Alvvays : Douce naïveté pour toujours
Le quintette pop-rock canadien Alvvays revient en ville après le succès international de son jouissif premier album.
À l’écoute de la chanson Archie, Marry Me, on retombe directement en adolescence. Le premier disque homonyme du groupe canadien Alvvays est rempli de fraîcheur, de naïveté, de douce pop-rock franchement accrocheuse. Un excellent remède à la grisaille et un disque parfait de roadtrip. Les deux membres du quintette que l’on a rencontrés cet été, Molly Rankin (chanteuse et guitariste) et Alec O’Hanley (guitariste), sont très humbles par rapport à leur succès international et expliquent pourquoi ils ont fait patienter les fans pour l’album.
Molly: «C’est fou d’aller en Autriche un mardi ou mercredi et de voir des gens crowdsurfer, parce que les gens ne font pas ça d’où on vient! On avait des attentes très basses parce qu’on est habitués à l’échec. Tout ce qui nous est arrivé après la sortie de l’album, c’est la cerise sur le sundae.»
Voir: «Pourquoi dites-vous que vous êtes habitués à l’échec?»
Molly: «La plupart du temps, quand t’es un groupe canadien, tu lances des trucs et ils existent pendant une semaine et ensuite ils se dissipent. C’est difficile pour la musique canadienne de se tailler une place aux États-Unis et que les gens là-bas nous écoutent. On s’attendait à ce que notre tentative de percer échoue, mais on s’est accrochés longtemps et on s’est assurés que ce n’était pas le cas. On voulait vraiment un label aux États-Unis et on en a eu un, puis un en Angleterre. Ç’a pas mal aidé!»
Alec: «On avait écrit des chansons auparavant qui avaient eu ce genre de sort et qui étaient juste disparues dans la brume trop rapidement. Des bonnes tounes!»
Molly: «On a eu plein d’amis dans de meilleurs groupes qui ont sorti de super bons disques et qui sont disparus immédiatement. C’est qu’il ne faut pas frapper les gens sur la tête avec ta musique tout le temps. Si tu peux faire ça discrètement et graduellement, te construire quelque chose lentement, c’est la situation idéale.»
Originaires de la Nouvelle-Écosse et de l’Île-du-Prince-Édouard, et désormais installés à Toronto, les membres d’Alvvays surfent encore sur le succès de leur premier album. Lancé en juillet 2014, le disque était l’un des 10 finalistes au prix Polaris du meilleur album canadien cette année – mon favori parmi la liste, pour tout vous dire – et sa pièce la plus accrocheuse, Archie, Marry Me, s’est retrouvée sur de nombreuses listes «best of» de fin d’année, dont Pitchfork et Rolling Stone.
Molly: «C’est tellement drôle, parce que je ne crois pas que la chanson a eu tant d’impact avant que les listes commencent à sortir, six mois plus tard. J’étais vraiment têtue par rapport à la sortie de l’album et je sentais beaucoup de pression des gens en périphérie qui pensaient qu’on était fous de ne pas le sortir avant et qui pensaient que l’intérêt envers le groupe allait se dissoudre. On s’est dit: « Ça vaut la peine d’attendre ». Je pense que cette chanson est vraiment bonne!»
Alec: «C’est une pièce très pure et on le savait, donc on se devait de s’assurer que l’enregistrement serait aussi pur que possible. Il fallait atteindre le point magique parce que la chanson le méritait.»
Molly: «Aussi, il faut dire qu’on a envoyé Archie, Marry Me à pratiquement tous les labels canadiens et personne ne nous est revenu. On a essayé de trouver un label canadien, mais ça n’a pas fonctionné alors nos amis ont fini par sortir le disque. Notre label américain est arrivé en premier.»
Et après tout ce temps, ils sont encore en amour, comme nous, avec leur premier album. «Je ne m’en suis pas encore lassé!, lance Molly. On vient tout juste de commencer à utiliser des écouteurs intra-auriculaires sur scène, alors j’ai encore plus de fun!»
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En spectacle le 15 octobre à Ottawa (Algonquin College), le 20 octobre à 20h à Montréal (Théâtre Corona) et le 21 octobre à 20h à Québec (Cercle)