Push & Shove : Brasser le statu quo
Nouvelle venue dans la faune musicale montréalaise, la boîte de production de concerts Push & Shove se distingue en organisant des événements plus inclusifs.
Quelque chose se trame dans le mosh pit.
Cet été, les organisateurs de la tournée pop punk nord-américaine Warped Tour demandaient aux fans de ne plus se bousculer lors des concerts, prétextant qu’une éventuelle poursuite pour blessure grave pourrait mettre un terme à l’aventure. Quelques mois plus tard, la formation Joyce Manor mettait un haro sur le stage diving lors de ses prestations avec une raison plus noble: en plus du risque, la pratique et l’agressivité l’entourant embêtent certaines mélomanes.
Puis, plus près de chez nous, Demi Bégin et Bianca David – deux mélomanes diplômées en journalisme de l’Université Concordia – inauguraient récemment Push & Shove, une compagnie organisant des concerts punk chapeautés par une démarche favorisant la promotion de toutes identités. Ainsi, autant les hommes que les fanas de musique femmes, transgenres, gais, hétéros et compagnie sont invités!
«J’ai remarqué que d’autres petits promoteurs le font», fait tout d’abord remarquer Demi. «C’est juste que, pour nous, c’est notre mandat. C’est toujours conscient quand on programme nos concerts. Il doit toujours y avoir une présence féminine ou encore LGBT [sur scène]», poursuit-elle tout en mentionnant que le duo s’inspire également du mouvement féministe Riot grrrl des années 1990… à une différence près. «Personnellement, je n’ai pas de problème à dire que je suis féministe, mais le mot est malheureusement parfois accompagné d’une réaction négative», poursuit Bianca. «Le mot n’est pas promu, mais l’esprit y est.»
Les compères mettent donc le terme «inclusion» de l’avant… et le mettent en pratique des deux côtés de la scène.
Réunir les différences
Fan des musiques plus tonitruantes – «le noise, le punk, le metal, etc.», énumère-t-elle au passage –, Demi Bégin remarquait que ces genres attiraient un public et des artistes presque essentiellement masculins. «Bien souvent, quand j’allais à des concerts, j’avais l’impression que c’était toujours des bands de gars et le public était majoritairement masculin», se rappelle-t-elle en revenant sur les fondements de Push & Shove. «De plus, [l’atmosphère] était assez rough. L’aspect moshing était incroyablement intimidant si tu étais la seule fille là.» Le constat pouvait même devenir lourd par moments, se rappelle-t-elle. «J’avais l’impression d’être plus ou moins à ma place là, en tant que femme. [De plus,] c’est un milieu difficile à percer quand tu es un groupe féminin. Bref, je trouvais qu’il manquait de place pour la gent féminine et les autres groupes qui n’étaient pas entièrement masculins. On avait juste envie de quelque chose d’un peu différent par rapport à ça.»
Bianca, qui est également chef de la section musique de Forget The Box, souhaitait également que Push & Shove contribue au décloisonnement des différentes scènes musicales de niche de l’île. «Il y a plusieurs petites scènes musicales à Montréal et celles-ci ne communiquent pas toujours ensemble. C’est des petites communautés. Je me disais que ça serait cool de les mélanger davantage; avoir un concert réunissant un groupe heavy et un groupe punk qui ne se connaissent pas déjà, par exemple.»
Et, à ce jour, l’idée est plutôt bien reçue.
Outre quelques revers – «Certains artistes nous ont répondu avec indifférence ou ignoraient nos courriels. Mais nous ne sommes pas un cas unique, ça nous arrivait aussi lorsqu’on organisait nos premiers shows chez POP Montréal», glisse Demi –, on rapporte que les premiers événements de Push & Shove se sont déroulés rondement. Tellement que la paire cumule de plus en plus de concerts en plus de plancher sur d’autres projets.
Ainsi, le 7 novembre, Push & Shove tient un concert au Cabaret Playhouse réunissant Animal Ethics, Das Rad et Balltripper. Le lendemain, l’équipe se déplace au Cagibi et rassemble Motherhood, Smokes et No Aloha. Quelques jours plus tard, le jeudi 20, Bianca David et Demi Bégin organisent le lancement d’une nouvelle parution du combo local Nancy Pants (le 20 novembre au 185 Van Horne).
Puis, en revenant sur le mot d’ordre de sa création, Demi conclut, sourire aux lèvres, que «nous, notre mandat, il est conscient et est représenté dans notre programmation. Si les garçons et les filles qui se rendent à nos événements passent un bon moment sans se sentir intimidés, notre travail est fait!»
Pour avoir plus détails sur la mission et la programmation de Push & Shove: pushandshovemtl.com