Death From Above 1979 : Morts vivants
Musique

Death From Above 1979 : Morts vivants

Le duo dance punk explosif Death From Above 1979 revient à la vie. Autopsie d’un retour inespéré.

Des années après la rupture désastreuse et prématurée du ô combien volatile combo, le batteur et chanteur Sebastien Grainger n’a rien perdu de sa superbe. «Je suis plus excité, voire confiant, qu’apeuré maintenant», lance-t-il d’emblée en abordant le tout nouvel album de la formation (The Physical World, en magasin depuis le 9 septembre) ainsi que les concerts l’accompagnant. «L’album est prêt depuis très longtemps alors nous avons déjà traversé toute la gamme d’émotions entourant la parution d’un nouveau disque : aimer le nouveau matériel, puis en douter, le détester et finalement recommencer à l’apprécier à nouveau, etc. En fait, j’ai surtout hâte que les gens puissent finalement l’écouter parce que, à mon humble avis, c’est “différent”. Ce n’est pas que du bruit. Ce n’est pas que des mégaoctets qui vont se perdre sur un ordinateur ou un téléphone portable! C’est un vrai de vrai album.»

Formation propulsée dans la stratosphère via la blogosphère au début des années 2000, Death From Above 1979 allait imploser en 2006 après moult prises de bec entre Grainger et son frère d’armes Jesse F. Keeler. Quatre années plus tard, les musiciens revenaient sur leur décision pour une poignée de prestations. Puis, avance rapide jusqu’en septembre 2014 où le groupe accompagne une nouvelle série de spectacles d’un album qui — selon les dires d’un des principaux intéressés — tient carrément de la mise à jour.

DFA1979 2.0

«L’avantage d’écrire et d’être dans ce groupe maintenant, c’est qu’il a un certain historique. Il a même existé alors que ses membres n’étaient plus dedans, en fait!» , muse Grainger en abordant l’écriture de The Physical World. Si les balbutiements de Death From Above 1979 tenaient davantage de l’improvisation — pour reprendre l’expression de Sebastien —, cette refonte est loin de s’en détacher et va même jusqu’à l’épouser. «Nos premiers enregistrements sont donc devenus l’ADN des nouveaux; le point de départ si on veut.» Ainsi, pas question d’ajouter des fioritures tendance. Bien au contraire. «Ce groupe a vraiment un “filtre” spécifique qui est le fruit de notre collaboration. Bien sûr, on pourrait ajouter quelques éléments électro pour faire joli, mais pousser trop loin dénaturerait le projet!»

On s’en doute, les DFA ne se sont pas lancés dans The Physical World sur le pilote automatique. Lorsqu’encouragé sur la démarche empruntée pour ce nouvel album, Grainger rétorque que «Le seul mot d’ordre était de s’encourager l’un, l’autre à écrire le meilleur matériel possible… ce qui a aussi fait en sorte que nous étions plus critiques de notre travail qu’auparavant». Mine de rien, les années — et les moult projets solos des compères — ont fait en sorte que les musiciens sont devenus des producteurs aguerris. «Aller du point “A” au point “B” ou “C” d’une chanson est maintenant un processus plus étudié chez nous alors qu’auparavant, on procédait davantage par essais et erreurs. Nous sommes passés de “Ouin, c’est pas mal” à “C’est bon, mais cette partie-là de la chanson doit vraiment être retravaillée.”» Bien que le ton pouvait monter en studio, Sebastien assure que les crises potentielles ont rapidement été désamorcées. «Heureusement, nous sommes plus critiques, mais aussi plus encourageants l’un envers l’autre!»

De l’importance d’un pare-feu

Artiste quasi-ergomane, Sebastien Grainger n’a pas chômé entre les deux vies de Death From Above. En plus de remixer des pièces de contemporains, le chanteur et musicien cumule les collaborations ainsi que les violons d’Ingres. Il ne cache pas que les projets à venir de DFA1979 écarteront ces autres passions pour un bon moment. «Pour tout te dire, j’ai surtout lancé cet album solo en novembre dernier pour en finir avec ces chansons qui m’habitaient depuis un moment et afin de faire de la place pour le ‘retour’ de DFA. Je doute que je puisse m’y remettre de si tôt — car, contrairement à MSTRKRFT [NDLR : le duo électro de Jesse F. Keller], je dois trouver plusieurs musiciens pour enregistrer, m’accompagner, etc.» Bien qu’ils ne seront plus à l’avant-plan, Grainger conclut que les aspirations solos des compères demeureront bien présentes; car elles font en sorte que DFA1979 conserve sa fameuse force de frappe. «Si on n’avait pas ces « échappatoires », je crois que nos aspirations folk, rock, pop ou encore électro pourraient se retrouver en filigrane de pièces du groupe; ce qui gâcherait sûrement la sauce!»

En concert à Laval le 12 septembre à L’Espace Montmorency de Laval en compagnie de Metric, Neutral Milk Hotel et plusieurs autres. Détails sur mrcyblockparty.com.