De passage au Québec : Bertrand Belin: La chanson de roman
De la chanson à la littérature il n’y a qu’un pas que Bertrand Bélin franchit sans tracas.
Entre deux disques et une succession de concerts, Bertrand Belin écrit. En fait, Bertrand Belin a toujours écrit; des chansons certes, mais aussi des textes qu’il gardait pour lui, jusqu’à ce Requin paru en mars aux éditions P.O.L. un premier roman fort bien reçu par la critique. Si on a souvent lu ici et là que Bertrand Belin est un musicien lettré, ce premier roman vient-il le confirmer? «Je ne me considère pas comme quelqu’un de lettré», se défend le principal intéressé. «Je n’ai jamais fait d’études en lettres, j’ai un diplôme d’électricien, c’est pour dire. Pour moi, quelqu’un de lettré c’est une personne qui connait son grec, son latin, son Aristote et son Rabelais par cœur. Ce qui n’est pas mon cas. Moi je suis un lecteur quotidien. Il est vrai que depuis plusieurs années je lis beaucoup mais pas plus que ceux qui lisent dans les bus, le métro ou dans les avions. Je ne suis pas lettré mais je suis par contre très intéressé par la littérature. Je lis et j’écris».
L’écriture d’un roman est un exercice bien plus fastidieux que celui d’écrire une chanson, un exercice qui demande du temps. Bertrand Belin a-t-il l’intention d’éventuellement se détourner de la chanson, particulièrement depuis le succès critique obtenu par son premier roman? «J’avais en tête d’écrire un roman depuis longtemps, mais j’ai toujours écrit en dehors des chansons; des textes plus ou moins longs, 50 pages, 100 pages», précise l’auteur. «Là il me semblait que ce texte pouvait être, plus que les autres, présenté à des lecteurs. Ce texte m’a demandé plus de travail, plus de persévérance mais il m’a aussi procuré plus de plaisir! Mais ça ne m’a pas vraiment détourné de la chanson; le livre est paru en mars et depuis janvier j’écrivais des chansons dans mon petit local de banlieue. En mai je suis parti enregistrer un nouvel album en Angleterre», révèle le prolifique artiste français. «Mes chansons sont très osseuses, Il n’y a pas beaucoup de mots, c’est très ajouré, donc ça me change de noircir des pages de mots comme ça et de ne pas avoir la contrainte de la musique et le format de la chanson. Je pense que la musique et la littérature cohabitent très bien et cet exercice m’a même rapproché de la musique».
Un beau roman, une belle histoire
Pour ce nouvel album à paraître en octobre prochain et dont le titre n’est pas encore déterminé, Bertrand Belin a réuni la même équipe gagnante que pour le précédent Parcs, un disque sobre et dépouillé enregistré en compagnie de Mark «Shez» Sheridan. «On avait une belle histoire à poursuivre puisque l’enregistrement de Parcs s’était très bien passé. Il y avait encore une envie de part et d’autre d’aller plus loin dans la collaboration. C’est ce qui s’est passé et avec encore plus d’enthousiasme!»
Si l’équipe est la même, le style lui diffère. «Sans vouloir être énigmatique, le prochain disque a quelque chose de plus tropical, il y a un certain exotisme qui s’en dégage. Batterie, basse et cuivres en avant», avoue Belin au bout du fil. «Il y a une variété rythmique plus éclectique que sur le précédent disque. La dynamique est différente, c’est un album sur lequel il ne serait pas surprenant qu’on se mette à danser. Mais attention, ce n’est pas un album pour dancefloor non plus! Il y a peut-être aussi un peu plus de synthé que sur les précédents disques, mais j’ai toujours les mêmes timbres que j’affectionne et qui sont redistribués un peu autrement. Je poursuis mes obsessions, je suis toujours avec mes idées fixes. Les paysages sont nouveaux, les propos sont neufs mais la quête est la même».
Spectacles au Québec:
8 juillet – Casa del popolo, 20h (Montréal)
9 juillet – Grande scène extérieure, 20h, en première partie de The Barr Brothers (Sherblues & Folk – Sherbrooke)
10 juillet – Boquébière, 23h (Sherblues & Folk – Sherbrooke)
12 juillet – Scène Loto-Québec, Parc de la Francophonie, 19h15 (FEQ – Québec)
13 juillet – Le Petit Impérial, 18h (FEQ – Québec)