Daby Touré : Comme Dabytude
Musique

Daby Touré : Comme Dabytude

Il revient enfin à Montréal après une longue absence et avec un nouvel album idéal. Homme simple, créateur inspiré et… bête de scène.

Invité par Nuits d’Afrique en 2006, Daby Touré en trio avait foutu le feu au Balattou bondé et trop petit sur le boulevard Saint-Laurent. Musicien archidoué et d’une rare polyvalence, le Mauritanien fait des disques riches et léchés, mais il simplifie tout sur scène, traînant ici une réputation de rockeur rageur qui saccage les planches. Le chanteur se ravise maintenant et nous propose de refaire avec lui tout son parcours musical. Ça va du duo Touré Touré jusqu’à son cinquième album très réussi, Amonafi, en passant par son séjour à la maison de Real World de Peter Gabriel. «Bien sûr, dans cette tournée-là, j’ai une approche différente et je suis dans un mix qui ressemble un peu plus au disque», explique l’artiste avec ce mélange de sincérité et de passion. «Beaucoup de gens viennent pour reconnaître les chansons, c’est normal. Et, bien souvent, elles ont été déstabilisées parce que j’ai été trop, trop loin. Je n’ai pas fait exprès, mais c’était, d’une certaine manière, voulu. Pour moi, la scène c’est un endroit où l’on doit se laisser guider par l’énergie du moment. C’est une autre énergie. Il est important que les gens voyagent de manière différente même s’ils reconnaissent quelques repères.»

Autour du feu

Africain du Sahel et citoyen du monde, Daby Touré n’a rien d’un sapeur, d’un «ambianceur», ni d’un quelconque prédicateur. Élevé par Mahily sa grand-mère de Casamance, chez qui son père l’a envoyé pendant cinq années, il a acquis le don de raconter et se raconter. Sur son nouveau disque –dont le titre, en langue wolòf, signifie «il était une fois» il nous fait des récits et nous brosse des portraits en forme de vignettes. Des vignettes remplies d’empathie et d’humanité comme Oma, sur des musiques qui donnent une irrépressible envie de chantonner ou, simplement de taper du pied.

«Maintenant, j’ai envie de m’exprimer, de raconter beaucoup plus. L’actualité me pousse. Il se passe tellement de choses dans notre monde aujourd’hui… on vit un moment très bizarre où les gens disent n’importe quoi, où tout a été faussé, tronqué par des extrémistes. Moi je suis plus assis, plus tranquille dans ma tête aussi. Il était important de laisser couler les choses, de les vivre surtout pour pouvoir après les raconter. Je ne suis pas quelqu’un qui pouvait rentrer dans le cheminement classique album+promo+live. Pour moi, c’était briser ce rêve que j’étais en train de vivre et qui m’est personnel. C’est autre chose que simplement aller sur des plateaux de télé et de parler de soi. La musique c’est d’abord en moi que je la vis. Elle m’a sauvé des eaux et de pas mal de choses. Je la respecte énormément, jamais je ne m’amuserai avec ça».

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Au Théâtre Fairmount, vendredi 23 octobre, à 20h30

dabytoure.com