2014: retour sur une année charnière au Pantoum
Ça fait seulement deux ans et demi que le lieu existe et il est, pourtant, déjà presque mythique. Cap sur le Pantoum, haut lieu (c’est contradictoire) de la scène underground de Québec.
Faut cogner fort, attendre un petit bout, puis appeler Jean-Michel Letendre-Veilleux sur son cellulaire pour que quelqu’un vienne nous ouvrir. De l’autre côté de la porte, Antoine Bordeleau (aussi collaborateur de trouble.voir.ca), Jean-Étienne Collin Marcoux et Vincent Lamontagne de X-Ray Zebras jamment en quête d’un nouveau single pour faire danser les filles. Ils jouent trop fort, ils n’entendent pas le bruit de la sonnette non plus.
Le Pantoum est, depuis le début de l’année qui s’achève, divisé en trois étages distincts: le loft du troisième qui sert de salle de spectacle, les locaux de pratique du sous-sol et l’appartement qui abrite aussi un studio d’enregistrement au deuxième. C’est là que vivent Jean-Michel, son BFF Jean-Étienne et la blonde de celui-ci, la musicienne Maxine Maillet qui joue au sein des groupes Hallucinol et (depuis peu) Los. On peut aussi l’entendre dans Beat Sexü avec ses colocs et d’autres amis, un band né des entrailles du Pantoum au tout début de 2014. «C’est le premier projet 100% pantoumesque», explique Antoine. «Il est né le 1er janvier 2014 et, dix jours plus tard, on jouait au Show de la Rentrée de l’Université Laval en première partie des Dead Obies et Misteur Valaire. Quand J-E m’a demandé si je voulais jouer dans son nouveau band, il ne m’avait pas précisé que ça se passerait aussi vite.»
L’omertà sur l’adresse
Tout ce qu’on peut écrire, c’est que le Pantoum se situe à l’orée d’un quartier St-Sauveur non loin d’une taverne presque centenaire. Nous n’en dévoilerons pas davantage puisque Jean-Étienne Collin Marcoux veille au grain et tient à conserver le secret: «On a une crainte et un désir. La crainte que les gens pensent que c’est un lieu public et qu’ils débarquent ici à tout instant pour venir chiller. Le désir de créer une expérience unique, un esprit d’exclusivité parce que ce n’est pas tout le monde qui sait c’est où.»
Faut dire que l’ambiance est familiale au Pantoum, que c’est comme un gros open house de gang de chums élargie. L’hiver, on assiste aux shows en pieds de bas et – ça c’est toute l’année durant – les mélomanes peuvent apporter leur propre bière parce qu’on n’en vend pas sur place.
Coopérative de location
Malgré ses allures de bar clandestin inspiré par feu-La Brique de Montréal, le Pantoum est en fait géré par un conseil d’administration qui pense à tout, à commencer par les finances. «Notre espace, c’est comme un OBNL. Les groupes qui nous paient un loyer nous permettent d’exister», explique Jean-Étienne qui, lui aussi, verse un montant mensuel mais aux propriétaires des lieux. «Il est au courant de tout, des rénovations majeures, de nos activités», garantit-il. Leur but ultime? Vivre du Pantoum, des spectacles qui s’y organisent comme des projets qui s’y greffent.
En 2014, deux locaux de pratique ont justement été aménagés dans les lockers de terre battue au sous-sol. Parmi leur locataires: Best Foot Forward, Ponctuation, les Cobrateens et Los. Medora, Éric Tardif et Nimbes pratiquent quand à eux dans le nouvel espace au troisième étage, dans le loft originel.
Ce qui s’en vient en 2015
Si l’année qui s’achève a vu naître le label Pantoum Records, on peut s’attendre à ce que ce dernier prenne de l’expansion ou gagne en importance dans les mois à venir. «Mais pour l’instant, on expérimente sur nos propres trucs. X-Ray Zebras, Beat Sexü et nos side projects comme Anatole et La Nature.»
Sinon, une pléiade de shows sont déjà annoncés pour cet hiver: Men I Trust le 23 janvier, Technical Kidman le 30 janvier, aRTIST oF tHE yEAR avec X-Ray Zebras le 21 février, Aoara le 6 mars. En plus, bien sûr, du party du jour de l’An avec Gab Paquet et son Bingo Disco le 31 décembre. Un événement pluridisciplinaire qui aura lieu à l’Agitée.
Jean-Étienne Collin Marcoux nous partage aussi l’un de ses fantasmes, le Québec Québec Tour. Ni plus ni moins qu’une «tournée du Québec avec des groupes du Québec». Imaginez juste les affiches ou l’acronyme.