FEQ 2015 / Patrick Bruel : L'entrevue sans filtre
Festival d’été de Québec 2015

FEQ 2015 / Patrick Bruel : L’entrevue sans filtre

Oubliez vos préconceptions: Patrick Bruel n’a rien du type que vous imaginez, de la diva, du roi de feu Rock Détente qui surfe sur ses vieux hits comme un Claude Dubois. Entretien assez privilégié (on l’a appelé sur son mobile à Paris!) avec un artiste à part entière, un auteur-compositeur-interprète qui a le goût du risque et qui sait se mettre en danger.

L’eau a coulé sous les ponts depuis sa chaotique entrevue avec Chantal Lamarre pour Infoman en 2000, un document vidéo douloureux à regarder et qu’on peut toujours dénicher sur la toile. Le chanteur a mauvaise presse, en raison de sa réputation de beau gosse narcissique. Pourtant, rares sont les vedettes aussi chaleureuses, on vous en passe un papier.

Or, il n’y a pas que la bonté du gars qui vient tuer nos préjugés. Parlez-lui de hip-hop, par exemple, de la pièce Maux d’enfants qu’il a coenregistrée avec La Fouine. Les crossovers? Même pas peur. «C’est moi qui pose le rap dessus, ça surprend et c’est vraiment bien. Ça fait partie d’un moment important parce que c’est une chanson sur le harcèlement sur le net. Le cyberbullying, comme vous l’appelez. […] Prendre une musique urbaine pour ce sujet, c’était important.»

Bruel a, de surcroît, beaucoup d’admiration pour le flow d’autrui. «Moi, j’aime beaucoup le rap. Je suis plus sur Eminem, sur Plan B, sur Jay-Z, plus sur la culture anglo-saxonne.» Mais sortir un album complet de tracks hip-hop? Non, ce n’est pas dans ses plans. On le verrait bien, par contre, répéter l’expérience avec un gars comme Koriass. Une suggestion qu’on envoie dans la webosphère.

 

De la musique lyrique à l’adulte contemporain

En janvier dernier, et dans un tout autre registre, il a aussi osé l’opéra. C’était lors de son passage au palais Garnier où il a interprété des airs de La traviata et de Tosca. L’audacieux exercice de style sera d’ailleurs répété en mai 2016 à la Maison symphonique de Montréal.

La facture musicale de ce concert-ci sera toutefois en phase avec le reste de la tournée qui se termine et qui l’a mené au Centre Bell et au Colisée Pepsi en 2013. «C’est très pur, c’est très musical, c’est pop, c’est pop-rock.» Des arrangements pour cinq musiciens et un chanteur qui, de son propre aveu, ne manquent pas de surprendre les copains de ses admiratrices lorsqu’ils les accompagnent à ses spectacles. Au programme: ses grands succès qu’il joue encore «avec un grand plaisir» et quelques surprises. Il a même lancé des invitations en plus de laisser la porte ouverte pour de l’improvisation. À suivre.

 

Dans les pas de Renaud et Aznavour

C’est un hasard, mais, comme ses compatriotes d’Indochine en 2009, Bruel sera amené à fêter la Bastille au parc des Champs-de-Bataille. Une gig de prestige dont il rêve depuis son passage au 400e anniversaire de la ville avec Fugain, Duteil, Boulay et les autres. «C’est votre rendez-vous le plus prestigieux. Tout le monde rêve de chanter sur les plaines d’Abraham, c’est peut-être le deuxième plus grand festival nord-américain après Coachella, je sais pas si y en a un autre aussi important que ça. J’aime pas trop le mot consécration parce que c’est un peu pompeux, mais c’est un vrai truc, quoi. On a tous un petit trac.»

Chose absolument certaine: il appartient désormais à un club très sélect de chanteurs français qui ont foulé cette scène comme tête d’affiche. Du nombre? Renaud, Charles Aznavour, Francis Cabrel, Johnny Hallyday.

Il lance aussi des fleurs à celle qui a pour mandat d’ouvrir le spectacle pour lui. «Je suis très content en plus qu’Ariane Moffatt passe avant moi. C’est quelqu’un que j’apprécie énormément, j’aime beaucoup la personne, j’aime beaucoup sa musique.»

 

Survivre à sa propre Bruelmania

En plus d’être (semble-t-il!) un joueur de poker redoutable, Patrick Bruel joue au théâtre et tourne pour le cinéma. Son dernier film, intitulé Ange et Gabriel, sortira en octobre prochain sur les écrans de l’Hexagone. Une comédie romantique signée Anne Giafferi qui le met en vedette avec Isabelle Carré.

Et la Bruelmania, M. Bruel, ça se vit comment au quotidien? «On s’habitue pas forcément. Il faut toujours garder une distance par rapport à ça et relativiser, mais c’est vrai que c’est toujours très agréable de se sentir aimé, de se sentir apprécié pour son travail et la personne qu’on est. C’est très gratifiant.»

 

Mardi 14 juillet à 19h30 sur les plaines d’Abraham

(Première partie: Ariane Moffatt)

Dans le cadre du FEQ

 

// Mise à jour, 14 juillet à 16h30: fraîchement arrivé à Québec, Patrick Bruel s’est vu remettre le prix Miroir de la Renommé par l’organisation du Festival d’été de Québec.

Sa maison de disque a également partagé cette photo via Twitter, annonçant un duo entre Alex Nevsky et Patrick Bruel au cours de la soirée.