FEQ, Osheaga 2015/ Viet Cong : Fourrons la mort
Viet Cong a arraché au rude hiver ontarien un album aussi corrosif qu’un rail de détergent sniffé à l’aube de la fin du monde.
Boum-boum-boum-boum-boum. Boum-boum-boum-boum-boum. Newspaper Spoons, chanson inaugurale du premier album de Viet Cong, s’ouvre comme au son d’une funeste marche militaire, bientôt foudroyée par l’éclair d’une guitare corrosive. Qu’entend-on exactement?
«C’est assez simple. En réalité, c’est juste des tambours, dont Matt [Flegel, bassiste et chanteur] et moi jouons à travers un ampli de guitare. Puis on a tout fait passer ça par un enregistreur à cassettes. Le son plus strident que t’entends ensuite, c’est moi qui martyrise un violon», explique le batteur de la formation albertaine Mike Wallace, en résumant pour ainsi dire l’approche Viet Cong.
Parce que toutes les guitares, toutes les basses, toutes les batteries semblent avoir traversé un filtre ou un autre sur ses sept incursions dans l’antichambre de la fin du monde, là où noise rock et post-punk ourdissent leur vengeance et prient devant un autel où trônent des effigies de The Cure, Joy Division et My Blooody Valentine. Fourrons la mort, crient ces païennes incantations d’une froideur aussi implacable que la Faucheuse. Rappelons qu’en février 2012, le guitariste Christopher Reimer, avec qui Mike et Matt avaient fondé la formation Women, décédait subitement.
Sans nier l’influence de ces tragiques événements, Wallace porte davantage au compte de ses circonstances d’enregistrement l’ensorcelante austérité de l’album homonyme. «J’ai toujours été attiré par la noirceur, mais je pense pas que nous soyons des gens spécialement sombres. Je pense que ça a surtout à voir avec l’ancienne étable dans laquelle nous avons travaillé. C’est dans la campagne ontarienne, c’était l’hiver.» Autrement dit: il n’y avait pas beaucoup de lumière.
«Un groupe, ça doit jouer»
En 2012, Viet Cong empilait leurs instruments dans la Toyota Echo de Fleger pour 50 concerts partout sur le continent. Baptême du feu, pèlerinage sado-maso, équipée suicidaire? Pour Mike, c’est tout simplement ce qu’il fallait faire, même si son précédent groupe, Women, avait dû rendre les armes en 2010 à la suite d’un esclandre entre ses membres, poussés dans leurs derniers retranchements physiques et mentaux par les sévères rigueurs de la route. Pourquoi ne pas avoir profité de votre renommée dans les milieux indé pour enregistrer peinard un album à la maison, plutôt que de vous soumettre à cet éreintant itinéraire?
«C’est la seule bonne façon de mettre à l’épreuve, de solidifier tes chansons. Les groupes qui ne se confrontent pas d’emblée aux conditions de la tournée ne durent pas. On aurait pu attendre les appels à Calgary, mais ça aurait donné quoi? Un groupe, ça doit jouer.»
À l’invitation du FEQ, Viet Cong revient à Québec après avoir abondamment sué sur la scène au Pantoum en octobre 2013. «On a été reçu là-bas comme on l’a rarement été à nos débuts, insiste Mike avec enthousiasme. Dans plusieurs bars aux États-Unis, les musiciens sont traités comme des marchandises: tu joues, on te donne ton argent et puis débrouille-toi. Au Pantoum, Jean-Michel [Letendre-Veilleux, programmateur] nous accueille d’une manière qui ressemble plus à comment ça fonctionne en Europe: il y a de quoi manger, on t’offre un endroit où dormir. Le Pantoum, c’est une salle des salles les mieux tenues en Amérique du Nord.»
Vendredi 17 juillet à 20h
Parc de la Francophonie
En première partie de Interpol
(Dans le cadre du FEQ)
Vendredi 31 juillet
Parc Jean-Drapeau
(Dans le cadre de Osheaga)
Le 18 septembre au Théâtre Fairmount dans le cadre de POP Montréal