Milk & Bone : Effets de surprise
Parmi les têtes d’affiche musicales à surveiller en 2015: le projet électro-pop local Milk & Bone.
Mars 2014: Voir s’entretenait avec les musiciennes menant le duo Milk & Bone qui s’apprêtaient à donner leur premier concert lors de l’édition montréalaise inaugurale de Les femmes s’en mêlent, un festival européen se tenant depuis 1997. Huit mois plus tard, Camille Poliquin et Laurence Lafond-Beaulne y allaient d’une troisième prestation de Milk & Bone au sein de la fameuse vitrine M pour Montréal et récoltaient des critiques dithyrambiques de médias canadiens (Noisey) et français (Le Point, Libération). De plus, le premier vidéoclip de la paire s’est distingué sur la plateforme Vimeo (où il a été coiffé du titre Staff pick [Suggestion du personnel]) alors qu’un de ses deux premiers extraits diffusés de façon indépendante sur le Web s’est retrouvé sur le site du magazine américain Nylon. Même Mitsou a chanté les louanges du projet sur sa page Facebook au cours de l’année dernière!
Alors que le groupe affine actuellement un album à paraître le 17 mars sur l’étiquette Bonsound (Lisa LeBlanc, Dead Obies, etc.), les deux musiciennes qui ont fait leurs classes en accompagnant, notamment, le Cirque du Soleil, David Giguère et Alex Nevsky en tournée gardent la tête froide malgré toute l’attention actuelle… et à venir.
De l’importance de ne pas avoir peur de «ça»
«Mitsou, c’est pas mal le top!», lance Camille Poliquin dans un éclat de rire avant de reprendre son sérieux. «Avec la réception que nos singles ont déjà eue, on sait bien que ce n’est pas tout le monde qui aimera ça – c’est plus « Internet » que « grand public », disons –, mais ceux qui aiment, aiment beaucoup!»
Laurence Lafond-Beaulne spécifie par la suite que le buzz, le hype et leurs dérivés n’influencent peu, voire pas, Milk & Bone. «C’est vraiment une surprise, note-t-elle. « Ah ouin? Untel a dit ça de notre show? Cool! »» Plus tard, elle glissera: «Je ne crois pas que ça ajoute un stress supplémentaire, car on fait cet album pour nous avant tout. Je souhaite en être fière. Je ne me demande pas si quelqu’un d’autre va aimer ça.»
Derechef, Camille laisse toutefois entendre que la direction musicale du projet – de l’électro mi-sombre, mi-saccharinée – vise quand même un public plus large, voire international, que les deux chanteuses. «À la base, on fait de la musique assez pop et en anglais. Si le but n’est pas que ça marche, à quoi bon? On ne peut pas avoir peur de « ça ». C’est là qu’on veut aller.»
Pas de dodo, ni de Tim Hortons
Projet en branle depuis mai dernier en compagnie de Gabriel Gagnon qui intervient à titre de réalisateur, la production de son album s’avère être de longue haleine, car elle dépend entièrement des horaires atypiques de ses principaux intéressés. Ainsi, les pièces étaient enregistrées quand Camille n’accompagnait pas Jason Bajada en concert et lorsque Laurence n’était pas en tournée avec Les sœurs Boulay… sans compter l’emploi du temps de Gagnon.
«Notre réalisateur travaille également en semaine pour de la pub, alors que nous avions des concerts, etc. en soirée. Donc, dès qu’on avait un trou, on ne faisait pas dodo. On allait en studio!» explique Lafond-Beaulne. «On n’arrêtait pas ce qu’on faisait habituellement, parce que c’est notre gagne-pain. C’est avec quoi on paie notre loyer.» Camille en rajoute: «On a la chance que ça soit notre day job. On a la chance de ne pas avoir à travailler dans un Tim Hortons. On ne veut donc pas laisser tomber ça en disant « Ouin, ben on a maintenant notre propre projet, alors… » On veut également continuer à faire ça, alors on a trouvé le temps pour les deux. Les gens ont été très compréhensifs.»
Le beau et le gras
Dans la foulée d’une année 2014 faste en faits d’armes pour les musiciennes québécoises (disque d’or pour les Boulay, distinctions locales et internationales pour Klô Pelgag, etc.), les dames de Milk & Bone espèrent que cette tangente se poursuivra cette année.
«Je crois également que les filles s’émancipent davantage dans la musique [qu’auparavant]», note Camille avant de souligner l’impact de Lisa LeBlanc. «Elle a compris qu’une toune-d’amour-où-ça-ne-va-pas-avec-un-gars ne suffisait plus et que le monde était prêt à entendre ce qu’elle avait à proposer. C’était une belle surprise, mais c’est aussi un bel exemple de ne pas se laisser trop influencer par ce qui se fait dans ton milieu au même moment.» Laurence opine: «J’ai constaté récemment qu’avec Les sœurs Boulay, les Hay Babies, Lisa LeBlanc, voire nous avec New York – qui est une chanson qui parle carrément d’adultère! –, on dit de plus en plus les affaires comme elles sont et le public répond favorablement à ça; au fait qu’on ne polit plus autant nos propos, qu’on n’a pas peur de chanter des paroles qui pourraient en choquer certains, mais qui sont surtout belles et vraies. On assume davantage nos propos; le gras et le moins beau… et c’est ce qui le rend beau!»
Album en magasin dès le 17 mars sur étiquette Bonsound. Détails à venir sur milkandbone.mu.