Organ Mood / Les Nuits Psychédéliques : C'est cool, carrément buzzant
Musique

Organ Mood / Les Nuits Psychédéliques : C’est cool, carrément buzzant

Leurs concerts sont comme des messes noires: ils nous envoûtent, nous étourdissent. Mais qui sont les prêtres occultes d’Organ Mood? Entrevue avec le préposé aux acétates Mathieu Jacques.

Le duo d’électro rétro-futuriste est en train de mettre la touche finale à son deuxième album complet, son projet le plus ambitieux jusqu’à maintenant. Un vinyle qui sortira cet été – mais pas en CD parce que «ça sert à rien aujourd’hui» – et qui sera accompagné d’un livre de 32 pages pour ajouter des images aux sons. Une expérience synesthète pour emporter. «C’est vraiment capoté comme ça s’écoute d’un bout à l’autre comme un genre de film. Même si chaque toune se tient individuellement et que la moitié pourrait être le single. […] Y a vraiment une évolution très intense et chaque toune est mise en valeur par la suivante et la précédente.»

Dans Organ MoodMathieu Jacques est l’artiste visuel et c’est Christophe Lamarche-Ledoux qui compose la musique. C’est ce dernier qui a remporté le Jutra de la Meilleure musique originale le 17 mars dernier, aux côtés de Rémy Nadeau-Aubin, pour son travail sur Tu dors Nicole de Stéphane Lafleur. Une proposition qui «clashe» avec l’aura cultivé par le groupe, même si l’environnement sonore du film – à l’exception des pièces jouées par le band punk du frère de Nicole composées par Nadeau-Aubin – est presque entièrement constitué d’extraits de Grand Projet (2010) et Consciemment Inconsciemment (2012). «Quand tu vas dans un spectacle d’Organ Mood, c’est pas du tout ça. C’est très psychédélique, et lui [Stéphane Lafleur] y a pris ça comme pour parler de l’intériorité de l’adolescente. Je trouvais ça cool de voir à quel point les pièces pouvaient servir à complètement autre chose au plan de l’émotion et que ça marchait aussi bien. J’ai trouvé ça vraiment fou.»

Une collaboration et un trophée remis en direct à la télé qui leur débarrent des portes, toujours selon Mathieu. «Moi, je trouve ça très cool parce que Christophe c’est un compositeur malade et un peu méconnu. Il pourrait avoir beaucoup plus de reconnaissance qu’il en a actuellement. Mais je pense que ça s’en vient.»

 

Un exil à Chicoutimi

Le royaume de Jean Tremblay a servi de toile de fond pour les premières notes, les premiers dessins de Christophe et Mathieu. Accueillis par le centre d’art actuel Bang, les deux Montréalais ont su tirer parti de leur résidence de deux semaines. Une période de création très intense au cours de laquelle ils ont jeté les bases de l’album à naître. «Après ça, on a pu aller travailler chacun de notre bord, quand on est revenus dans nos petites affaires à Montréal, à notre petite vie. Ça a vraiment été un bon départ, ça a été comme un incubateur. Comme un bébé dans un utérus.»

L’enregistrement s’est fait dans l’appartement de Christophe, dans le sous-sol qu’il loue à une collectionneuse d’objets vintage. «Je pense que ça a dû être inspirant pour lui. Cela dit, y a rien de kitsch dans cet album-là. Au contraire.»

Avis aux connaisseurs: les instruments utilisés pendant leurs performances live sont intégrés (une première aussi!) aux arrangements. N’ayant aucun nom défini, ces «violons» faits maison s’utilisent avec un archet et sont branchés dans un synthétiseur. Nul besoin d’être un musicien pour faire sortir de beaux sons puisque les frottements sont reconvertis par des algorithmes. Des objets qui ont une valeur symbolique. «Ça, c’est comme une des multiples références à un univers qu’on pourrait qualifier de hippie, peut-être proche du projet politique d’autogestion ou en tout cas communautaire. […] Les humains sont capables de se regrouper et de s’arranger entre eux autres pour faire de belles choses.»

 

 

Vendredi 10 avril à partir de 21h

Le Cercle

(Autres artistes présents: Shawn Mativetsky, Dopethrone,The Besnard Lakes, Tri/Age, UUBBUURRU)

 

// Mise à jour: 22 avril 2015 à 14h30: on sait maintenant que l’album, intitulé Comme si nous étions déjà libres, sera disponible via Bandcamp dès le 9 juin prochain.