Francis Faubert : Grinçant retour aux sources
Le rock de Francis Faubert prend du galon avec ce nouvel album, Maniwaki, dédié aux gens de son village natal, Duclos.
Impliqué bien malgré lui dans les déboires du RIME en 2013 – alors qu’un producteur de spectacles a floué de nombreux artistes et diffuseurs –, Francis Faubert est retourné aux sources à la suite de ce malheureux épisode et il en est ressorti grandi avec un second album complet.
«J’ai eu une grosse écœurantite de toute, avoue le musicien. Je ne voulais pas faire de disque après cette époque-là. J’ai sacré mon camp à Duclos, le village où je suis né. J’ai pris le chalet de mon grand-père et je suis resté là un an et j’ai écrit des tounes, mais je ne pensais pas nécessairement faire un disque avec ça. C’était juste de l’écriture et j’enregistrais et je faisais ma préprod dans le petit studio de mon cousin.»
Cette pause dans le petit village d’une trentaine d’âmes situé dans la région de l’Outaouais aura été plus que bénéfique pour Francis Faubert. Il s’est approprié et a romancé un peu les histoires des gens autour de lui pour les textes du disque. On constate que la vie n’est pas toujours facile à l’écoute de Maniwaki. Les personnages de Faubert travaillent fort pour arriver à leurs fins, mais les embûches sont nombreuses et le bonheur est difficile à atteindre. L’expérience s’avère néanmoins franchement humaine.
«Dans l’écriture, j’essaie de mettre la caméra le plus proche possible du sujet, dans la face – qu’on voit les points noirs tellement elle est proche! J’aime que ce soit intime comme ça, surtout avec les personnages qui sont dans ce disque-là. Ils sont tellement touchants d’humanité et misérables en même temps. C’est pas la grosse joie, mais y a quand même de la lumière, dans l’intimité de la chose. Je pense que les gens se reconnaissent là-dedans aussi parce que c’est quand même assez proche de la vraie vie.»
Si les histoires de Duclos sont plus sombres que ce que l’on retrouvait sur le plus festif premier disque de Francis Faubert, sa musique s’éloigne aussi du folk country de ses débuts. Le musicien s’est manifestement épanoui avec Fred Fortin, avec qui il a réalisé un EP de trois titres à la fin de l’année 2013. Sur Maniwaki, Faubert a renoué avec Dany Placard et avec un rock plus lourd.
«Je viens plus de l’école de Led Zeppelin, Jimmy Hendrix et tout ça, admet le chanteur. Je viens vraiment plus du rock que du country. Le premier album, c’était un buzz où je filais country. Je venais de découvrir les vieux Hank Williams et Johnny Cash. J’étais pogné là-dedans, tandis qu’avec Fred ç’a m’a ramené aux sources. Ça m’a donné vraiment l’assurance de faire du rock en français. Je ne pensais pas que je serais capable de "fronter" un rock avec le genre de tounes que j’écris. Finalement, ça marche pas pire!»
Sur deux pièces de ce nouvel album, Celle qui s’couche et Moman, on a même la chance de savourer de bons vieux solos de guit’ bien grinçants! Ça fait du bien d’entendre ça. Les musiciens d’aujourd’hui ne s’en permettent plus assez, des solos du genre, non?
«C’est vrai! Moi, je capote là-dessus. En fait, c’est comme ça que j’ai appris à jouer de la guitare. Je suis meilleur pour faire des solos comme ça que pour m’accompagner moi-même. Y a eu une espèce d’écœuratite, je pense, pour les solos de guitare. Je sais pas pourquoi on n’en entend plus. On dirait que les gens essaient de l’éviter, mais moi j’aime vraiment ça. En fait, il faut les torcher aussi, les rendre les plus grinçants possible, à la limite du supportable… je trouve ça le fun!»
Et le spectacle accompagnant le disque devrait être jouissif pour les amateurs de rock puisque Francis Faubert promet que l’énergie ressemblera beaucoup à celle entendue sur l’album. «Le show va ressembler beaucoup au disque parce que le disque a été fait de façon rapide et dangereuse.»
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Maniwaki (Coyote Records)
Disponible le 9 octobre
En écoute sur voir.ca jusqu’à sa sortie
Lancement gratuit le 13 octobre à La Vitrola en formule 5 à 7; En concert le 5 novembre dans le cadre de Coup de coeur francophone