The Sonics / POP Montréal : Pop Sonics
Musique

The Sonics / POP Montréal : Pop Sonics

Le concert des mythiques Sonics sera l’un des événements incontournables de cette 14e édition de POP Montréal.

Quand les Sonics se sont formés à Tacoma (Washington) au début des années 1960, jamais ils n’auraient pensé un jour devenir l’un des plus célébrés et vénérés groupes de garage-rock au monde; une influence pour une multitude d’artistes, des Cramps aux Hives en passant par les White Stripes, les Headcoats, Nirvana, Mudhoney et des centaines d’autres. En moins de huit ans (la formation originale se désagrégea peu à peu à partir de 1966), le groupe a pondu trois albums dont l’essentiel Here Are The Sonics de 1965, le tout premier effort de la bande sur lequel on retrouve les classiques The Witch, Boss Hoss, Strychnine et Psycho en plus de reprises assassines de Money, Night Time Is The Right Time et l’incendiaire version de Have Love Will Travel.

Hurlements, guitares discordantes, batterie matraquée, un son sale, brut et sauvage, c’était ça les Sonics au tout début. On pourrait croire que les cinq musiciens – Gerry Roslie (voix, claviers), les frères Andy (basse) et Larry Parypa (guitare, voix), Bob Bennett (batterie) et Rob Lind (saxophone, voix) – étaient une bande de fous furieux à ne pas croiser dans la rue mais il n’en était rien… sauf sur scène. «Il y a des groupes qui sont prétentieux, arrogants et difficiles d’approche; nous on a toujours été très modestes, mais on était par contre super compétitifs», admet Rob Lind au bout du fil. Affable, disponible et pausé, le saxophoniste des Sonics ne rechigne pas à causer du passé. «Nos concerts étaient souvent dans des salles paroissiales, des gymnases d’école ou des petits clubs et nous partagions la scène avec plusieurs groupes mais à chaque fois on se faisait un devoir d’être ceux qui jouaient le plus fort et le plus furieusement! On se disait souvent «on va pulvériser tous les autres bands de la soirée, on va les annihiler, les écraser. Aujourd’hui, on est un peu plus vieux, c’est moins facile», rigole celui qui, après avoir quitté les Sonics, s’est retrouvé pilote de chasse durant la guerre du Vietnam avant de faire carrière comme pilote de ligne.

Aujourd’hui les Sonics sont en effet un peu plus vieux, la soixantaine bien sonnée, mais c’est aussi un groupe qui n’a plus rien à prouver. «C’est vrai, mais là on va se retrouver à faire quelques concerts en première partie de Robert Plant. Lui, c’est la grosse star rock’n’roll, on ne va pas le botter hors de la scène, on se voit plutôt comme les clowns de service qui sont là pour mettre un peu d’ambiance et tester le son!»

Sonics rendez-vous

Mis à part un concert en 1972, les Sonics ne sont jamais vraiment concertés pour un éventuel retour. Ce n’est qu’après avoir été harcelé durant plusieurs années par le directeur du festival garage Cavestomp de New York que le groupe accepta d’y participer en décembre 2007. Ce fut le concert qui scella la réunion des Sonics. «Le gars ne nous a pas lâché pendant au moins trois ans. Au début on a refusé puis on s’est retrouvé pour en discuter. Bob vivant à Hawaï et Andy ne pouvant plus trop jouer sur scène, on s’y est mis à trois, Gerry, Larry et moi, et on a trouvé un batteur et un bassiste pour remplacer les deux gars manquants. On s’est dit que si on arrivait à tenir la route pour ce concert, si on était content du résultat et le public aussi, on continuerait. Nous ne voulions pas que les gens aient pitié de nous et nous voient comme une bande de vieux has been. On ne voulait pas ternir la réputation du groupe. Nous avons fait deux concerts à guichet fermés. Le premier était OK mais on était un peu nerveux et le second était parfait. Deux jours plus tard, on a reçu l’appel d’un promoteur britannique qui nous invitait à venir jouer à Londres. Les deux concerts là-bas se sont vendus en quelques heures et à partir de ce moment, nous n’avons plus cessé de tourner partout à travers le monde», résume le saxophoniste qui, du temps de la première vie des Sonics, n’avait jamais vraiment joué en dehors de la Côte Ouest américaine et quelques dates en Colombie-Britannique.

Le concert à Pop Montréal sera donc le tout premier passage de la mythique formation à Montréal. On ne va pas à un concert des Sonics en pensant retrouver le band d’il y a 50 ans, on y va parce que ce sont les Sonics, basta! Ceci dit, à quoi les garagistes d’ici devront-ils néanmoins s’attendre? «On commence à faire plus de concerts en Amérique du Nord mais pendant plusieurs années, nous ne jouions pratiquement qu’en Europe où on attire beaucoup plus de monde. Ce n’est qu’après la sortie de notre nouvel album que nous avons davantage joué aux États-Unis et au Canada», précise Lind. «Donc nous faisons quelques-uns de nos nouveaux morceaux mais surtout les bons vieux classiques de nos débuts». Ce nouvel album, c’est This Is The Sonics, paru il y a quelques mois sur Revox Records. Réalisé par Jim Diamond (Dirtbombs), le disque a récolté un nombre impressionnant de critiques favorables. Ceux qui s’attendaient à un rock molasse de papys sur le retour ont eu la surprise d’entendre une série de chansons garage-rock/r’n’b proches du son sauvage de celles qu’on peut entendre sur le premier album. «Jim ne voulait pas copier notre vieux son. Il voulait par contre recréer la puissance et l’énergie que ces chansons avaient. On s’est retrouvé au studio de Jack Endino et là Jim a passé des heures à essayer de trouver les bons micros afin d’avoir ce grain particulier des vieux enregistrements. Il a été très méticuleux pour le son», insiste le musicien. «Quand nous avons enregistré nos premiers albums, nous étions des amateurs. Nous n’avions aucune expérience du studio donc on n’a jamais cherché à obtenir un autre son que celui qui avait été capté dès les deux ou trois premières prises. On a bouclé nos deux premiers disques en quelques heures. Nous étions tellement habitués de jouer ces chansons sur scène que nous avons tout simplement refait la même chose en direct en studio. En une seule prise c’était fait! Psycho, on l’a composée la veille d’entrer en studio», révèle Lind. «Pour le nouvel album, on a pris plus de temps, on a davantage travaillé l’ensemble et c’est ce qu’on fera pour le suivant, avec Jim sans doute. Nous tenions à garder l’énergie de nos concerts pour ce disque, de faire ça le plus simple possible. Donc ce que tu entends sur l’album c’est que tu entendras sur scène».

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En concert à Montréal dans le cadre de POP Montréal le mercredi 16 septembre à 21h au Théâtre Fairmount