The Dears : Amour old-school
Ça fait 20 ans que le puissant rock de la formation montréalaise The Dears nous fait vibrer le coeur et les oreilles. Le groupe est de retour avec un nouvel album, Times Infinity Volume One, dont la suite est d’ailleurs déjà prête.
Les anniversaires sont toujours l’occasion de dépoussiérer de beaux souvenirs. Le groupe rock montréalais The Dears sort ce mois-ci Times Infinity Volume One et souligne du même coup ses 20 ans. En entrevue dans le Vieux-Montréal, le chanteur Murray Lightburn s’est remémoré l’enregistrement du premier album du groupe, à l’été 1998, avec sa conjointe et claviériste Natalia Yanchak.
«On avait loué un enregistreur à bande de 16 pistes du magasin Steve’s Music. Le truc pesait 75 livres, ce qui était à peu près mon poids aussi! J’ai pris un taxi avec la machine pour me rendre chez Natalia et j’ai monté son long escalier afin d’enregistrer des voix. On a mixé l’album dans ce même appartement. On a trimballé l’enregistreur, des haut-parleurs géants et aussi une table de mixage Mackie. Il n’y avait pas la technologie pour faire ça sur un laptop. C’est intéressant parce que dans ce temps, il fallait vraiment être passionné pour faire ça, surtout si tu n’avais pas de budget. Aujourd’hui, il n’y a pas d’investissement, de “blood, sweat and tears” dans la création d’un album si tu ne le désires pas. Mais pour moi c’est comme une vieille personne qui ne changera jamais sa façon de penser et je commence à accepter tout ça avec l’âge, poursuit-il. Je vais disparaître au coucher du soleil en faisant mes albums old-school avec des machines trop lourdes, en essayant d’accepter que la technologie évolue et de me garder à jour avec les jeunes!»
«Quand on a commencé, il n’y avait pas d’iPhone et maintenant tu as Spotify sur ton téléphone et accès à des millions de groupes. Il y a ainsi de la saturation, ajoute Natalia. C’est facile d’essayer d’être le nouveau band de l’heure, puis arrêter ça et partir le prochain groupe de l’heure. Je ne dis pas que c’est plus facile de rester dans un groupe pendant 20 ans, mais il faut continuer à faire de la musique et ne pas perdre son identité.»
À travers les grands bouleversements dans l’industrie de la musique, on constate que The Dears est l’un de ces groupes qui, malgré quelques tempêtes et changements de personnel dans les années 2000, a su continuer à faire les choses à sa manière en bûchant fort, tout en conservant un public fidèle. Et justement, ce Times Infinity Volume One, dont les textes sont très personnels mais qui baignent aussi dans l’onirisme, tourne surtout autour d’une idée centrale: celle de se battre pour conserver ce qu’on a construit, que ce soit l’amour, la famille ou la carrière.
«Quand j’étais dans la vingtaine, jamais j’aurais pu imaginer vivre la vie que j’ai aujourd’hui, explique Murray. Pour moi, l’album est un regard en arrière sur la vie que j’ai vécue depuis ce temps-là tout en étant fermement planté dans le présent. Ne pas vouloir retourner en arrière, ne pas vouloir changer quoi que ce soit et en étant sans regrets. C’est un regard en arrière grisonnant dans le temps.»
«Je crois qu’il y a définitivement une thématique autour de la permanence de l’amour – que ce soit positif ou négatif – et des relations sur l’album; les relations qui commencent et qui se terminent, l’intemporalité des sentiments, la fin des sentiments, toutes ces choses», ajoute Natalia.
Et lorsqu’on demande ses impressions sur ce nouvel album à Patrick Krief, qui signe encore une fois de magnifiques guitares sur Times Infinity Volume One, on comprend toute la complicité qui les unit depuis tout ce temps.
Patrick: «C’est habituellement assez relaxe comme atmosphère, mais j’ai l’impression que cet album était encore plus relaxe que les autres. Je sentais qu’on n’était pas pressés pour rien.»
Murray: «Je crois que cela vient avec l’expérience aussi, la quantité de musique qu’on a fait ensemble. On fait nos albums de façon très old-school. On joue tout et c’est très spirituel – on est dans le moment et on rêve. On rêve jusqu’à ce que le rêve devienne réalité et sorte des haut-parleurs. Après, tout le monde sent ce qu’il se passe et on continue et l’atmosphère devient fébrile et puis la journée est terminée alors tu vas dormir et tu refais la même chose le lendemain. C’est très étrange. Patrick et moi faisons beaucoup de jams dans nos appartements ou en studio. Parfois, ça ressemble à un puzzle qu’on met en place pièce par pièce.»
Natalia: «Vous arrivez tous les deux avec des trucs composés.»
Patrick: «Oui, en ne sachant pas…»
Murray: «…qu’on a écrit la même chanson ou quelque chose du genre. Ça arrive souvent!»
Patrick: «On est sur le même canal!»
Murray: «Oui, même fréquence!»
Natalia: «Ça me fait penser à un truc. L’autre jour, notre fils voulait jouer avec ses deux voitures télécommandées, achetées à deux endroits complètement différents. On allait se faire une course, mais lorsqu’on a appuyé sur l’une des deux télécommandes, les deux voitures sont parties en même temps. Une seule télécommande contrôlait les deux voitures! C’est exactement comme ça que ça se passe avec vous!»
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Times Infinity Volume One (Pheromone Recordings), disponible le 25 septembre