Femme Accident : Sans compromis
Musique

Femme Accident : Sans compromis

Le trio rock aux tendances shoegaze Femme Accident propose Hum, sûrement l’œuvre la plus étoffée de sa discographie. 

Au risque d’abonder dans la fioriture, notons tout de même que la carrière du projet montréalais est, à ce jour, à l’image de sa musique: abrasive, grisante… et inclassable!

Depuis 2010, ce collectif quand même discret, formé par la chanteuse, bassiste et claviériste Sophie Montpetit, le guitariste Benjamin Deshaies ainsi que le batteur Jonathan Guilbeault, tisse une toile qui l’a mené sous les feux de Montréal, mais aussi de Québec, Saint-Hyacinthe (!), Ottawa et Toronto. Au gré des parutions de ses deux premiers albums autoproduits, le combo s’est distingué dans le cadre de vitrines enviables (POP Montréal, le Pouzza Fest ainsi que le Canadian Music Week) en plus de partager la scène avec des sensations de la trempe de Solids et Bleached. Comme si ce n’était pas assez, quelques médias (autant Cult MTL que Nightlife… en passant par Voir) ont mentionné le groupe culte My Bloody Valentine à titre référentiel lors de critiques des œuvres de Femme Accident.

De la crainte des genres

Bien que Montpetit et Deshaies se disent flattés par les comparaisons, ils sont quand même surpris d’être rapprochés de chantres du shoegaze. «Je suis à l’aise avec l’étiquette, mais pour moi, ça n’en est pas», tranche le guitariste entre deux lampées de sa pinte au Bar Populaire. «Pour moi, ce n’est que du rock. D’accord, nous sommes branchés un peu shoegaze et il y a toujours une ou deux tounes par album qui en relèvent, mais j’ai parfois l’impression qu’on serait, en fait, plus pop si l’on enlevait la distorsion!», ajoute-t-il avant de mentionner que leurs références du moment sont plus contemporaines – il sera notamment question des Dum Dum Girls – qu’ancrées dans les années 1990.

Sophie opine. «C’est difficile de se classer shoegaze quand on a tellement d’influences. Moi, par exemple, j’écoute davantage de rock garage…», confie celle qu’on a également vue au sein du projet rock The Peelies et du collectif plutôt shoegaze (!) Vicious/Delicious. «On ne se dit pas « il faut faire telle chanson dans tel genre », mais on se prévient quand même lorsqu’une pièce semble devenir trop pop à notre goût. C’est ce qui est le fun avec un groupe au nombre impair. Quelqu’un va toujours trancher!»

Entre la ballade et «la toune qui te déchire le tympan»

Troisième parution en quatre années d’existence, Hum est la première à paraître sur une étiquette de disques – la version numérique de l’œuvre est supportée par Sainte-Cécile, label chapeauté par Grosse Boîte et Dare To Care – en plus d’être la création la plus «plus» du lot selon les principaux intéressés.

«Plus de temps, plus d’efforts, plus d’énergie et plus d’argent aussi!», énumère Deshaies, amusé. Alors que Femme Accident a enregistré ses albums précédents à brûle-pourpoint dans un local de répétition réaménagé pour l’occasion, les compères ont opté cette fois-ci pour une expérience en studio… et les délais venant avec. «Au départ, on devait le faire en novembre 2013, mais on l’a finalement commencé en mars 2014. Ça nous a donc donné cinq mois de plus pour nous préparer. On s’échangeait constamment des courriels dans lesquels on s’envoyait des idées d’influences, d’ambiances et d’arrangements pour chaque chanson.» «Ce à quoi l’on ne pensait pas trop auparavant!», observe Sophie, faisant ensuite valoir que les compositions étaient précédemment créées qu’en répèt’ et développées au gré de leurs humeurs. «C’est très rare que quelqu’un se ramène avec un bout de toune déjà tout prêt, poursuit-elle. Quoique Joe va parfois arriver avec des beats entendus ailleurs et avec lesquels il veut expérimenter.» Benjamin intervient: «Mais personne n’impose sa vision aux autres. Ce n’est pas The Smashing Pumpkins, ici!»

Seule constante, donc: un goût prononcé pour l’hétérogénéité. «On voulait que chaque chanson soit différente», tranche Benjamin. «Un peu comme Yo La Tengo le fait: une toune qui peut te déchirer le tympan peut être suivie par une ballade où la fille chante qu’en s’accompagnant à la batterie! etc. C’est pourquoi, à la fin, on hésite toujours quand vient le temps de nommer l’album!»

D’où le titre de Hum, finalement.

Lancement de l’album le 21 novembre à la Brasserie Beaubien. Détails facebook.com/femmeaccident