Entrevue avec Emily Haines : C'est ça, Metric
Musique

Entrevue avec Emily Haines : C’est ça, Metric

L’histoire de Pagans in Vegas, sixième album de Metric, est celle de musiciens déterminés qui rendent un hommage énergique à ceux qui les ont précédés dans les années 1980.

«Ce qui arrive souvent dans la création, c’est que c’est l’instrument qui compose pour lui, l’inspire, et les chansons en résultent. Dans ce cas-ci, oui, ils sortent totalement ensemble»! Voilà, c’est dit. Emily Haines nous confirme que Jimmy Shaw est tombé en amour avec un synthé CS80. Si Metric, depuis ses débuts en 1998, a baigné dans différentes eaux, parfois plus sucrées ou parfois plus sombres, sans trop perdre sa ligne directrice pop-rock, on a affaire ici à un album synthpop grandement influencé par ledit instrument.

«C’est assez drôle que le gars qui a passé toute sa carrière à développer son identité en tant que guitariste rock’n’roll et vigoureux soit celui qui écrit tout un album en disant: « J’ai pas besoin d’entendre une guitare! »», rigole la lumineuse chanteuse rencontrée à Montréal, à propos de son allié. «Il est en train d’explorer et de constater que tu n’as pas à être qu’une seule chose. Ce serait du suicide d’être un band indie-rock qui refuse de voir que le monde change autour de soi.»

Ça aura pris une bonne pause au groupe canadien – complété par le batteur Joules Scott-Key et le bassiste Joshua Winstead – afin de revenir en force. C’est que la tournée accompagnant l’album Synthetica en 2012-2013, incluant beaucoup de shows et de gros shows d’aréna, n’a pas été de tout repos, avoue Emily. «Quand Fantasies s’est avéré un beau succès et qu’on a commencé à recevoir des prix, ç’a été un gros changement pour nous. Je sentais beaucoup de pression pour le prochain, Synthetica, et j’étais parfois paniquée. La pause qu’on a prise et l’écriture qu’on a réussi à faire pendant ce temps, c’est peut-être exactement la musique qu’on se devait de faire.»

Ce Pagans in Vegas, il est évidemment rempli de synthés, est bien rythmé, parfois plus dance et se rapporte beaucoup au new-wave. On y entend des clins d’œil à Joy Division et New Order, par exemple. «Ce qui rend la musique fascinante, c’est la lignée, les références, se passer le flambeau», dit Emily, avant de préciser que «c’est ça le but: de faire partie de la lignée de grands artistes qui nous ont précédés, ne pas les ignorer et penser que tu as tout inventé».

La pause précédant ce nouvel album devait durer un an, mais après six mois, Emily et Jimmy, séparés dans deux sphères de l’Amérique (Nicaragua et Toronto), étaient prêts à relancer la machine. Le matériel issu de ce repos a été tel qu’un septième album est déjà en enregistrement et devrait sortir en 2016. «Alors que Pagans sort en magasin, je travaillais sur des voix cette semaine. On a enregistré avec un orchestre de 20 musiciens hier à Toronto et on a enregistré une section de cuivres à La Nouvelle-Orléans. J’ai vraiment hâte dans les prochaines années que les gens voient tout le spectre de ces deux albums, l’ensemble que forme Pagans et le prochain disque.»

Et lorsqu’on lui demande des nouvelles de son projet solo (Emily Haines & The Soft Skeleton) et si un deuxième disque est une possibilité, elle nous surprend en affirmant: «Ce sera ça le son du septième disque de Metric. C’était une décision tout à fait consciente. Je ne veux pas aller en solo. Je veux que mon groupe évolue. J’ai travaillé à construire Metric toute ma vie et les gars qui m’entourent sont de merveilleux musiciens. J’ai beaucoup pensé à tout ça pendant notre supposée année sabbatique. Ceci est mon bateau et je ne veux pas devoir quitter ça si je désire montrer un autre côté de moi en tant qu’artiste. C’est la même chose pour Jimmy. Sur cet album-ci, il est allé aussi loin qu’il pouvait dans les entrailles de ce synthé. Et cette nouvelle avenue ne devrait pas être un side-project, c’est Metric!»

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Pagans in Vegas

Sortie le 18 septembre

ilovemetric.com