La Grosse Lanterne: Jusqu’au bout du rouleau
La forêt enchanteresse de Béthanie troquait ses traditionnels adeptes de cottes de mailles et d’épées en mousse contre une poignée de sympathiques et enthousiastes festivaliers férus de musique locale, en fin de semaine dernière. Braves et courageux, nous nous sommes rendus sur ce site de GN reconnu, histoire de profiter ardemment de la deuxième édition de la Grosse Lanterne. Photoreportage approximatif de l’épopée.
Épris par la frénésie métallique du parc Jean-Drapeau, nous arrivons le samedi en début d’après-midi, en ayant malheureusement manqué la projection du documentaire Montage of Heck ainsi que les soi-disant très géniaux DJ sets de Poirier et Toast Dawg du vendredi soir. En revanche, la grosse partie all-star du line-up est encore à voir.
Pendant que Bernhari, Face-T et Dear Denizen s’exécutent, une bonne batch de festivaliers arrive et doit inévitablement passer par la fouille rigide d’un corps de sécurité pas mal à ses affaires. Sacs, tentes, sleepings… Tout y passe, de fond en comble. Certains fins renards ont toutefois de l’imagination et passent un nombre d’alcool raisonnable entre deux pains pitas.
Et que dire de cette bouteille de rince-bouche que personne n’oserait soupçonner…
Vers 15h30, le groupe de Québec Ponctuation livre une performance qui secoue les esprits grâce à un mélange percutant de yé-yé, de garage et de punk. Leurs regards sont perçants.
Ensuite, ce sont les Montréalais de Heat qui prennent place avec un indie rock correct, passablement influencé par la nonchalance vocale de Lou Reed.
Malgré cet appel au rock parfois saisissant, la foule réagit plus ou moins. Sans doute, on se garde de l’énergie pour le gros programme de la soirée.
D’autres festivaliers profitent de cet après-midi ensoleillé pour s’adonner à des activités inusitées, comme le bolo. En formule duo, l’amusement semble à son paroxysme.
Faire des bulles aussi, c’est ben plus nice à deux.
D’autres y vont d’une plus traditionnelle partie de frisbee – un sport pas trop rushant qui a fait ses preuves.
Voilà un sport un peu plus complexe qui consiste à watcher son ami se remettre de son coma provisoire en faisant semblant d’être assis confortablement sur un bio de bois.
Puis, c’est Milk & Bone qui s’exécute. Malgré son côté envoûtant, la musique du duo électro-folk montréalais s’avère un peu trop tranquille pour le genre d’après-midi convoité. Bref, rien d’assez rocambolesque pour réveiller notre boy comateux au fond du terrain.
En se promenant avec un regard attentif, on peut retrouver certains vestiges de GN – qui, on le rappelle, ont lieu à cet endroit même où le festival prend place. Voici un bout de fourrure légèrement souillé, qui appartenait probablement à un moine guerrier ou un gardien du savoir.
18h15 : la légende de Saint-Eustache s’amène. Fort d’une foule beaucoup plus massive et intéressée à se pitcher les bras dans les airs, Koriass donne une performance sans faille avec, en backup, son boy Bobby One, qui arbore de délicieux shorts fleuris.
Toujours prêt à se rapprocher de ses fans, le rappeur offre un moment plus intime en s’assoyant sur le bord du stage pour rapper un couplet. Ce fan à casquette semble conquis.
Une belle surprise : l’apparition-éclair de Safia Nolin pour le refrain d’Américain. En terme de chandail, on a rarement vu mieux que ceci.
Autre surprise encore plus inattendue : le remplacement de Bobby One par Phil Roy le temps de Devenir fou. L’humoriste en profite évidemment pour dire 2-3 niaiseries, en jetant notamment une pointe à nos génies du bolo aperçus précédemment. Bravo.
On profite ensuite de cette fin d’après-midi pour cuisiner un repas de prestige sur l’un des BBQ à charbon installés par l’équipe de la Grosse Lanterne. Ambiance conviviale, où le troc de légumes grillés se passe à fond.
Malgré un début de digestion plus long que prévu, on réussit à attraper le set de Karim Ouellet. Comme toujours, il est radieux.
Alors que le soleil se couche, le trio rap franglais Loud Lary Ajust offre une autre prestation explosive à l’intensité débordante. Dès les premières notes de Rien ne va plus, on savait que les six premières rangées allaient totalement virer sur le top. C’est effectivement ce qui se passe, et les gars réussissent à maintenir le cap pendant une bonne heure. Les mosh pit se succèdent d’une façon ardente et soutenue. Comme c’est le cas récemment dans beaucoup de show hip-hop fougueux, un gars dans le trash décide de vouloir se battre avec tout le monde au lieu de simplement se lancer gentiment sur le monde.
Lary garde le sourire.
Vers la fin, Karim vient annoncer l’Automne. Le calme avant la tempête Gruau.
Après la tempête, plusieurs festivaliers se remettent du tiraillage. Certains chandails n’y ont tout simplement survécu.
Trois ans d’attente (ou presque) pour en arriver là : le retour de Malajube sur scène.
Très excités, les spectateurs ne se contiennent que très difficilement au son de Pâte filo, Fille à plumes et, évidemment, Montréal -40. En résultent donc certaines échauffourées avec le personnel de la sécurité qui, pour des raisons de sécurité sécuritaire, ne tolère aucun body surfing. Même LE Guillaume Chiasson de Ponctuation se fait remettre les pieds sur terre lors de ses deux tentatives…
Peu importe, une fois qu’on oublie ça, on assiste à un très beau moment. L’un des meilleurs spectacles québécois depuis longtemps.
«C’était le dernier spectacle de la tournée», clame avec un sourire en pointe Julien Mineau, à la toute fin, comme pour rappeler l’importance du moment à la centaine de festivaliers sur place.
Incroyable.
Après toutes ces émotions vécues, on change de place : direction l’auberge pour un programme fin de soirée éclectique mais prometteur. L’obscur délire électro de Country (semble-t-il mené par l’un des génies derrière le resto mythique Bethlehem Xxx dans la Petite Italie) passe le test du piquage de curiosité haut la main.
Aux platines, ce sont les deux djs house montréalais A-Rock et Shaydakiss qui s’exécutent, vers les très approximatives deux heures du matin. Tout devient alors embrumé, autant les esprits que les photos.
De 3h à 4h30, y’a un feu qui crépite tout près de l’auberge. À un moment donné, la sécurité, de plus en plus au bout du rouleau, aimerait mieux qu’on passe à autre chose. Elle nous demande joliment de disposer vers nos tentes.
Souvenir de la flamme qui nous habitait :
Des festivaliers décident de poursuivre la fête en allumant un autre feu au camping qui, lui, sera vivant jusqu’aux aurores. En exclusivité : voici certains des derniers survivants qui, eux, auront réussi l’exploit de se rendre jusqu’au bout de leur rouleau.
En allant se coucher, on constate que cette table n’est pas dans le bon sens…
…et que ce soulier avait le goût de s’asseoir, en solo, sur une chaise pliante.
Vers 11h32, au levée, certains festivaliers profitent de ce post-party pour se baigner dans la rivière. Le site ferme à 16 heures : aussi bien en profiter AU MOINS jusqu’à la fin.
Le site est bien tranquille, et on peut le contempler avec un regard plus ferme et moins croche.
Toute bonne chose a une fin. À l’année prochaine, Grosse Lanterne.
D’ici là, un gros blitz de GN s’apprêtent à déferler en ton sein. Accueille-les comme tu nous as accueillis : avec grâce, candeur et pureté.