Fêtes de la Nouvelle-France / Cayouche : Tout ça a commencé dans une cabane à ski-doos
Il a tenté de prendre sa retraite en Floride, mais l’appel de la route était trop pressant. On jase bière, route et amour avec le plus travaillant des paresseux, Cayouche.
«Je fais ce que je suis supposé faire, pis quand j’ai rien à faire, j’fais rien», lance Cayouche, à qui on demande de nous décrire son emploi du temps. Admirable philosophie de vie, qui ne révèle que la moitié de la vérité au sujet du légendaire chanteur acadien à la barbe de père Noël, pas aussi paresseux qu’il aime à le laisser entendre. Malgré ses 67 ans, le vieux hippie sera monté pas moins de 27 fois sur scène cet été. «Être sur le stage pis jouer de la musique avec Johnny Comeau [violon] pis Martin Melançon [contrebasse], j’adore ça. C’est juste le voyageage qui me fatigue. C’est Johnny qui fait les bookings pis – hé calvaire! – je trouve qu’il en met pas mal.»
Il avait bien tenté d’accrocher pour de bon son bandeau carotté, le Cayouche, après la parution de Last call en 2003. La faiblesse du dollar canadien le ramenerait au bercail et à sa guitare. «Je suis allé passer l’hiver en Floride, cinq mois et demi là-bas, sauf que dans le temps, c’était 61 cennes la piastre. T’avais besoin d’un bon budget. J’ai été obligé de tout arrêter et de me remettre à travailler. De toute façon, je commençais à être écœuré», explique-t-il au bout du fil depuis sa résidence de Maisonnette, village de quelques 600 âmes situé juste en face de Caraquet, qu’il a choisi parce qu’«il fait beau icitte.»
Jouer pour une caisse de bières
Cayouche débute sa carrière en faisant la tournée des «cabanes à ski-doos» du Nouveau-Brunswick, avec un répertoire composé de ses propres truculentes chansons et de celles de Johnny Cash, qu’il regardait enfant à l’émission Grand Ole Opry, alors qu’il habitait avec sa mère au Massachussetts. «Dans ce temps-là, pour une caisse de bières, on jouait pour les gars pis on s’amusait.»
Son premier enregistrement mis en boîte en 1988 puis recopiée sur «75 cassettes vierges achetées chez Canadien Tire» circulera de main en main jusqu’en Ontario et au Québec, érigeant Cayouche au rang de figure culte. Sur ses mythiques albums suivants, il célébrera la bibinne avec un joyeux mépris pour le politiquement correct (L’alcool au volant), dépeindra des personnages auxquels on consacre rarement des refrains (La reine du bingo) et se frottera même parfois à la chanson d’amour (L’auberge du Quai de l’Horloge). «Je suis repassé 7 ou 8 ans plus tard au Quai de l’Horloge, sur la rue Berri à Montréal. Il y avait du plywood dans les vitres, c’était fermé.»
Et la dame qui t’a brisé le cœur, celle dont tu vantes les charmes, elle est devenue quoi? «Je lui avais amené un CD et elle a aimé la toune, mais elle ne voulait rien savoir de moi, la câline! De toute façon, je ne suis pas un amoureux moi, je les aime toutes!»
Son cachet a sans doute augmenté depuis ses débuts devants ses amis motoneigistes, mais la bière demeure pour le gentil colosse à la fois une fertile muse et un indispensable élément de décor. En spectacle, notre bum transforme inévitablement en pouf sa caisse de Alpine, lager brassée à Saint-Jean. «C’est la meilleure bière au monde! Je bois juste de la Alpine, rien d’autre. Faut je l’apporte moi-même! Quand je vais faire mes shows en bicyque, j’ai ma van qui me suit avec des coolers ben pleins de Alpine.»
Le 7 août à 21h
Place de Paris