Juulie Rousseau : Voyage, musique et spiritualité
Après trois années de travail, Juulie Rousseau dévoile un deuxième album, Landscape, aux couleurs folk-pop influencées par les musiques et chants de Mongolie.
Inspirée par ses nombreux voyages, Juulie Rousseau s’est construit un monde musical aux frontières de la pop, du folk et des influences des chants et des peuples nomades. Après avoir livré un premier album en 2010, Comme le monde, à l’âge de 18 ans, Rousseau – qui s’est également fait remarquer à Petite-Vallée, a monté un projet lui permettant de se rendre en Mongolie. Une première bourse LOJIQ reçue en 2011 lui a permis de concrétiser ce souhait : «J’avais monté un projet qui était beau sur papier, mais la musique était comme un prétexte. J’étais intéressée par les chants harmoniques, mais je ne savais pas du tout ce que ça allait donner. J’étais surtout intéressée par les chants diphoniques et les paysages; le mode de vie nomade.»
Quelques prises de contact et visites plus tard, Juulie Rousseau enregistre avec des musiciens mongols d’expérience à Oulan-Bator, principalement, et dans les steppes mongoles. «Je suis repartie de là avec plein d’enregistrements et plein d’inspiration. J’ai vraiment écrit de nouvelles chansons à mon retour.» En 2012, elle fait une nouvelle demande de bourse, l’obtient, et repart vers la Mongolie pour y faire de nouveaux enregistrements, mais aussi prendre des photos et filmer quelques vidéos qui inspireront son travail.
Lors de ses passages en Mongolie, le coup de foudre se fait sentir : elle fait ses premiers pas avec la langue mongole et y apprend les rudiments du chant diphonique. «Mon but n’était pas tant d’aller l’apprendre. J’ai pris quelques cours, mais ça reste un chant qui est plutôt réservé aux hommes, en Mongolie, donc c’est un peu particulier de vouloir apprendre ça en tant que femme.»
D’emblée, Juulie Rousseau précise que les chansons de Landscape qui ont été tirées de ce voyage sont loin d’être de la fusion, mais plutôt «des couleurs qui sont mises sur [sa] musique». Alors que le système musical mongol ne diffère pas tellement du nôtre, la musicienne note que si son approche de la musique n’a pas été modifiée par le côtoiement avec les musiciens mongols, sa façon de communiquer avec les autres musiciens, elle, s’est sans doute transformée : «On ne parlait pas la même langue, là-bas. Il y a plein de musiciens avec qui j’ai joué qui ne communiquaient pas vraiment, à part, par la musique. Ça a été super touchant, parfois confrontant. Quand on se mettait à improviser ensemble, sans parler la même langue, c’était vraiment beau, mais je dirais que j’aimerais vraiment, à long terme, faire des collaborations, des projets, avec des musiciens d’autres cultures.»
Rapidement, la jeune musicienne a développé un désir de vivre dans ce pays de vent et de peuples nomades : «La Mongolie, je savais que j’allais m’y sentir chez nous avant même d’y aller. J’ai voyagé beaucoup, et la Mongolie, c’est vraiment un pays où j’aimerais aller vivre.»
Après la Mongolie, Juulie Rousseau n’avait certes pas terminé son exploration du monde et de la musique. C’est en Iran qu’elle s’est ensuite déplacée, découvrant du même coup les ramifications de la musique perse en côtoyant des musiciens, en sol iranien, façonnant du même coup son prochain projet musical. Récipiendaire d’une bourse du CALQ, la musicienne ne chôme pas et se penchera sur ce prochain projet plus tôt que tard : «Je me rends compte qu’en Mongolie, ce sont des gens vraiment simples et c’était correct de faire ça. Ils aiment la musique pop, et les Beatles. Mais la musique perse, c’est vraiment plus sophistiqué et c’est de la musique plus ancienne. J’ai envie d’essayer de faire plus de fusion et non pas juste de prendre des couleurs. Je ne regrette pas le projet en Mongolie, mais si je pouvais en refaire un, j’irais écrire sur place, composer avec des gens de la place.»
Musique et spiritualité
Si le mélange et les influences des genres musicaux plaisent tant à Juulie Rousseau, c’est que les musiques qu’elle adopte sont teintées de spiritualité. C’est en Inde que tout s’est déclenché, après un passage à vide musical : «J’avais arrêté de faire de la musique. J’avais comme une relation étrange avec la musique.» En Inde, elle effectue des retraites et visite des monastères. Si elle admet candidement que la religion a toujours fait partie de sa vie, c’est cette quête perpétuelle de la spiritualité qui motive en grande partie son travail musical et c’est ce qu’elle recherche aussi dans ses voyages, autant en Inde, qu’en Mongolie, qu’en Iran ou à travers ses projets avec les peuples autochtones locaux.
«La culture autochtone et la culture mongole se rapprochent beaucoup, dans la spiritualité», rappelle Juulie. Celle qui a participé au projet Manawan, de Partenaires pour la paix, cette année, n’en est pas à ses premières visites chez les Premières Nations : «Ça faisait longtemps que je le faisais. Je me suis promenée dans les réserves, pas pour la musique, mais surtout pour moi, pour la spiritualité. Ça m’a influencé surtout pour les textes. Je fais des chants, sur l’album, et c’est un peu inspiré des femmes qui chantent autour du gros tambour. Aussi, Christian Paré, mon percussionniste est Métis et habite à Wendake. Il a apporté une certaine magie, aux chansons.»
«Ce que je sais, ce que je crois, c’est que plus j’ai envie de me donner à cette espèce de source… d’amour, plus je sens que ma création est inspirée», s’amuse Juulie Rousseau à l’autre bout du fil, avant de poursuivre sa réflexion. «C’est drôle parce que ça fait trois ans que je travaille dessus et il y a des hauts et des bas, et ça n’a pas toujours été facile, mais je suis comme un peu détachée du résultat, maintenant que je sais qu’il va sortir. Je me dis que le résultat, il appartient un peu à l’auditeur, au public. Ce qui m’appartient, c’est le cheminement que j’ai vécu.»
Spectacle de lancement au Palais Montcalm, le lundi 17 novembre, à 17h30.
L’album Landscape est présentement en écoute sur Voir.ca
Pour chaque exemplaire de Landscape vendu, 1$ par album sera remis à l’orphelinat Lotus Children Center, situé en Mongolie, où Juulie Rousseau a travaillé lors de son second voyage en terres mongoles. Ce don servira, éventuellement, à engager un professeur de musique pour l’orphelinat.