Simon Paradis / L'Issue du soir : Tout seul ensemble
Musique

Simon Paradis / L’Issue du soir : Tout seul ensemble

Simon Paradis, c’est le voisin qui néglige de fermer les rideaux à la tombée du jour. L’Issue du soir, c’est 39 minutes debout sur l’asphalte, la tête inclinée vers la fenêtre comme devant l’écran au ciné. C’est une carte postale de Saint-Jean-Baptiste, de ce qui se passe à l’intérieur des chaumières centenaires. 

Écrites, pour la plupart, dans l’appartement de la rue St-Olivier qui accueillait les désormais regrettés Shows de grenier, les dix chansons du troisième album de Simon Paradis racontent la fin d’un chapitre. C’est le résumé de deux années marquées par une rupture, mais aussi par de nouveaux projets pour l’auteur-compositeur-interprète : la naissance d’Anatole, le projet disco fou qui l’unit à Alexandre Martel, et la fondation du label artisanal La Palette avec d’autres folkeurs de Québec.

C’est aussi dans cette courte, mais charnière période que Paradis a complété une maîtrise en musique et technologie multimédia et accepté un emploi chez Avatar, un organisme logé entre les murs de la Coopérative Méduse. « C’est un centre  qui unit plusieurs disciplines donc je fais un peu de tout, mais ça consiste surtout à accompagner des créateurs qui font de l’art sonore, des fois des installations, de la vidéo, de l’électronique. Toutes sortes de bagosseries. […] Mon emploi là-bas et ma maîtrise m’ont forcé à comprendre qui je suis, mais dans d’autres langages comme la vidéo et les arts numériques. »

Sans trop s’étendre, bien sûr, sur son travail comme réalisateurs d’albums pour les autres : Jane Ehrhardt, Harley Young (on s’ennuie), Stéphane Robitaille… Fatigué, Paradis évoque presque candidement le mot burnout. La sortie de L’Issue du soir, c’est la fin d’une période morose qui s’est finalement avérée charnière et productive. « Ça parle de l’envie d’autre chose, c’est pas un malheur total c’est plus… » Il hésite. « C’est peut-être plus le manque qu’un malheur. […] Sur Chasing Birds j’étais tout seul avec moi-même. Là, je suis tout seul avec du monde. »

 

« Avec L’Issue du soir, j’ai vraiment repris contact avec le piano »

Le souhait de Simon Paradis avec ce nouveau bouquet de chansons était d’écrire une musique « simple », un mot qu’il répétera souvent en entrevue, pour toujours un maximum de gens. « En travaillant à Avatar, même si j’adore ça, j’ai comme eu ma dose d’art provocateur ou conceptuel. Je voulais juste faire de quoi de beau, de pur. Je trouve que c’est quelque chose de valable, mais c’est peut-être plus difficile à assumer. Ça enlève peut-être le côté expérimental, artistique. Quelque chose de beau, c’est pas si marginal, mais en fin de compte ça le devient. »

Une approche personnelle, authentique et hors des modes. « Y’a aussi une volonté, avec cet album-là, de ne pas faire quelque chose qui sonne comme… Je ne veux pas être négatif parce que je l’ai fait moi-même… Mais ça ne me tentait pas de sonner comme ce qui se fait en chanson indie folk montréalaise. »

 

Sortir de sa zone de confort

Désireux d’explorer de nouvelles avenues, Paradis signe son premier recueil de chansons en français après un album instrumental puis un autre en anglais. N’empêche : les bases de sa recette demeurent les mêmes. « Dans mes tunes, la mélodie règne sur tout, même les mots se perdent dans la mélodie. Là, le défi c’était que les mots soient pas nuls. […] J’avais envie de parler d’affaires qui me sont arrivées pour vrai parce que je suis pas capable de parler d’autres choses. De ce qui me frustre, de la vie. Je voulais que ce soit émotivement engagé et que les thèmes soient universels. »

Corbeau, la plage 2 et le premier extrait, en est peut-être l’exemple le plus réussi. Une pièce transcendante qui communique un genre de questionnement existentiel. « Des fois, on dit que des chansons arrivent de nulle part et c’est pas mal ce qui s’est passé avec Corbeau. J’étais comme en grosse remise en question par rapport à ma vie amoureuse, mais aussi sur ma relation avec Dieu au sens très large. Sur ma spiritualité. […] J’ai vraiment pensé : « si t’as de quoi à me dire, dis-moi le maintenant. » J’étais au piano et c’est sorti. »

La voix de Simon a changé. Plus posée, elle est juste et en phase avec son tempérament calme. « Après Chasing Birds, j’ai vécu une dépression. Littéralement. Je trouvais que je chantais pas si bien, que certaines de mes tunes passaient mal en show… Ç’a été une grosse remise en question. […] J’ai fait des shows solo pour me forcer à m’améliorer à chanter. » La confiance retrouvée, il regagnera la scène avec son band. Ses acolytes de toujours : Hugo LeMalt (guitare), Renaud Pilote (batterie), Jane Ehrhardt (claviers) et Serge André Amin (basse) qu’on a connu avec le projet Tako Tsubo.

 

L’Issue du soir

(La Palette)

Sortie: 25 septembre 2015

*En écoute exclusive via voir.ca du 17 au 24 septembre