Jacques Michel à Tadoussac et aux FrancoFolies : Vivre du risque
FrancoFolies 2015

Jacques Michel à Tadoussac et aux FrancoFolies : Vivre du risque

Jacques Michel lançait le mois dernier un premier album en 35 ans, Un nouveau jour, sur lequel il reprend une dizaine de ses chansons en version folk-acoustique en plus d’offrir deux inédites. Nous l’avons rencontré alors qu’il s’apprête à défendre ce nouveau disque sur scène à Tadoussac, aux FrancoFolies de Montréal, puis un peu partout au Québec au cours des prochains mois. 

«Y’a toute une jeunesse qui me suivait parce que je disais ce qu’elle pensait. Je n’étais pas le meneur, pas le sauveur, rien de ça, mais je mettais en chanson ce que la plupart des gens pensaient», se souvient Jacques Michel. Sans contredit l’un des grands de sa génération, le chanteur québécois a fait lever les foules avec des hymnes tels que Un nouveau jour va se lever et Amène-toi chez nous alors que le Québec était plongé dans une période particulièrement effervescente de son histoire, dans les années 1970. «C’était une époque exaltante. On se sentait vivant», confie-t-il en entrevue.

Fort occupé par des contrats d’animation et de composition pour la télé (Le Village de Nathalie), Jacques Michel s’est retiré de la scène à la fin des années 1980, préférant sagement quitter la chanson plutôt que de la négliger. «Je n’ai jamais aimé faire les choses à moitié», dit-il. Ce départ de la scène est arrivé à un moment dans sa carrière où le chanteur avait rempli les salles dont il avait rêvé, mais où le plaisir de la tournée y était moins.

«Quand j’ai commencé à chanter, la salle la plus prestigieuse à Montréal, c’était la Casa Loma. C’est là que je voulais aller. J’y ai chanté. Après ça, c’était la Comédie-Canadienne. J’y ai chanté aussi, puis à la Place des arts. Mais dans les années 1980, c’était rendu qu’on chantait dans des boîtes à camion. C’était comme ça à bien des endroits, y’avait des festivals partout. Ça, ça me plaisait moins. Je n’avais pas rêvé d’une carrière où on chante en plein air dans une boîte de camion au festival du lait, du pain, du cochon, du tabac, du bleuet – tous des festivals qui existent.»

Aujourd’hui, ce retour sur disque inespéré de Jacques Michel, 35 ans après Maudit que j’m’aime, on le doit en grande partie à la chimie qui s’est opérée entre le chanteur et les frères guitaristes Yves et Marco Savard lors d’un hommage à l’interprète au Festival des guitares du monde en Abitibi-Témiscamingue en mai 2014.

«J’ai chanté avec les frères Savard trois chansons au festival. Mais même avant d’être sur scène, quand on s’est réunis dans ma chambre d’hôtel et qu’on a répété les chansons, y’avait quelque chose qui passait. Le charisme d’Yves Savard, son charme, son sourire communicatif, son énergie; on était trois comme ça. Sur scène, ç’a a été magique.»

Les trois Abitibiens d’origine ont donc trouvé dans leur terre natale le bonheur de collaborer et un album en est né un an plus tard. Mais est-ce difficile de trouver de nouvelles couleurs aux chansons de son répertoire? «Ç’a n’a pas été difficile. Ce qui a été plus long, ç’a été l’enregistrement de la voix sur la première chanson, Salut Léon. Je suis content que ce soit celle-là parce que c’est elle qui a donné toute la couleur vocale à mon album. J’ai commencé le voice-over à midi et le dernier enregistrement s’est fait à 1h15 du matin. C’est celui-là qui est sur le disque. J’étais fatigué donc on sent la fragilité d’André, le personnage central de la chanson. Avant, je gueulais ça. Il était en criss contre sa femme, et là, il est complètement dasarçonné, démuni.»

«Je me suis dit: je chante beaucoup plus que je crie, beaucoup plus que je gueule et c’est comme ça que je vais aborder tout le disque, poursuit-il. J’ai compris aussi que quand on gueule, les gens se ferment et quand on chante, les gens ont beaucoup tendance à s’ouvrir. Une chanson comme Vodka Cola, je la gueulais. Là, je la chante. Les gens viennent me demander si c’est une nouvelle chanson.»

Dernière question: ne vous mettez-vous pas en danger en faisant un album acoustique comme ça après 35 ans puisque la performance vocale est peut-être plus vulnérable, soutenue que par des guitares acoustiques la plupart du temps? «Le danger, j’aime ça! Venir refaire à l’âge que j’ai ce que j’ai fait à 30-50 ans, c’est imprudent, je le sais. Mais j’aime le risque parce que le risque, ça me garde vivant. J’ai jamais oublié ce que Jacques Brel disait: «on meurt par manque d’imprudence». Alors je ne dois pas avoir envie de mourir. Pas tout de suite en tout cas!»

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Le 11 juin à Tadoussac // Les 19 et 20 juin à Montréal

Plus de détails et de dates de spectacles ici: jacquesmichel.com