Nuits d'Afrique / Ondatrópica : Combinaisons cumbia
Musique

Nuits d’Afrique / Ondatrópica : Combinaisons cumbia

L’orchestre Ondatrópica perpétue le métissage de la cumbia colombienne, un genre de plus en plus populaire et en constante évolution.

Ondatrópica a été formé en 2012 à Medellín, en Colombie, par Mario Galeano, leader du groupe Frente Cumbiero, et le prolifique DJ, producteur, patron de label et musicien Will Holland, alias Quantic. Bien connu du cercle des amateurs de musiques tropicales décomplexées, les innombrables projets du prolifique touche-à-tout britannique l’ont mené du funk à la bossa, en passant par le downtempo, le trip-hop, le nu-jazz, la soul, le dub, le reggae et davantage.

Depuis plusieurs années cependant, c’est à la cumbia et à ses nombreux dérivés qu’il s’est particulièrement intéressé, au point où cet insatiable mélomane a déménagé disques et studio et est parti s’installer à Cali en 2007. Plus près de la source, Holland n’a pas tardé à alimenter sa passion en disques, concerts, rencontres et création de projets avec certains musiciens du pays. C’est là qu’il a croisé le chemin du DJ, musicien, compositeur et réalisateur Mario Galeano et que, après qu’ils eurent été approchés par le British Council afin de monter un projet musical pour les Olympiques de 2012 à Londres, l’idée de créer un groupe de cumbia à la fois moderne et classique a germé. Ondatrópica était né. «On a voulu créer quelque chose avec plusieurs vieux musiciens colombiens qu’on admirait», relate Quantic, qui n’a eu aucun mal à recruter les meilleurs musiciens du pays pour ce projet: le saxophoniste Michi Sarmiento, l’accordéoniste Anibal Velasquez, le timbalero Wilson Viveros, le pianiste Alfredito Linares, le célèbre Fruko et plus d’une trentaine d’autres ont répondu à l’appel des deux réalisateurs.

«Rapidement, on s’est rendu compte que nous devions faire un disque avec ce projet, car l’idée de départ n’était que de présenter quelques concerts pour les Olympiques», détaille Will Holland. «Donc on s’est rendus à Medellín au studio des disques Fuentes et on s’est mis à la tâche sous la supervision de Mario Rincón, l’ingénieur de son de nombreuses sessions aux studios Fuentes depuis des décennies. En trois semaines, tout était bouclé.» Le résultat final se traduisit par Ondatrópica paru chez Soundway Records, un jouissif double album dévoilant une cumbia métissée de porro, de currulao, de dub-reggae, de ska, de hip-hop, de funk et de salsa. «Ondatrópica a souvent été catalogué de Buena Vista Social Club colombien parce qu’il y a plein de vieux musiciens dans le groupe», note Quantic. «C’est dommage, car Ondatrópica reflète l’état de la cumbia telle qu’elle est pratiquée aujourd’hui en Colombie, c’est-à-dire à la fois d’une manière traditionnelle, mais aussi en fusion avec d’autres styles musicaux. C’est ce que nous avons tenté de mettre en évidence sur ce premier disque.»  

Ondatrópica 2

À la suite du succès qu’ont récolté le projet et l’album, la paire a décidé de remettre ça, mais en ne se cantonnant pas tout à fait dans le même registre. «Nous allons nous y mettre plus sérieusement dans quelques mois, le temps de récolter des sous afin de financer le projet [info: facebook.com/ondatropica]. Nous ne pourrons malheureusement pas enregistrer au studio des disques Fuentes puisque celui-ci n’est désormais plus en activité. À la place, on compte enregistrer à la capitale Bogota et à Providencia. Ce sont deux petites îles qui se situent assez loin des côtes colombiennes. On y parle principalement l’anglais, car elles ont été peuplées par une colonie puritaine anglaise autrefois. Mario et moi sommes fascinés par tous les mélanges de cultures qu’il y a en Colombie. Il existe plus de 80 dialectes différents dans ce pays, c’est dire à quel point c’est diversifié. Donc, à Providencia, on retrouve une partie des cultures musicales des Caraïbes tels que le reggae et le calypso», précise Will Holland de son domicile de Brooklyn où il a déménagé l’année dernière, après sept années passées en Colombie.

Pour ce second volet du projet, la paire ne fera pas appel aux mêmes musiciens. «Je dirais qu’Ondatrópica est en quelque sorte une entité où les artistes sont en résidence; ils ne demeurent pas de façon permanente au sein du groupe. Comme on l’a fait à Medellín pour notre premier album, on s’installe en studio et les musiciens et arrangeurs vont et viennent, certains avec leurs propres compositions. Michi Sarmiento est venu avec ses propres chansons, Alfredito Linares et Fruko aussi, nous avions les nôtres… Donc on va reproduire la même formule, mais au lieu de mettre l’accent sur la cumbia et la salsa, nous allons plutôt couvrir des musiques caraïbéennes.»  

Pour son premier passage à Montréal, à la suite de l’invitation du Festival Nuits d’Afrique, Ondatrópica se déplacera en petit comité, soit environ sept ou huit musiciens et non dix ou douze comme il est déjà arrivé pour certains concerts, précise Quantic. «En Colombie, la même musique peut se jouer autant en solo au piano qu’en formation réduite ou avec un grand orchestre; ça va avec l’esprit du son colombien.»

Le 12 juillet à 21h au Théâtre Fairmount festivalnuitsdafrique.com