Cibo Matto / FIJM : C'est Cibo le jazz
Festival international de jazz de Montréal 2015

Cibo Matto / FIJM : C’est Cibo le jazz

Cibo Matto vient nous visiter dans le cadre du FIJM pour présenter son album Hotel Valentine.

Cibo Matto est apparu en 1994 en pleine déferlante alternative avec Viva La Woman!, un premier disque qui dévoilait Yuka Honda et Miho Hatori, deux Japonaises expatriées à New York, obsédées par la bouffe (Cibo Matto signifiant «nourriture folle» en italien), piochant de manière un peu approximative mais tout à fait charmante dans le hip-hop champ gauche, la no-wave décalée, le post-punk, le jazz, la bossa et la pop bubblegum. Stereo ★ Type A, le deuxième album de la formation, a suivit en 1999, deux ans après le Super Relax de 1997, EP sur lequel on retrouvait un certain Sean Lennon, petit ami à l’époque de la multi-instrumentiste Yuka Honda. Plus aventureux musicalement, Stereo ★ Type A a été reçu timidement par le public et deux ans plus tard le groupe se séparait.

Du jazz qui n’en est pas

Durant une dizaine d’années, Yuka Honda et la chanteuse Miho Hatori se sont lancées chacune de leur côté dans une multitude de projets, souvent en compagnie de musiciens issus de différents horizons (Beastie Boys, John Zorn, Medeski, Martin & Wood, Sean et Yoko Ono, Gorillaz, Marc Ribot et des dizaines d’autres du même acabit) pour ensuite remettre Cibo Matto sur les rails en 2011, s’adjoignant les services de la batteuse Yuko Araki et faisant paraître un troisième album complet, Hotel Valentine, en 2014. «Yuko a malheureusement dû quitter le groupe car elle avait plusieurs autres projets au Japon», explique Yuka Honda, tout juste de retour d’une tournée au pays du Soleil Levant. «Nous avons donc recruté Yuval Lion [John Zorn, Marc Ribot, Sharon Jones & The Dap Kings…], un batteur aussi polyvalent que Yuko. Je l’ai vu jouer pour Martha Wainwright et j’ai tout de suite su que c’était le genre de batteur qu’il nous fallait. Devin Hoss, un bassiste issu du jazz, nous accompagne aussi en tournée», rajoute la musicienne.

Hotel Valentine, les deux Cibo Matto reprennent pratiquement là où elles s’étaient arrêtées avec Stereo… poursuivant leurs explorations musicales en y incorporant comme toujours un peu de tout – trip-hop, post-punk, funk, bossa, métal, no-wave – mais cette fois-ci avec une approche jazzistique plus importante. «La principale différence entre le Cibo Matto d’hier et celui d’aujourd’hui, et ça me désole un peu quand je pense à ça, c’est qu’on a vieilli toutes les deux. J’ose espérer que nous abordons la musique d’une façon plus mature», lance Yuka Honda, un sourire dans la voix. «En ce qui concerne un son plus jazz pour ce disque, je dirais que nous avons toujours eu un côté jazzy mais là nous le mettons davantage de l’avant. J’ai grandi avec le jazz; mon père en écoutait souvent à la maison. Le jazz nous a beaucoup influencé Miho et moi, tout comme la musique africaine, la new-wave et plein d’autres choses aussi. Nous touchons à tellement de styles avec Cibo Matto! Nous sommes très éclectiques, nous faisons de la musique omnivore», rigole la polyvalente multi-instrumentiste qui a maintes fois collaboré avec des musiciens jazz tout au long de sa carrière et dont le mari est le célèbre guitariste de jazz Nels Cline.

Pour son concert au FIJM, qui sera aussi le dernier de l’actuelle tournée, Cibo Matto interprètera une partie des chansons de son nouvel album ainsi que plusieurs morceaux de ses précédents efforts. «Même si nous flirtons plus avec le jazz, nous n’improvisons pas sur scène. Ceci dit, les arrangements sont différents et il arrive qu’on fasse des trucs un peu plus fous. Je pense que les concerts doivent être plus excitants que les albums. Je dirais que nos concerts sont à moitié jazz et à moitié punk-rock», conclut Yuka Honda avant de s’enquérir des restaurants asiatiques ou végétariens dignes de mention autour du site du FIJM. Les deux Japonaises ont beau évoluer musicalement, leur obsession pour la gastronomie demeure.

***

En spectacle le 1er juillet à 22h au Club Soda, dans le cadre du FIJM // montrealjazzfest.com