Videoville : Prière de rembobiner
Musique

Videoville : Prière de rembobiner

Le projet post-rock instrumental Videoville se fait plus éclaté et moins psychotronique sur IV, son nouvel album. Entretien en «questions-et-réponses-o-scope».

À défaut d’une meilleure expression : est-ce qu’il y avait un «plan de match» pour IV? Un «retour aux sources» annoncé par la mise en ligne d’Avant Richard Séguin [un album auparavant retrouvé que sur leur page MySpace] sur Bandcamp l’année dernière? Est-ce, au contraire, un désir «d’aller voir ailleurs» ou de juste finalement enregistrer les compositions que vous aviez en tête à l’époque?

On pense qu’on s’est juste dit : on va faire de la musique pour avoir du fun. 

Même si parfois notre musique a l’air assez complexe, au fond ce qu’on fait est très peu planifié. On pense que pour IV, comme pour les autres albums, on essayait justement de penser le moins possible; de se mettre presque en mode primitif. Moins on se pose de questions, mieux on arrive à créer.

Aussi, on a peut-être laissé tomber le côté «il faut remplir la toune de millions de bridges parce qu’on n’a pas de dude en avant qui chante», mais ça a plutôt été inconscient.

Peut-être que ce n’est que ma compréhension de l’œuvre, mais j’ai comme l’impression que IV est votre album le plus «diversifié» à ce jour. Bien que relevant toujours du post-rock, j’ai l’impression qu’on y retrouve davantage d’ambiances. On entend des cuivres sur des pièces comme TÛT EST DANS TÛT et on retrouve même une ballade (Godspeed! Caisse de dépôt et placement). C’est bien le cas? Si oui, pourquoi? Expérimenter? Voire ratisser plus large?

Euh… on ne sait pas! On pense que la diversification se fait vraiment naturellement quand on « jamme » par rapport à ce que chacun peut apporter comme saveur à la toune. Aussi, on a des influences vraiment larges qui ne sont pas nécessairement les mêmes pour tous les trois. Ça repousse donc les limites de nos compositions.

Pour ce qui est des ambiances, on en profite parce qu’étant donné que nous produisons et enregistrons nous-mêmes nos albums, on peut s’en permettre plus que si nous étions en studio, là où il y a des contraintes de temps et de budget. Aussi, on pense que l’idée de Videoville est de faire des pièces qui évoquent des scènes «cinématographique» et, donc, les ambiances viennent ajouter à l’imagination de ces scènes quand on écoute.

Peut-être que ce qui est différent pour cet album, c’est qu’on a remplacé des sons de synthétiseurs et de piano par du saxophone et des chants d’oiseaux.

Question au sens large, mais je me risque quand même : qu’est-ce qui a inspiré IV? Des moments clés? Des images «cinématographiques»? Est-ce le fruit de vos fameux jams? Un peu de tout ça?

On compose vraiment les pièces les trois ensemble. Des fois, l’un d’entre nous arrive avec une idée générale d’un riff ou d’un beat et, finalement, tout le monde y met du sien et ça change complètement la direction. D’autres fois, on fait juste improviser et «jammer» puis, à un moment donné, il y a un p’tit bout vraiment bon qui en ressort pis on décide de faire une toune avec… si on est capables… 

Nos inspirations : The Edge, Claude Dubois, Sylvain Cossette, Marc Hervieux et Radio Laval sur le AM.

En parlant d’inspiration, lors du Printemps érable, on vous a vu livrer un sympathique concert de perron pour encourager une manifestation. Juste par curiosité, est-ce que ce fameux esprit de révolte a eu un impact quelconque sur IV?

On est des punks!

Haha, non, mais, en fait, nous étions fâchés de la situation pis pas seulement du côté économique de la chose, mais plutôt par la manière dont les négociations étaient faites.

À savoir si l’album à été influencé par ça, on dirait que non. En fait, c’est surtout ce que nous vivons chacun dans nos vies respectives qui influencent les pièces. Donc, il y a plusieurs émotions qui se retrouvent dans notre musique.

Nous sommes trois dudes qui veulent surtout faire du bruit, que ce soit sur un album, live ou sur un balcon.

Du bruit… pis des cupcakes des fois.

Les titres de vos nouvelles pièces suscitent moins le cinéma 80’s. Est-ce voulu ou c’est juste arrivé comme ça?

Un peu des deux.

La plupart des titres ont été trouvés à 4 h du matin dans un élan d’insomnie, mais le terme «vidéo» peut ratisser plus large. De films à série télés de marde en passant par des pubs ou encore des entrevues avec certains chanteurs… c’est voulu dans ce sens-là.

On pourrait te bullshiter en te disant que les titres on une signification intrinsèque associée aux différents mouvements des pièces dans un élan de Zeitgeist postmoderniste de flafla, mais c’est vraiment juste des points de repère pour un band qui ne veut pas appeler toutes ses tounes Nouvelle 1, Nouvelle 2, etc. Quoiqu’en y pensant, on va nommer notre prochaine compo : Élan de Zeitgeist postmoderniste.

IV sera également accompagné d’un support VHS. Question un peu prévisible, mais bon : pourquoi? Un pied de nez aux tripeux de cassettes audio? Un désir de s’inscrire dans cette mouvance d’offrir une œuvre sur un support plus tangible que le CD, genre?

Live, on a souvent des projections : des montages faits de différents films pour accompagner la musique. On s’est dit que ça pourrait être le fun de rendre ça disponible. Et, puisque le VHS est une de nos obsessions, c’était juste logique que ce soit ce format-là. Plus que la cassette audio, mettons.

Ça ramène aussi à l’époque où les bands sortaient des VHS de trucs live ou de « behind the scene » que tu ne trouvais nulle part parce que la copie au Underworld était vendue. 

Est-ce que la VHS complète IV? Est-ce que les images ont inspiré certaines compositions ou c’est deux projets parallèles qui, en fin de compte, se marient bien?

Ça rajoute, on dirait, mais c’est la musique qui est importante et c’est elle qui décide quelle image se marie bien avec. Mais vu qu’on ne voulait pas juste faire une VHS de 30 minutes, on a rajouté des extraits live, des bouts de compos inédites, des extraits de films, de télé et de pubs, pour rendre le tout intéressant. Ça représente bien le band et ses obsessions.

Dernière question, et c’est une classique : à quoi doit-on s’attendre au-delà du lancement? Tournée à venir? Vidéoclips? D’autres projets?

Peut-être un vrai vidéoclip et des dates en régions pour le futur! Sinon continuer de s’amuser et de ne pas trop planifier. Peut-être jouer live à Cap sur l’été l’année prochaine, ou faire un album de covers de tounes 70’s… Euh, attends un peu!?

Lancement le vendredi 26 septembre au Café Atomic (3606 Ontario Est). Page Facebook de l’événement.