Julie Blanche : Trouver sa montagne
Après un passage remarqué aux Francouvertes l’année dernière, Julie Blanche fonce droit devant avec un tout premier album complet.
C’est un riche univers sonore que propose Julie Blanche sur son premier album homonyme. Un disque qui colle à la peau, d’une grande beauté, doux mais sombre. Celle qui a terminé bonne deuxième au concours Les Francouvertes l’année dernière affirme que son disque est un peu un exutoire. Elle a voulu utiliser des tensions de son passé pour en tirer des leçons et les tourner en quelque chose de beau.
«C’est pas « hop la vie » nécessairement, ce que j’avais besoin d’exprimer, mais c’est ce que j’aime faire, dit celle qui est par ailleurs très lumineuse en entrevue. Là, j’essaie de composer des tounes parce que j’ai juste 10 chansons et je dois faire un show. J’essaie d’amener quelque chose d’un peu plus léger, mais je finis tout le temps par aller vers des mélodies tristes! Sinon, c’est automatiquement quétaine, on dirait. C’est pas ça que je sens. J’ai envie de monter un show avec plusieurs plateaux et que les gens en sortent et que ça aille bien, là, leur vie, et qu’ils soient heureux! Je veux que ce soit un beau spectacle, deep, quand même – que les gens puissent rentrer à l’intérieur d’eux et se questionner –, mais pas trop lourd.»
Grande admiratrice de la musique du groupe instrumental montréalais Torngat, Julie Blanche a misé juste en allant chercher son talentueux claviériste Mathieu Charbonneau pour la réalisation de l’album ainsi que Pietro Amato au cor français. Mais avant de rencontrer ces deux musiciens, il y en a deux autres dont le grand apport musical a su forger le son et la voix de Julie Blanche: Cédric Dind-Lavoie et Antoine Corriveau. Du premier, un contrebassiste, elle dira qu’elle a toujours voulu travailler avec ce «musicien débile qui est toujours juste». Du second, son amoureux, qui signe la plupart des textes et musiques de ce disque, elle ne peut que confirmer toute la complicité qui les unis.
«Antoine a vraiment écrit les chansons pour moi. On se côtoie quotidiennement! Il me connaît vraiment bien. Je me suis beaucoup confiée à lui. Je lui ai passé des commandes pour des chansons spécifiques et/ou il s’est inspiré de ce que je lui ai dit. Je sens vraiment que c’est mes chansons. Il pourrait peut-être les prendre, mais c’est tellement mon histoire… Il a vraiment réussi à point avec ces chansons-là. J’avais des petits chefs-d’œuvre à mon goût et je pouvais faire ce que je voulais. Après, tout est possible, je peux les amener dans plein de directions. C’était vraiment un beau cadeau.»
Une question s’impose, toutefois: étant donné qu’Antoine a sa carrière foisonnante bien à lui, y avait-il un souci de ne pas trop se rapprocher de son univers à lui?
«Pour moi, oui, vraiment. On y pensait un peu dans la composition – il me faisait des riffs et je le dirigeais, je voulais que ça aille dans un certain endroit –, mais aussi dans les arrangements et le choix des musiciens. J’aime beaucoup ce qu’il fait, mais ça me fait moins triper le rock-folk. Je suis une grande fan de Torngat et j’ai donc… des musiciens de Torngat dans mon band! C’est un peu cette couleur-là que je voulais apporter. J’aime beaucoup la musique instrumentale. Je voulais plus de claviers que de guitares, mais il y a quand même des guitares parce que je voulais qu’Antoine soit dans mon band, pour partager ça avec lui.»
» Album en écoute jusqu’au 3 mars
Julie Blanche a étudié en chant et en arts plastiques et est aujourd’hui maquilleuse pour l’Opéra de Montréal en plus d’être directrice générale d’une troupe de tambours, mais c’est à la suite de son passage aux Francouvertes que les choses ont commencé à bouger pour sa carrière musicale. Elle fait partie de la relève, oui, mais – sans révéler son âge – elle nous dit qu’elle reste tout de même très terre-à-terre par rapport au monde de la musique. Quand on lui demande comment elle se sent d’être une femme, dans le monde musical, de nos jours, elle répond humblement.
«Je vieillis, et par rapport aux femmes, je trouve qu’il y a une grosse pression de jeunesse et de beauté. Moi, je la sens, peut-être parce que je suis plus vieille et que je commence mon projet là et que dans 10 ans, je vais être 10 ans plus vieille! Mais je pense que c’est de la pression que moi je me mets, pas de la part des autres.»
Julie Blanche (Coyote Records), disponible le 3 mars //
Lancement à Montréal le 3 mars à 17h au Théâtre Ste-Catherine
En concert à Québec le 11 avril à 20h au Petit Impérial