Sarah Bourdon : Aime-toi et le ciel t'aimera
Musique

Sarah Bourdon : Aime-toi et le ciel t’aimera

Sarah Bourdon avance vers la lumière d’un deuxième album généreusement inondé d’éclats de soul. Discussion avec une fille qui a appris à s’aimer. 

2012 avait toutes les allures de l’année de la résignation pour Sarah Bourdon. Après avoir fait paraître un premier album au retentissement confidentiel (La longue trail), la chanteuse accepte à contrecœur un boulot de fille de café. «Je devais partir en tournée comme choriste pour un autre artiste et, finalement, ce n’est jamais arrivé. Alors j’ai accepté la job au café, parce que je n’avais rien devant moi, mais c’était difficile. Partir faire une tournée de 100 shows et servir du monde, ce n’est pas le même enthousiasme, mettons.»

Sarah Bourdon travaille-t-elle toujours dans un café? Bien sûr que non! La demoiselle fait paraître ces jours-ci sous l’égide de la prestigieuse enseigne Audiogram Mouvement, un deuxième album réalisé par Guillaume Chartrain et inondé par la lumière d’une sémillante soul, tremplin de choix pour sa puissante voix capable de déplacer des montagnes.

Que s’est-il passé entre-temps? «Il s’est passé la vie!», répond-elle, armée de la sagesse de ceux que la vie a bardassés, avant d’éclater de son rire désarmant de candeur. «Disons qu’il s’est produit quelque chose de spécial, un déclic. À un certain moment, je me suis mise à me lever le matin pour aller travailler au café et à me dire que ce n’était pas si pire que ça. J’étais bien. Pas longtemps après, il m’est arrivé plein de belles affaires. J’ai rencontré mon chum, un client du café [et muse de sa chanson L’ouvre-boîte]. Je me suis fait proposer d’accompagner Yann Perreau en tournée, puis le contrat d’Audiogram a couronné la fin de l’année. C’est un peu une leçon d’humilité que je me suis fait servir. C’est comme si la vie me disait que je n’avais aucun contrôle, que, parfois, tu ne sais juste pas comment les belles choses vont se présenter.»

Elle évoque à ce sujet dans sa chanson L’apogée «la part de peur qui s’est enfuie quand / j’ai choisi de m’aimer moi aussi.» Des mots qui scintillent d’une éblouissante sincérité, et qui se passent d’exégèse.

Comme un journal intime

Elle a beau s’être éloignée du folk de son premier album – Mouvement ne contient aucune guitare acoustique, sauf sur la dernière pièce –, Sarah Bourdon écrit toujours ses textes comme on consigne ses confessions dans un journal intime. Totale honnêteté, cœur et âme dénudés à la scène, comme à la ville d’ailleurs.

Voilà des traits de personnalité pas toujours exactement valorisés par un certain showbiz québécois trop occupé à se contempler dans le miroir aux alouettes des apparences, où la quête du cool triomphe souvent des qualités du cœur. C’est ce que Sarah Bourdon raille avec chic dans Figure de style, pimpante et piquante missive dédiée à certains de ses amis chanteurs-chanteuses.

«Ça m’est arrivé tellement souvent de me faire regarder de travers dans des lancements», raconte-t-elle, aussi amusée que découragée. «Je suis quelqu’un d’assez chaleureux, et quand je rencontre des gens, je vais me présenter, j’aime ça jaser. Se comporter comme ça, c’est pas hip aux yeux de ben du monde. Cette chanson-là s’adresse à quelques personnes, même à des gens proches de moi. Il y a des artistes qui sont ben différents quand tu es seul avec eux et lorsqu’ils sont avec leur entourage.»

Tu nous jures que la grosse tête ne t’attend pas dans le détour, Sarah? «Écoute, Dominic, la prochaine fois que tu m’appelleras, je ne répondrai même pas.»

On rigole. Mais elle ne peut pas s’empêcher d’ajouter, c’est dans sa nature: «Ben non, c’est une joke

Mouvement (Audiogram) // Spectacle-lancement le 28 janvier à 20h au Petit Olympia

sarahbourdon.com