Pascal Pico Larouche / Anachronique : « Chanter en français est un geste politique »
Il a grandi à Jonquière et est, de son propre aveu, un « intellectuel écologiste du Saguenay qui finance Greenpeace ». Ça donne le ton. Pascal Pico Larouche a 36 ans, presque deux décennies de millage comme chansonnier et lance enfin son premier album complet.
On le connait pour son travail au sein de LaTourelle Orkestra et l’étiquette de disques la Palette vient tout juste de lui faire une petite place pour son projet solo. Créateur multidisciplinaire, Pascal Pico Larouche a étudié les arts visuels et la littérature en plus de parfaire son sens de l’humour grâce à l’improvisation. Depuis quelques années, il sillonne les écoles secondaires de Québec comme suppléant. C’est lui, le prof cool qui enseigne l’histoire à vos ados. Une job qu’il adore et qui lui permet de mettre à profit son indéniable talent de conteur.
Justement, ses chansons sont faites sur le « même frame » qu’une nouvelle littéraire. Intro, élément déclencheur, péripéties, chute. Des pièces qui, pour la plupart, traînent dans ses tiroirs depuis longtemps. C’est le cas de la plage 3 intitulée La chanson des carrés qui lui a jadis permis, notamment, de remporter Univers-Cité en spectacle.
Saguenéen dans l’âme
Bien qu’il habite Québec depuis 1999, Pascal a conservé son accent chantant en plus de traverser le Parc encore souvent pour donner des concerts. Il n’a jamais oublié d’où il vient. « Je reste quand même dans mon œuvre assez authentique et j’ai toujours voulu préserver ça et même travailler ça le plus possible. C’est pour ça que des fois mes refrains vont friser un peu le salace. […] Je vais jouer avec ça parce que j’ai toujours voulu vraiment garder cette authenticité pis ces racines-là sans être à la mode. C’est pour ça que mon album s’appelle Anachronique, parce qu’il est hors normes. »
Son grand-père spirituel, c’est d’ailleurs le type qui a écrit une ode mémorable à Jonquière, son Cégep et ses (grosses) Black Labels. « J’écoutais une prestation de Plume sur Youtube y’a pas longtemps, de quoi qui a fait à la télé anglaise dans les années 70 avec un gros band de rock. Moi je l’ai déjà vu en show pas mal, je l’ai déjà vu vieux, j’ai vu des entrevues pis y’est toujours capoté. Mais il déconnait, il levait ses mains pour que le band reparte, pis il arrêtait le band, pis il parlait à la foule, pis il improvisait pis il changeait les paroles. Je me suis vu à travers lui. Je me suis dis, ouais, je comprends c’est qui mon maître pis mon mentor. J’en ai tout le temps écouté mais je ça m’a rentré à quelque part parce que c’est le même genre d’ambiance dans mes shows, c’est improvisation-là pis cette désinvolture-là. »
Carré rouge et gratteux de guitare
Même si sa compo Je t’aime agente 728 a fait pas mal de chemin sur Youtube en 2012, Pico n’a pas cru bon l’intégrer à son disque. C’était « un trip », une chanson sortie de sa tête au lendemain des élections. « C’est pas un album qui est ben politisé. Mais j’ai l’impression que, pour moi, je suis politisé par l’imaginaire et par la recherche des mots et de la musique. J’ai l’impression qu’un artiste, quand il a vraiment l’imaginaire développé, on le sait qu’il est gauchiste et indépendantiste. Chanter en français et faire une recherche sur le français aussi poussée que je le fais notamment sur Les entêtes de phrases c’est déjà un geste politique de s’accrocher à ça. C’est déjà un geste de survie. »
Il n’exclut pas, toutefois, de se prêter à l’exercice d’un album aux textes engagés un jour. « Parce que je reste en tabarnac quand même presque 100% de mon temps. »
Une « dream team », mais pas celle de Radio X
Pour la création d’Anachronique, Pascal Pico Larouche s’est associé à Pierre-Olivier Roy, un artiste plutôt bien connu sur la scène musicale contemporaine. C’est ce collaborateur d’Erreur de type 27 qui a prêté sa chambre à coucher, mais aussi son équipement et son expertise à l’auteur-compositeur-interprète pour l’enregistrement de son disque.
Sur scène Pico est accompagné par son « roche bande ». Hugo LeMalt (Gab Paquet, Jane Ehrhardt) à la guitare et au lapsteel, Benoît Bourdages impose le rythme et Simon Labrecque (lui aussi chansonnier) joue de la basse. Sans parler, bien sûr, de la choriste Sylvia Beaudry qui a sorti un album de son cru en 2012. « Je reviens de ma pratique et ça rentre en tabarouette », confie Pascal avec ses yeux rieur qui le caractérisent si bien.
Anachronique
(La Palette)
Album disponible maintenant via Bandcamp
20 mars en formule 5 à 7 – Chicoutimi (Bar à Pitons)
21 mars à 21h – Saint-Félicien (Microbrasserie La Chouape)
27 mars en formule 5 à 7 – Québec (Dans les locaux de CKRL dans le cadre du radiothon)
28 mars à 20h – Québec (Le Cercle)