Braids : Le pèlerinage
Musique

Braids : Le pèlerinage

Un périple dans le désert de l’Arizona aura permis à Braids de revenir énergique et fort avec un troisième album, Deep in the Iris.

Deep in the Iris devait se produire dans le désert. Après un second album construit entre les murs d’une pièce sans fenêtre sur la rue Hutchison, le troisième effort du groupe montréalais Braids nécessitait que ses trois membres aillent prendre l’air. Quoique la route de fin d’hiver, grise et dépressive, peuplée de restaurants McDonald’s, de stations-service, de pleurs et de remises en question ait été difficile, le pèlerinage vers une cabane en Arizona aura permis à Raphaelle Standell-PrestonAustin Tufts et Taylor Smith de retrouver leur énergie créative commune.

Raphaelle: «On se disait que même si rien ne sortait de ce périple, c’était OK. On voulait vraiment se retrouver en tant qu’individus et faire quelque chose qui résonnait avec nous.»

Austin: «On était émotifs ensemble et on voulait faire autant de musique possible, une musique qui vient du plus profond de nous. Plusieurs pièces ont commencé à se mettre en place naturellement. Puisqu’on fait de la musique ensemble depuis près de 10 ans, notre énergie créative collective s’est ravivée automatiquement et, à un moment donné, on écrivait des chansons qui non seulement rendaient hommage à tout ce qu’on avait fait auparavant, mais qui étaient les chansons les plus fortes qu’on ait jamais écrites, à mon avis.»

Pendant les deux premières semaines de sept passées en Arizona (suivies de passages dans les États de New York et du Vermont), les trois se sont retrouvés, comme humains et collègues, à marcher, à se faire à manger, à faire des feux. Puis, la rivière a coulé et Deep in the Iris a été écrit et enregistré en quatre mois, soit trois fois plus vite que son prédécesseur.

Alors que Flourish/Perish était une petite bulle électro, Deep in the Iris est une œuvre forte, où l’on entend souvent le piano qui se marie bien aux percussions énergiques, aux synthés, aux beats et aux guitares. Un disque qui mélange une douce pop à de l’électro plus expérimental en passant par des moments plus dance et synthpop.

Sur le plan des textes, Raphaelle démontre un grand courage, abordant parfois des thèmes plus lourds, tels que le slut-shaming et l’abus physique et émotif, mais un constat s’impose: ce fort désir d’être en paix avec certaines choses du passé.

Austin: «Puisque les pièces étaient créées sur une fondation solide, ça a permis à Raphaelle de chanter à propos de choses qu’elle n’avait jamais abordées, faute de confort. C’est très difficile de se mettre de l’avant comme ça et de chanter sur des choses intenses qui te rendent vulnérable.»

Raphaelle: «On venait tout juste de se bâtir un environnement sûr et stimulant parce que c’était l’intention première en se rendant en Arizona. Les paroles, même si elles sont lourdes, ont un côté très libérateur et optimiste. Le propos est lourd, mais il y a un désir d’avancer, et ça, c’est dû à l’énergie qu’on avait en allant dans ces endroits de refuge, au soleil et tout ça.»

Le premier extrait de Deep in the Iris, Miniskirt, aborde de front le slut-shaming You feel you’ve the right to touch me / Cause I asked for it / In my little miniskirt», chante Raphaelle). Les médias ont vite étiqueté Miniskirt d’hymne féministe, ce qui ne déplaît pas à Raphaelle. 

«Ça peut certainement être un hymne féministe parce qu’il y a bien des sentiments féministes dans la chanson, dit-elle. J’essaie de ne pas trop me soucier des étiquettes que les gens vont y coller. Pour moi, c’est une très belle étiquette. Je suis à fond pour ça. Je m’identifie comme féministe. Si les gens peuvent trouver une forme de libération dans cette chanson et s’identifier au féminisme, qu’ils soient hommes ou femmes, c’est merveilleux.»

Braids revient donc sur disque avec une énergie renouvelée musicalement, n’ayant pas peur d’aborder de front certains sujets plus délicats pour en sortir plus fort. High-five.

Deep in the Iris

(Arbutus/Flemish Eye)

Sortie le 28 avril

En spectacle le 13 mai au Ritz PDB, puis le 5 juin au Métropolis en première partie de Purity Ring