Les sœurs Boulay : La maison a une adresse
Après avoir passé les trois dernières années sur la route, Les Sœurs Boulay ont posé leurs valises et ont trouvé leur maison.
Avec 4488 de l’Amour, Les sœurs Boulay s’apprêtent à revivre le cycle qu’est la tournée et la promotion d’un album. Elles l’ont vécu assez intensément pendant plus de deux ans, parties à la rencontre des publics d’ici et d’ailleurs après la sortie du premier album Le poids des confettis. L’expérience de la vie de tournée est acquise et les voilà prêtes à s’attaquer à la route à nouveau.
«On sait qu’il faut dire non parfois et qu’il ne faut pas travailler plus que sept jours par semaine. Je déconne, mais on n’avait jamais de journées de congé avant. Là, on s’en prend. On se bloque tout de suite des périodes de vacances, dit Stéphanie en entrevue. On veut que ça reste dans le plaisir et on veut avoir envie chaque fois qu’on met le pied sur le stage d’être là.»
Si on cumule les exploits professionnels des sœurs Mélanie et Stéphanie, ça va comme ça: elles ont gagné le concours Les Francouvertes en 2012, ont sorti Le poids des confettis chez l’important label montréalais Grosse Boîte en 2013; elles ont remporté un premier Félix (Révélation de l’année en 2013), puis un deuxième (Groupe de l’année en 2014); elles ont chanté à l’émission la plus regardée au Québec – La Voix – en 2014 et ont joué devant environ 30 000 personnes aux FrancoFolies de Montréal cet été. Que de belles expériences, beaucoup de succès, mais peu de répit.
«Si je repense au lancement d’album, c’est un énorme boost, un but qui est réalisé. Et tu te réveilles le lendemain et tu te dis: what’s next?», dit Stéphanie avant que Mélanie intervienne: «Ça laisse un sentiment de vide et de vertige immense. Pis on n’a jamais vraiment eu le temps de pogner le trou, parce que y avait toujours quelque chose d’autre qui arrivait après. C’est trois années qui ont été vraiment essoufflantes et à la fois enivrantes. On a fini cette tournée et on était vraiment vidées. On ne savait plus si on faisait le bon métier. L’énergie est vraiment revenue, mais différemment. Moi, je me sens plus excitée encore que je l’ai jamais été par rapport au projet et par rapport à la continuité de notre duo.»
Elles avaient besoin d’un break et le cheminement qui a suivi est au cœur de 4488 de l’Amour. L’année dernière, les sœurs Boulay sont parties en voyage simultanément – Mélanie en Inde et Stéphanie au Costa Rica, au Mexique et à La Nouvelle-Orléans – pour se dépayser et mieux revenir à la création. Le disque s’ouvre avec Les couteaux à beurre, une pièce qui parle de la demeure de leur enfance en Gaspésie et ouvre la porte au grand thème du disque: trouver sa maison. Est-ce que voyager, ça fait réaliser ce dont on a besoin?
«Une fois que c’est fini, la tournée, et que tu te retrouves à ta maison, ben tu te sens encore pas tant que ça à la maison parce que tu ne sais plus tant c’est où la maison, donc t’as besoin de retourner ailleurs. Un jour, ta maison devient ta valise. Et c’est fucké, ce que ça fait: quelqu’un s’approche de ta valise et tu deviens agressif», explique Stéphanie avant que Mélanie ajoute: «Quelqu’un rentre dans ta loge et tu te sens comme si on venait de rentrer chez toi, dans ton intimité, dans tes affaires parce que t’as pu de place.»
Le titre de ce nouvel album fait référence à l’appartement du Plateau-Mont-Royal que les sœurs partagent avec deux autres musiciens. Si l’album représente la quête d’une maison, elles l’ont trouvée au 4488, un endroit qui se passe de musiciens en musiciens depuis des années, «où on est libres de s’exprimer». Elles ont aussi trouvé une maison avec des collaborateurs de longue date – le réalisateur Philippe B et les musiciens Gabriel Gratton, Manuel Gasse et Jesse Mac Cormack. «On a élargi la famille et on s’est rendu compte que la famille pouvait vraiment être plus grande et qu’on était ben encore», précise Mélanie.
Et ça vous fait quoi, d’habiter et de créer à deux, bref d’être toujours ensemble, les filles?
Stéphanie: «Pu rien!»
Mélanie: «On a vraiment fait du travail sur nous cette dernière année. On prend plus soin de nous et ça se sent dans notre relation. C’est con, mais on fait du sport, on mange bien. Steph fait du yoga, moi je cours. Ça fait qu’on s’entend mieux dans la vie de tous les jours. On ne franchit plus la barrière à ne pas franchir. On se connaît mieux, on a appris à se respecter davantage et on travaille vraiment mieux ensemble. Ça tire moins de jus.»
C’est loin d’être la grisaille au 4488. L’album est lumineux, toujours dans le registre folk-pop avec des arrangements en finesse, et parle aussi d’amour dans quelques textes doux-amers, sérieux-pas-sérieux, un peu comme son prédécesseur. «Je pense que l’une des raisons d’exister, c’est de trouver la personne avec qui tu veux être pour longtemps. Moi, en tout cas, c’est une chose à laquelle j’aspire dans ma vie, avoue Mélanie. C’est pas facile de faire le métier qu’on fait et d’essayer de garder des relations stables. J’imagine que c’est pour ça que l’album parle beaucoup d’amoooour!»
///
4488 de l’Amour
(Grosse boîte)
Disponible le 16 octobre