Entrevue avec The Barr Brothers qui signe l’un des gros événements du FIJM

Après deux excellents albums complets et un EP surprise, sorti en avril dernier, le travail porte fruit pour The Barr Brothers. Le groupe sera l’hôte de l’un des gros spectacles extérieurs du FIJM. Les musiciens Sarah Pagé et Brad Barr soulignent d’emblée en entrevue qu’ils jouissent sans doute pour la première fois d’une aussi grande liberté sur scène.

Brad: «C’était difficile d’imaginer ce qu’on voulait faire. On se disait: «Ok, ils nous donnent le budget de faire le spectacle de notre rêve». On a demandé à des amis ce qu’ils feraient dans cette situation et on a eu de très drôles de réponses comme: «vous devez avoir de la pyrotechnie!»

Sarah: «Ce n’était pas permis. Tout le monde voulait de la pyrotechnie!»

Brad: «À ce jour, on avait toujours considéré l’éclairage, on s’assurait qu’il y avait une bonne atmosphère en concert, mais on n’avait jamais imaginé un spectacle de cette grandeur avec toutes les possibilités alors c’était assez challenging. Je pense qu’après beaucoup de brainstorming, on a quelque chose que moi j’aimerais voir. Même si on finit par échouer à faire tout fonctionner, personnellement, j’aimerais voir un groupe essayer de rendre ce spectacle possible.»

https://youtu.be/U54MKLq2Syo?t=24s

Le groupe ne veut pas nous en dire trop sur le déroulement du spectacle, mais Brad affirme qu’il y aura une vingtaine d’invités… mais que certains sont des objets inanimés! Du lot des humains, toutefois, on devrait revoir l’ancien membre du groupe Andrés Vial, qui a quitté la formation après quatre ans pour mieux se concentrer sur ses projets de composition.

«Sa dernière tournée avec nous était en novembre. Andrés se concentre sur la musique de film», précise Brad, en mentionnant qu’Andrés est un pianiste mais qu’il jouait d’autres instruments au sein du groupe. Il s’agit donc d’un retour à ses premiers amours. «C’est dommage parce qu’on arrive tout juste à un moment où on pourrait avoir du piano en spectacle alors peut-être que lorsqu’on aura enfin un piano, on pourra le convaincre de revenir.»

Lorsqu’on demande aux deux musiciens s’ils sont satisfaits de leur succès – les tournées ici et à l’international sont nombreuses et le groupe est passé deux fois sur le plateau de David Letterman, quand même -, Brad et Sarah se lancent des réflexions intéressantes par rapport à la notion du succès.

Brad: «Ça change de jour en jour, à quel point je suis satisfait. Il y a bien des jours où je regarde d’en haut, comme un oiseau, la carrière qu’on a eue, l’évolution artistique et interpersonnelle. Il y a le succès qui vient en trouvant le moyen de faire l’art qu’on veut de la façon dont on veut mais aussi le succès au niveau de la carrière. Je bascule les deux dans ma tête constamment; j’ai parfois le sentiment d’avoir réussi et d’autres fois échoué aux deux. Je n’ai pas confiance en mon opinion du succès.»

Sarah: «Pour moi de toute façon, si je recule dans le temps et je me souviens de ce que j’imaginais comme carrière de musicienne quand j’étais jeune, j’ai surpassé depuis très longtemps tous mes rêves les plus gros. Dans un certain sens, je pourrais arrêter maintenant et être satisfaite. Dans un autre sens, la vie continue et on essaie toujours de pousser. C’est ça la nature humaine. Tu te retrouves quelque part où t’es pas nécessairement confortable – une nouvelle carrière ou une opportunité, comme le FIJM justement – et au début, tu te dis: «comment vais-je faire?!». Tu commences et tu travailles jusqu’à ce que tu sois confortable. Ça peut prendre un jour, une semaine, un mois et après c’est «what’s next?!» Les êtres humains, on reste pas stables! Même si j’ai déjà surpassé mes rêves, c’est naturel de toujours vouloir pousser plus encore plus loin, vers de nouvelles possibilités.»

Brad: «J’aimerais ça comparer tes rêves quand t’étais petite aux miens parce que dans ma tête, moi, j’étais Angus Young [guitariste de AC/DC]! Alors je n’y arriverai jamais!

C’est évident que le succès commercial est imprévisible, mais si on peut juste se concentrer sur le succès artistique – si on est satisfait avec notre musique – au moins, on ne se soucie que d’une seule seule chose.»

Sarah: «Oui, c’est la curiosité qui est perpétuelle et qui est vraiment difficile à satisfaire. Quand t’as l’impression d’être rendu quelque part où tu comprends tout ce qui se passe autour de toi, que t’es vraiment le maître de ton domaine, y’a plus rien à découvrir. Je pense que comme artiste, le succès que tu vas avoir dans le monde et la réaction des gens envers ton travail, ça c’est quelque chose que tu peux pas vraiment contrôler. Pour moi, si je suis toujours en train de poursuivre quelque chose musicalement, que j’ai l’impression de me lancer des défis, d’apprendre avec mon instrument et avec le groupe, c’est ça la motivation principale. Je pense que ça nous mène vers de beaux endroits.»

***

En spectacle extérieur gratuit au FIJM le 30 juin à 21h30 sur la scène TD (Maisonneuve et Jeanne-Mance) // montrealjazzfest.com;

Également en spectacle au FEQ (première partie de Patrick Watson sur les Plaines le 17 juillet, 20h);

Autres dates à venir: thebarrbrothers.com