Entrevue avec Peter Burton, directeur général : Suoni Per Il Popolo: Retour aux sources
Le festival des «sons pour le peuple» est de retour pour une 15e édition et, encore une fois, il couvre toutes les options disponibles du côté gauche de la création.
Après le départ pour Québec en juillet 2014 du directeur artistique du festival, Steve Guimond, c’est Daniel Pélissier qui s’est joint au comité de programmation du Suoni Per Il Popolo, qui compte aussi son fondateur Mauro Pezzente et Peter Burton, son directeur général depuis neuf ans. Ce dernier explique: «On doit s’efforcer de maintenir une certaine continuité malgré ce grand changement! En fait, je ne crois pas que notre vision ait changé, mais bien sûr Steve était très doué, alors il nous manque.» Le festival affiche en effet la même ouverture tous azimuts que par les années passées, mais aussi des allures de retour aux sources avec un resserrement autour des salles qui ont vu naître l’événement: la Casa del popolo et la Sala Rossa (auxquelles s’est ajoutée par la suite La Vitrola). Burton explique: «Il est plus difficile d’aller chercher des commanditaires privés, alors il y a moins de gens qui travaillent pour le festival cette année, et notre capacité s’en trouve réduite. C’est un nouveau défi chaque année, mais du côté des subventions, ça va très bien, on a même eu des fonds pour un nouveau système de son à la Sala Rossa!»
Avec près de 300 artistes répartis à travers une soixantaine d’événements, le Suoni est aussi éclectique que les musiques qu’il veut représenter, toutes enclavées dans une parenthèse punk ouverte le 4 juin par The Kids (Belgique, formé en 1976) et fermée le 22 juin par The Ex (Pays-Bas, formé en 1979). Peter Burton souligne: «Je crois que nous avons toujours eu cette influence punk, qui reste une grande inspiration pour les gens de notre génération, et The Ex est pour moi particulièrement inspirant, parce qu’ils ont débordé depuis longtemps le strict cadre «punk», en abordant la musique improvisée ou la musique du monde.» Ce groupe est en effet un petit Suoni permanent!
Daniel Pélissier a fait venir des groupes punk, metal et alternos en tous genres durant une vingtaine d’années avant de joindre le Suoni en 2014, et c’est lui qui nous ramène The Kids: «C’est moi qui les avais fait venir à Montréal la dernière fois, en 2010. On avait dû refuser près d’une centaine de personnes à la porte, alors je voulais vraiment qu’ils reviennent!» On aura aussi l’occasion, durant les premiers jours du festival, de voir deux grandes figures de la musique expérimentale aux États-Unis: Pauline Oliveros et Alvin Lucier, qui participeront à des discussions et à des concerts avec le Quatuor Bozzini, le tout présenté dans le cadre d’un colloque organisé par l’Institut international pour les études critiques en improvisation.
Et dans tout ça, s’il ne fallait en voir qu’un seul? Le directeur général réfléchit… «C’est très difficile, mais je pense qu’il ne faut pas manquer la venue chez nous de Mdou Moctar, qui vient du Niger. Son trio joue de la musique touareg traditionnelle, mais sur guitare électrique, basse et batterie. C’est leur première tournée au Canada, de Halifax à Vancouver, que Mauro a pu organiser pour permettre leur passage au Suoni.»
Il y a aussi Colin Stetson et Sarah Neufeld, Ken Vandermark en solo, ou le grand ensemble de Paal Nilssen-Love, et tant d’autres encore!
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Suoni Per Il Popolo, du 4 au 22 juin à Montréal // suoniperilpopolo.org