Chet Faker / Osheaga : L’imposteur du succès
Après deux années de fou, Chet Faker sera de nouveau de passage à Montréal, cette fois-ci sur une scène extérieure, dans le cadre d’Osheaga.
L’Australien Nick Murphy, maintenant établi à New York, écrit et produit sa musique sous le nom de plume Chet Faker, entre rythmes R&B et électro. On l’a vu souvent en solo et il revient parfois encore à cette formule, mais il sera avec son band lors de son prochain passage en ville, au festival Osheaga.
«Ça évolue toujours, précise le barbu musicien de 27 ans en entrevue. Je n’ai jamais joué le même spectacle deux fois. La liste des chansons ou le line-up des musiciens sont appelés à changer. Et la musique, elle aussi, change constamment. Maintenant, c’est en groupe, et j’aime beaucoup comment ça sonne. C’est le band qui pousse davantage les choses sur scène et ça me donne plus de liberté.»
Chet Faker était déjà très demandé avant même la sortie de son premier album complet en 2014, Built on Glass. C’est sa reprise de No Diggity de Blackstreet, surprenante de douceur et de sensualité, qui l’a propulsé sur les palmarès en 2011, puis un premier EP convaincant l’a mis sur les rails l’année suivante. Les deux dernières années ont été assez folles, remplies de tournées à travers le monde. Comment a-t-il réussi à ne pas se brûler?
«J’essaie toujours de comprendre! Je suis passé très près de me brûler l’année dernière. Je me sentais très fatigué à la fin de l’année 2014 parce que je faisais trop de tournées. Personne ne connaît ses limites avant qu’il ne les atteigne. Tu dois faire de la tournée et prendre conscience du moment où tu ne peux plus en faire. L’année dernière, tout ce que j’ai fait c’est de la tournée, c’était fou. Je n’avais pas de vie. Sans surprise, j’ai fini par avoir du mal à me tenir debout. Mais cette année, on balance mieux les choses. Je pense que la clé est d’avoir une vie à l’extérieur de la musique. Pendant un moment, je pensais que je pouvais vivre que de la musique…»
Lorsqu’on soulève qu’on détecte un côté honnête et sensible à Chet Faker lorsqu’on s’attarde à ses textes – surtout à propos de ses relations et de ses émotions –, le musicien répond qu’il n’est pas plus émotif que la plupart des gens. Le principal intéressé explique que ce dont il est question dans ses paroles passe beaucoup mieux en chanson parce que les gens sont très réceptifs, alors que lorsqu’on discute de ces choses-là face à face avec les gens, ils ont tendance à se fermer.
«Je me souviens quand j’ai commencé à chanter et à écrire de la musique, j’ai réalisé que ça semblait être un bon moyen d’exprimer nos sentiments aux autres. Si tu dévoiles aux autres comment tu te sens, la plupart du temps les gens ne veulent pas toujours écouter – du moins, c’est ce que je pensais quand j’étais plus jeune. Mais si tu mets ça en chanson, les gens veulent écouter et sont intéressés. Je me souviens d’avoir réalisé ça et je me disais que la musique était magnifique parce que tu peux parler de choses vraiment importantes et les gens veulent en parler.»
Nick Murphy aurait pu se bâtir une carrière en musique électro, puisque c’est vers ce genre qu’il s’est tourné à la fin de l’adolescence, mais peu à peu le désir d’écrire, de s’exprimer et de chanter s’est manifesté. Chet Faker est ainsi né du mariage des mots et de l’électro.
«Au début, j’avais ce logiciel sur mon ordinateur qui me permettait de créer des beats et des loops. De l’autre côté, je composais aussi à la guitare et au piano et je chantais. Je n’ai jamais vraiment jumelé les deux. Je me tannais de l’un et je me tournais vers l’autre, je changeais entre les deux constamment. J’ai fait ça pendant des années. Ce n’est que lorsque j’ai commencé ce projet, Chet Faker, que j’ai combiné pour la première fois mon amour pour la production et les chansons que j’écrivais.»
Quand on lui demande s’il a atteint le succès qu’il souhaitait avoir lorsqu’il commençait sa carrière, Nick Murphy avoue que pour sa part, il ne calcule pas le succès par le nombre de têtes présentes à ses spectacles.
«Ce que j’ai toujours voulu en musique, c’est la durabilité. Ce n’est pas tant un niveau de succès à atteindre, mais bien la capacité de continuer à faire de la musique. Je n’essaie pas d’écrire un hit de type "top 40". J’essaie d’écrire de la musique que j’aime et je veux que ce soit mon métier et ainsi continuer à faire ça.»
En spectacle le 31 juillet dans le cadre d’Osheaga.