Warpaint : Armistice pour Warpaint
Musique

Warpaint : Armistice pour Warpaint

10 ans après sa création, le projet rock alternatif californien Warpaint est en paix avec lui-même.

«Désolé d’avance si j’ai l’air dissipée par moments, je fais l’entrevue de ma voiture!», lance d’emblée Stella Mozgawa, batteuse du groupe, d’un ton rieur. À l’image de son instrument, la musicienne australienne en poste chez Warpaint depuis cinq années répondra finalement du tac au tac et avec le sens du «punch».

«Pour être totalement franche, nous sommes en confiance depuis un bon moment déjà avec cet album!», fait-elle valoir en revenant sur l’esprit du moment dans sa troupe, des mois — et de nombreux concerts — après la parution d’un deuxième CD homonyme. «En fait, avant même de lancer le disque en janvier dernier, on jouait de nombreux extraits depuis plusieurs mois déjà. On maîtrisait donc ces nouvelles pièces depuis un bon moment et les réactions du public et de certains critiques étaient plutôt positives. Je crois que nous sommes dans la fameuse dernière ligne droite en ce moment : on sait à quoi s’attendre. Autant sur scène que de l’autre côté!» 

Album souvent considéré plus original que The Fool (2010), leur LP précédent, Warpaint — le disque — a quand même son lot de détracteurs…, dont Stella Mozgawa! «Je n’irais pas jusqu’à dire que c’est une œuvre plus ambitieuse que la précédente», tranche-t-elle, pince-sans-rire. «On se disait plutôt qu’on allait essayer de nouveaux trucs ensemble et c’est tout. Personne ne s’est dit “Faisons une meilleure œuvre”, “allons dans une autre direction” ou un truc du genre. Peut-être pour le prochain, mais pour celui-ci, on voulait surtout pousser plus loin toutes ces idées de chansons notées pendant nos récentes tournées.» C’est donc dans un esprit de collégialité et d’expérimentations que le quatuor s’est lancé dans cette production; la première avec la formation actuelle du projet, d’ailleurs.

Une époque excitante où tout le monde a tort!

Warpaint n’a toutefois pas récolté que des lauriers au fil de l’année. Il y a quelques mois, le groupe rock féminin a eu maille à partir avec un journaliste du magazine Q — puis une certaine grogne en ligne — qui aurait mal cité des propos de la chanteuse Theresa Wayman; faisant en sorte qu’une parenthèse sur de récents clips plutôt olé olé de Rihanna et Beyoncé a été perçue comme une attaque en règle. Lorsqu’on lui demande si les musiciennes sont jugées plus sévèrement que leurs comparses au chromosome XY, Mozgawa ne bronche pas. Elle étonne même. «Je ne crois pas. En fait, il y a de nombreux avantages à être une musicienne. De plus en plus de voix féminines s’élèvent et — mieux encore — elles sont entendues. C’est aussi le cas en musique. Peu importe le statut — artiste sur une étiquette majeure ou pas —, plusieurs plateformes sont maintenant à notre disposition pour se faire entendre.»

Bien qu’elle se dit embêtée par la question — non pas à cause de l’article de Q, mais par sa complexité —, la batteuse poursuivra tout de même et ajoutera : «Je crois que c’est une période excitante pour être musicienne alors que de plus en plus de stéréotypes volent en éclats. Par exemple, pour chaque article sur le rôle minimisé des femmes dans cette industrie, on trouve une chronique soulignant plutôt leur apport au sein de celle-ci, etc.» Un «échange» qui, elle en convient, peut envenimer certaines situations. «Ainsi, comme il y a autant d’exemples que de contre-exemples, quelqu’un va toujours prouver à l’autre qu’il a tort. Bref, tout le monde a tort et a raison!», s’exclame-t-elle.

Pertinence à Tokyo

La légende veut que la première formation de Warpaint ait inauguré le projet un soir de Saint-Valentin de 2004. Est-ce que le quatuor a souligné ses noces d’étain cette année? Oui et non. 

«Nous étions en tournée à cette époque. Nous étions à Tokyo ce soir-là, il me semble», se rappelle Mozgawa. «Il n’y a pas eu de bilan de carrière — et il n’y en a toujours pas eu! —, mais je me rappelle que nous étions particulièrement heureuses de souligner un 10e anniversaire alors que le projet n’est pas du tout dans la nostalgie et est toujours “pertinent”. J’veux dire, nous avons célébré ça après un concert à Tokyo. Faut avoir le vent dans les voiles pour faire ça, non?»

En concert au Théâtre Corona Virgin Mobile le mardi 7 octobre. Détails et billets ici.