TransMusicales 2014 : Très très Trans!
Les 36èmes Rencontres TransMusicales de Rennes se sont déroulées du 3 au 7 décembre et ont profité de cinq jours (et nuits) de musique en tous genres.
Techno, hip-hop, world-beat, rock, jazz, blues, punk, reggae, folk… peu importe l’origine, rien n’échappe à l’oreille aiguisée de Jean-Louis Brossard, fondateur, directeur et programmateur de l’événement qui, 36 ans après avoir démarré le désormais mythique festival, demeure encore aussi allumé et passionné qu’à ses débuts. Trans après Trans, l’éclectisme de ses choix ne le dément pas.
Encore cette année, l’événement a battu des records avec plus de 64 000 entrées sur les trois jours au Parc Expo où a lieu la majorité des concerts, sans compter les centaines de rencontres pros et la venue de quelque 500 journalistes accrédités. Pour un festival qui ne compte pratiquement aucune tête d’affiche et dont 80 % de la programmation est composée d’artistes que peu de gens connaissent, c’est un phénomène assez incroyable. Et pour beaucoup de ces artistes, c’est souvent la première fois qu’ils jouent devant une foule aussi considérable (et pour certains, c’est peut-être l’unique fois aussi).
En parallèle aux Trans, le festival Bars en Trans a proposé son lot de groupes dans plusieurs petits bars de Rennes et c’est un peu le même phénomène, c’est toujours positif, toujours archi plein! Aux Bars en Trans, c’est pas compliqué; tu payes pas cher pour ton laissez-passer et tu vas voir autant de concerts que tu veux/peux dans une douzaine de bars de la ville reine. Cette année, l’off officiel a aussi investi la piscine municipale en compagnie du groupe local Santa Cruz. Si ce n’est pas tout le monde qui a sauté à l’eau, tous se sont mouillés!
Bref, les deux événements mis ensemble, ça faisait bien des choses à voir!
Au Canada
Fait à noter cette année, six artistes canadiens étaient au programme, dont cinq Québécois. Dead Obies, Pierre Kwenders, Vilify (qui, en plus, a accompagné en musique les voyageurs du train de 14 h entre Paris et Rennes jeudi dernier) et Rich Aucoin étaient à l’affiche des Trans alors que les Posterz et Ponctuation se retrouvaient aux Bars en Trans. Une grosse vitrine pour le Québec. On en a rarement (jamais?) vu autant à Rennes, répartis sur les deux événements.
Sous la bannière «Focus Canada», c’est aux Dead Obies, Pierre Kwenders et Rich Aucoin que revenait l’honneur d’entamer cette 36e édition des Trans. Alors que la grande majorité de pros et journalistes convergeaient vers Rennes, les trois artistes prenaient d’assaut la salle de l’Ubu au centre-ville. Il était difficile d’y entrer tellement il y a avait de monde. Au final, l’événement fut couronné de succès et le buzz entourant les Obies et Kwenders n’a pas tardé à circuler. Pour Aucoin, il n’en était pas à son premier passage, mais cette fois-ci il s’était déplacé avec le groupe Encore, donc un concert différent de ceux qu’on a pu voir auparavant.
Dead Obies en prestations aux Transmusicales
Qu’est-ce que cela représente pour les artistes québécois un passage aux Trans? «Un concert aux Trans est une incroyable vitrine pour les artistes, car c’est le dernier gros festival de l’année et pour ainsi dire le premier de l’année suivante. C’est là où la plupart des programmateurs de festivals se retrouvent et font leur magasinage pour la prochaine saison», d’expliquer Gourmet Délice de la structure montréalaise Bonsound. Si la tendance se maintient, il y a fort à parier qu’on retrouvera une partie de ces artistes dans certaines salles ou festivals d’Europe et d’ailleurs en 2015. Ceux qui sont programmés aux Bars en Trans bénéficient de cette affluence de pros et de journalistes, car ces derniers vont beaucoup voir ce qui se passe dans les bars. Le magazine Les Inrocks estime d’ailleurs la perfo du duo Ponctuation comme comme un des meilleurs moments des Bars en Trans. Si les artistes québécois présents n’ont pas tous eu droit à de tels éloges, ils ne sont pas passés inaperçus parmi les quelque 100 groupes au programme des Trans et les 85 des Bars. Les Dead Obies viennent d’ailleurs de se voir gratifier d’une formidable vitrine dans le quotidien Libération qui leur consacre deux pleines pages dans son édition du jeudi!
Transcendants
Maintenant, de tous les groupes présents aux Trans, certains se sont fait remarquer plus que d’autres. Du lot, on retiendra la rappeuse/dramaturge/poétesse britannique signée sur Big Dada Kate Tempest; la northern soul groovy et funky de Smoove & Turrell à qui le grand manitou Jean-Louis Brossard a accordé – chose très rare — un rappel; l’électro sombre, mais accrocheuse des Français de DBFC; le mélange inqualifiable des danois de Den Sorte Skole, hallucinants sur scène; le jazz-punk avant-gardiste des Franco-Britanniques de Naked (On Drugs); l’électro-pop ultra contagieuse et la superbe voix d’ange androgyne de Shamir, locomotive du label Godmode qui était à l’honneur dimanche dernier à l’Ubu en clôture de festival; le croisement fanfare-électro du groupe du métro new-yorkais Too Many Zooz; la sulfureuse rappeuse du Minnesota Lizzo; l’électro tribale des deux percussionnistes et bidouilleurs italiens de Ninos Do Brasil; l’indie rock torturé du Suisse Puts Marie; l’électro-cumbia du duo Péruvien Animal Chuki; l’afrobeat contagieux de la troupe hollandaise Jungle By Night; la techno matraque et sexy de l’allemand Boris Brejcha; l’électro afrofuturiste de l’italien Clap! Clap!, l’afrofunk James Brownesque des colorés Vaudou Game; le rock afro-latin psychédélique des bizarroïdes Fumaça Preta et la nonchalance rock et sexy de l’Australienne Courtney Barnett sont ceux qui m’ont le plus impressionné ainsi que de nombreux autres journalistes, observateurs et festivaliers. À cette liste, on pourrait rajouter une bonne dizaine d’autres noms, sans compter ceux qu’on n’a pas eu la chance de voir.
Trois tops 3
On a demandé à quelques professionnels de l’industrie du disque et du spectacle qui étaient sur place tout au long du festival de nous révéler leurs trois coups de cœur.
Sandy Boutin (FME, Simone Records)
1— Puts Marie
2— Forever Pavot
3— Clap! Clap!
Laurent Saulnier (Francos, FIJM)
1— Rone
2— Grand Blanc
3— Lizzo
JJ Toux (Festival Les Vieilles Charrues)
1— Kate Tempest
2— Fragments
3— Bantam Lyons