Philémon Cimon : Tout est possible
Rentrée culturelle automne 2015

Philémon Cimon : Tout est possible

Philémon Cimon propose le troisième disque d’un triptyque créatif qui l’a mené pour une seconde fois dans les chaudes rues de La Havane.

Les femmes comme des montagnes ne devait pas être enregistré à Cuba, mais finalement, c’était inévitable. Après y avoir enregistré l’album qui l’a révélé, Les sessions cubainesPhilémon Cimon s’est envolé à La Havane en mai dernier avec ses musiciens et son fidèle coréalisateur Philippe Brault afin d’enregistrer ce troisième disque.

«Je pense que ce qui m’a ramené là, c’est que j’avais l’impression que mes trois albums faisaient partie de la même œuvre. Ç’a été ma façon peut-être de ponctuer ça un peu plus comme un triptyque. J’avais une impulsion, je voulais aller enregistrer à Cuba, mais je me disais: « C’est pas nécessaire, c’est peut-être de la folie ou de la peur ». J’ai commencé à contacter des gens et je voyais que les dates fonctionnaient. J’ai annoncé ça à mes musiciens et ils étaient tous contents, donc j’ai dit: « OK, on y va ».»

En studio, les cinq musiciens québécois ont enregistré les chansons ensemble, puis les musiciens cubains – au piano et aux cuivres, entre autres – ont ajouté leurs couleurs lors de sessions d’overdubs. Sur l’album, on entend à nouveau le doux et romantique Philémon qu’on a connu sur ses deux premiers albums, mais on s’étonne aussi de l’entendre lâcher son fou sur quelques pièces. Le chanteur attribue ces éclats à la chimie de groupe qui a opéré en studio.

«On a tous joué en testant les limites. On se trouvait même drôles, des fois, si Nicolas (Basque, guitariste) faisait un riff à la Queen, par exemple. On partait à rire et on continuait la toune. C’est sûr que quand je chantais, ça me donnait un élan qui était différent que d’habitude. Une de mes grandes inspirations, c’est tout simplement ce qui est en train d’être joué. Je me laisse imbiber de ça et je rends l’émotion que ça me donne. Et là, on était plus dans l’émotion « plus grand que nature ». Sur la chanson Ève, ce n’était pas prévu que je crie comme ça, mais c’est ça qui est sorti.»

Sur cette pièce, il se fait Adam, frère et amant d’Ève. Comme pour plusieurs des pièces des Femmes comme des montagnes, Philémon a été inspiré par des lectures de classiques comme Don Quichotte. Lorsqu’il discute de la délicatesse de ce texte et de son côté un peu tabou («Je te fais l’amour pour une dernière fois / tu es ma sœur n’oublie pas»), il dit s’être inspiré du Paradis perdu de Milton et de «l’inceste métaphorique» concernant Adam et Ève, mais aussi grandement de son inconscient.

«Ce que j’essaie de faire avec mes textes, c’est de transcrire de façon relativement honnête mon inconscient sur papier, parce que c’est là que se passe la vraie affaire. Et c’est là où on se rejoint tous. On est tous un peu pareils dans cet inconscient-là parce que c’est un lieu où y a pas de contraintes, le temps n’existe pas, les sexes n’existent pas. C’est comme un rêve, l’inconscient: tu peux être en train de voler et la seconde d’après t’es à côté de ta mère qui finalement est ta blonde qui finalement a le corps d’une autruche. J’allais puiser beaucoup là-dedans.»

Philémon dit aussi s’être intéressé à la psychanalyse et a participé à des formations à Québec. «Ç’a fini par brasser dans ma tête. Ma lecture des classiques peut être teintée un peu des lectures psychanalytiques et ça me faisait voir beaucoup de choses et des choses plus troublantes que ce que je vois d’habitude.»

En résulte un magnifique album où tout est possible.

***

Les femmes comme des montagnes / (Audiogram) / Sortie le 4 septembre

Montréal: Lancement le 8 septembre à 19h au National

Supplémentaire du spectacle de Philémon Cimon en compagnie du Quatuor Molinari au Cinéma l’Amour le 30 octobre

Québec: le 28 janvier à 20h au Cercle

philemoncimon.com