Une des têtes d’affiche de POP Montréal : Against Me!: requiem pour une ado de 13 ans
Parmi les têtes d’affiche de POP Montréal, on retrouve le combo punk rock Against Me! aperçu il y a quelques semaines à peine à Osheaga. Retour sur le succès inespéré de leur plus récent album Transgender Dysphoria Blues.
Laura Jane Grace revient de loin. En 2012, le chanteur d’Against Me! Tom Gabel confiait à Rolling Stone qu’il était transgenre et emprunterait désormais le nom de scène Laura Jane Grace. L’année suivante, la troupe de choc perdait deux membres: le batteur George Rebelo et le bassiste Andrew Seward, à bord de l’équipage depuis une décennie. À l’époque, Grace avait déclaré en entrevue que l’idée de faire de la musique sous l’égide Against Me! lui semblait de plus en plus ridicule. Puis, en janvier dernier, Against Me! dévoilait finalement Transgender Dysphoria Blues, une œuvre aussi abrasive que personnelle et abordant un sujet tabou: la dysphorie de genre, un trouble de l’identité sexuelle hantant Grace depuis l’enfance.
Aujourd’hui, l’album profite d’un succès critique et populaire considérable, alors que Laura Jane Grace, elle, est connue à titre de rock star, certes, mais également d’icône transgenre.
«Oui, j’ai réalisé que j’ai maintenant une plateforme qui déborde de la scène», confiait-elle en coulisse à Osheaga, ruisselante de sueur et sourire aux lèvres, quelques minutes à peine après la prestation de son groupe. «Si raconter mon histoire peut aider des gens, tant mieux, car ça me fait du bien à moi aussi.» Une gorgée d’eau plus tard, l’artiste dira toutefois qu’elle s’efforce quand même de garder la tête froide. «Cette attention me touche énormément, mais je n’ai pas toutes les réponses et je ne prétends pas les avoir non plus. J’essaie seulement de faire mon chemin!»
Ainsi, la chanteuse ne s’assoit pas sur ses lauriers. Autant en arrière-scène que sous les feux.
Bien que la perte de Rebelo et Seward était, évidemment, malheureuse, Grace se réjouit aujourd’hui de l’apport de leurs successeurs: le batteur Atom Willard (qui a notamment épaulé The Offspring, Danko Jones et Social Distortion) ainsi que le bassiste Inge Johansson (qui s’est distingué au sein des formations cultes Refused et The (International) Noise Conspiracy).
«Collaborer avec ces gars – qui ont joué avec plusieurs groupes que j’adore en plus d’être des musiciens hors pair – fait en sorte que je ne sens plus qu’Against Me! est sur une pente descendante vu qu’on a perdu des compagnons de longue date, mais bien qu’on monte toujours, qu’on pourrait se retrouver parmi les grands!» Lorsqu’on ajoute que, du jour au lendemain, Against Me! est passé de quatuor punk à l’avenir incertain à véritable «équipe étoile», Laura Jane Grace rigole. «On pourrait dire ça aussi!»
Lors de la fameuse entrevue avec Rolling Stone, Laura Jane Grace confiait que certaines des premières pièces d’Against Me! faisaient référence à sa dysphorie sans toutefois l’aborder de front, de peur de la réaction d’un pan machiste de la communauté punk. Des mois après avoir finalement couché sur papier cette douloureuse «période de transition ingrate» – pour reprendre ses mots –, Grace la revisite soir après soir, ville après ville, avec satisfaction. «C’est toujours aussi libérateur de chanter ces chansons. De plus, il y a de ces moments, comme interpréter True Trans Soul Rebel et gueuler « Does God bless your transsexual heart, True Trans Soul Rebel? » devant une foule qui chante chaque mot avec la même fougue que moi, qui font que…»
Puis, une pause, une autre gorgée, et la chanteuse de conclure: «L’ado de 13 ans en moi aurait aimé vivre des moments comme ça à l’époque! Ça fait du bien. C’est très cool, même!»
En concert le 18 septembre au Métropolis en première partie de Gaslight Anthem et Twopointeight. Détails sur popmontreal.com