Giorgio Moroder / POP Montréal : Souvenirs intacts
Le légendaire producteur Giorgio Moroder vient nous faire danser dans le cadre de POP Montréal. Entretien avec un roi du disco!
Lors de la sortie du célébré Random Access Memories de Daft Punk en 2013, un titre en début de disque, consacré à Giorgio Moroder, retenait l’attention. Peu de temps après, le légendaire producteur italien, qui a signé dans sa carrière de nombreux hits de Donna Summer ainsi que le fameux Call Me de Blondie, commençait officiellement sa carrière de DJ, à 73 ans. Le festival POP Montréal l’a invité à venir nous faire bouger dans le cadre de sa 14e édition cette semaine. On aura donc l’occasion de danser avec lui sur ses plus grands succès, sur des chansons de son inattendu 17e album Déjà-vu, sorti en juin dernier, ainsi que sur des pièces EDM du moment. Nous avons eu la grande chance de discuter avec lui au téléphone.
«C’est vraiment intéressant de voir, lors de certains festivals, qu’il y a des jeunes de 18-20 ans et que ça va jusqu’à 40 ans environ. Puis, il y a aussi des gens âgés qui connaissaient mes pièces lorsqu’ils étaient jeunes, dit Giorgio à propos des publics rencontrés sur les pistes de danse ces deux dernières années. Les plus jeunes, à mon grand étonnement, connaissent aussi plusieurs de mes plus vieilles chansons. J’imagine qu’ils vont sur Internet pour connaître tout ça.»
Le grand producteur, qui dit être bien au courant des succès du moment et adorer la scène EDM d’aujourd’hui – il intègre d’ailleurs à sa playlist du Avicii et du Zedd –, n’a pas perdu la touche, côté technique, de la chose non plus. «Ça n’a pas changé en une journée», explique-t-il avec raison. Après tout, il avait été très innovateur dans les années 1970 en intégrant des synthétiseurs Moog à la musique disco.
«À l’époque, j’écoutais l’album Switched-On Bach de Walter Carlos et j’ai lu qu’il avait joué toutes les parties sur un module Moog. J’ai été chanceux de trouver l’une de ces machines en Allemagne, explique-t-il. J’ai commencé à l’utiliser… et je l’utilisais beaucoup. Il fut un temps où c’était quelque chose de totalement nouveau et les gens disaient « on ne sait pas trop si le son est bon », mais maintenant, c’est un instrument important comme le piano ou la guitare. C’était si inhabituel dans ce temps, mais aujourd’hui tout le monde l’accepte.»
Sur son récent album Déjà-vu, Giorgio Moroder s’entoure de plusieurs pop stars comme Britney Spears et Kylie Minogue – pour qui il n’a que de bons mots – et lorsqu’on lui demande de se remémorer l’époque forte de création avec Donna Summer, pour qui il a signé Bad Girls, Love to Love You Baby et Hot Stuff, entre autres, il dit n’avoir que de bons souvenirs.
«Quand on a commencé à travailler ensemble, j’avais déjà un peu de succès. Donna était à Munich et n’avait pas d’emploi. Le spectacle musical dont elle faisait partie avait cessé de faire des représentations. Elle faisait des petits trucs ici et là quand on a fait Love to Love You Baby et qu’on a eu notre premier hit. Elle voulait ensuite retourner aux États-Unis et j’ai dit: « Là où Donna va, j’irai ». C’est à ce moment que j’ai déménagé à Los Angeles.»
Et sa récente collaboration avec Daft Punk, celle qui aura permis au septuagénaire de relancer sa carrière, c’était à la demande du duo français?
«Ils m’ont demandé si je voulais collaborer et j’étais à Paris à ce moment. Ils ont appelé pour que j’aille en studio et j’étais prêt à aller y jouer du piano ou quelque chose du genre ou composer une pièce, mais ils m’ont dit qu’ils voulaient que je parle de ma vie. Je l’ai fait pendant plus d’une heure et de là est venu le monologue de la chanson. En tout cas, ils ont de la matière pour me faire du chantage avec tout ce que je leur ai dit!»
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En spectacle dans le cadre de POP Montréal le vendredi 18 septembre à 20h30 à l’église Saint-Jean Baptiste: popmontreal.com