Ingres rap (Giselle Numba One), un groupe pop francophone (Gigi French), un passage au sein du combo rock à géométrie variable Red Mass, puis Orkestar Kriminal, un ensemble folk s’inspirant du klezmer-loshn, un argot yiddish utilisé par les klezmorims, des musiciens itinérants juifs marginaux du 19e siècle.
De la stigmatisation à l’inspiration
«Pour être totalement honnête, je crois que le projet a commencé pendant mon «incarcération»», confie-t-elle, en faisant référence à une expérience d’institutionnalisation forcée. «Se remettre d’une telle épreuve prend beaucoup de temps. Se sentir proscrite, rejetée du monde; sans compter la stigmatisation qui accompagne tout ça!» En 2012, la chanteuse et musicienne reprenait son courage à deux mains et obtenait une bourse pour participer à une retraite de Klezkanada, une organisation faisant la promotion de l’héritage culturel et artistique juif. «Il y avait un atelier sur les chansons yiddish du monde interlope. Après avoir appris quelques chansons du registre, l’envie de remonter sur scène m’est revenue. C’est ce qui est arrivé, deux semaines plus tard, avec des collègues de Gigi French!»
Deux années plus tard, Webber est mère et heureuse au sein de ses criminels qui comptent sur un maxi live bien reçu et de plus en plus de concerts à son actif, dont une participation très attendue à l’édition 2014 du Festival de musique juive de Montréal. «Comme nous interprétons des chansons en yiddish, le sens de ces belles paroles se perd souvent auprès de notre public, malgré mes mimiques et gestes théâtraux! En jouant à ce festival, on aura une belle occasion de se faire entendre, mais aussi de se faire comprendre par un plus grand nombre de personnes qui comprennent cette langue!»
Puis, des albums en série
Non contente de renouer avec la scène, Webber travaille également sur deux enregistrements à venir en compagnie de ses sbires.
Ainsi, Gigi French refera bientôt surface sous une nouvelle formule plus swing et où les chœurs prendront plus de place. «À ce jour, on a une quinzaine de pièces plus enjouées – et même plus politisées! – que ce qu’on retrouvait sur Cannelle, paru il y a quelques années», commente-t-elle.
Du côté d’Orkestar Kriminal, les loubards repousseront – encore une fois – leur zone de confort. En plus de réinterpréter un répertoire pas piqué des vers, l’ensemble s’apprête à entrer à l’Hotel2Tango en compagnie d’Howard Bilerman (ingénieur de son qui a également collaboré avec Arcade Fire, Godspeed You! Black Emperor et plusieurs autres) pour travailler sur un premier album… produit dans la tradition des enregistrements des années 20. «Tout est capté par des micros à ruban placés stratégiquement. Le mix se fait donc en temps réel et en disposant les musiciens à différents endroits du studio. Ce qui veut aussi dire que la voix doit être enregistrée en même temps que les instruments et qu’on n’a pas droit aux overdubs», conclut-elle – petit cri de panique à l’appui – tout en glissant que l’œuvre paraîtra au printemps en vinyle et sur Sainte-Cécile, l’étiquette numérique de Dare To Care.
Le Festival de musique juive de Montréal se tient du 24 au 28 août. Programmation complète sur montrealjewishmusicfest.com.