30e anniversaire de l'étiquette indépendante : Audiogram en trois temps
Musique

30e anniversaire de l’étiquette indépendante : Audiogram en trois temps

Au cours des trente dernières années, l’industrie du disque a dû sans cesse s’adapter à un marché où les règles changent perpétuellement. Le fondateur d’Audiogram, Michel Bélanger, aura réussi à traverser toutes ces tempêtes en respectant sa ligne de conduite de départ: établir un lien de confiance avec les artistes.

Il y a déjà trente ans, Michel Bélanger se lançait dans l’ambitieux projet de fonder une maison de disques. Alors que Bélanger brosse un tableau des débuts d’Audiogram, on a une curieuse impression de déjà-vu quant à la situation du marché du disque qui régnait à l’époque: «Quand j’ai ouvert mon label, l’industrie du disque n’allait vraiment pas bien. Les disques ne se vendaient plus et le prix de détail était au plus bas. Les revenus n’étaient plus là, mais je me suis quand même lancé. C’était dramatiquement important pour moi au sens où il fallait que le fasse.»

Pendant les années qui ont précédé la fondation d’Audiogram, Michel Bélanger a œuvré en tant que promoteur pour d’autres artistes. Ayant remarqué quelques lacunes quant à la mise en marché des albums, Bélanger décide alors de miser davantage sur la production plutôt que sur la promotion. Cette prise de position se révélera gagnante: «Le premier album sur lequel j’ai travaillé, c’était Paul Piché. Il a eu le courage de nous accompagner dans l’aventure. On était à une époque où les gens vendaient de 2 000 à 3 000 albums et là, avec Paul Piché, on avait réussi à atteindre 30 000 copies vendues, et ce, en peu de temps.»

La lancée d’Audiogram s’amorcera ainsi et elle se poursuivra avec les disques de Richard Séguin, Laurence Jalbert, RBO et Michel Rivard. Ce dernier vendra notamment plus de 200 000 exemplaires d’Un trou dans les nuages. Parmi les grandes surprises d’Audiogram, l’énorme succès entourant le premier album de Lhasa de Sela aura été plutôt inattendu.

La tempête numérique

De toutes les crises avec lesquelles l’industrie du disque a dû composer, l’arrivée du numérique aura été sans doute la plus impitoyable. Aux dires de Michel Bélanger, chaque décennie aura eu sa tempête. «Il y a comme eu trois crises dans leur genre en trois décennies. Mais la dernière est assez exceptionnelle. La musique circule comme jamais. Elle est écoutée et produite, car les moyens de production appartiennent de plus en plus aux musiciens et aux créateurs. Tout ça, c’est merveilleux. Maintenant, la nouvelle économie fait que la répartition est moins équitable.»

Selon Michel Bélanger, les enjeux qui devront être débattus afin d’assurer la survie de l’industrie du disque iront désormais bien au-delà de la mise en marché. En effet, cette industrie réside maintenant dans une négociation des droits et non plus du matériel.

Enfin, rappelons qu’afin de célébrer son trentième anniversaire, Audiogram lance l’album Trente, une compilation réunissant des relectures dépouillées des grands succès de la maison de disques. En magasin dès le 9 septembre.