20 ans de Stomp Records: Entrevue avec Matt Collyer des Planet Smashers
Musique

20 ans de Stomp Records: Entrevue avec Matt Collyer des Planet Smashers

Le vénérable label montréalais Stomp Records célèbre ses 20 ans avec une série de concerts au Canada. Nous avons discuté avec son cofondateur Matt Collyer, leader des tout aussi vénérables Planet Smashers, qui, eux, célébraient leur 2e décennie l’année dernière.

VOIR: Si on revient en 1994, c’est quoi l’histoire derrière Stomp Records?

Matt Collyer: «On se disait que ce serait cool de partir un «faux» label à Montréal. Pour les trois premières années, c’était seulement moi et Jordan Swift des Kingpins. C’était simplement une manière de sortir nos propres disques. On se disait: «y’a personne d’autre qui sortira ces trucs alors aussi bien le faire nous-mêmes!» J’ai tout payé avec mes cartes de crédit. C’était un gros investissement, j’ai du me prendre six cartes de crédit. C’était beaucoup d’argent, surtout pour un gars encore à l’école, ce qui était mon cas. Ça représentait bien plus que mes frais de scolarité et vraiment plus que mon loyer pour les deux années suivantes.»

Du lot des groupes qui ont connu le succès, desquels es-tu le plus fier?

«Il y en a plusieurs, mais le groupe avec qui on travaille dont je suis le plus fier c’est The Flatliners. Ils ne sont pas des stars mais les choses vont plutôt bien pour eux. Bedouin Soundclash, c’est un autre groupe qui a eu beaucoup de succès commercial. C’est motivant d’être impliqué avec des groupes comme The Undercovers – dont les membres ont ensuite fondé The Stills – ou bien Gangster Politics. Patrick Watson était dans le groupe alors qu’il était à la fin de l’adolescence. C’était cool de le connaître à cette époque et ensuite de voir où il est maintenant.»

Parle-moi de l’évolution de Stomp Records. Vous avez commencé par le ska puis vous y avez mêlé le punk-rock?

«On a commencé à intégrer d’autres genres musicaux graduellement. On voulait partir un label de musique mod. Ça, c’est devenu Tyrant Records, qui a existé peu de temps, mais sur lequel on a lancé une compilation best-of de musique «modern-surf» canadienne en 1997. Puis on a lancé un disque des Gruesomes, puis des Datsons, mais on n’a pas poursuivi avec le mod. Vers la fin de l’année 1999, on a commencé à réaliser qu’on avait besoin de plus de matériel et qu’il fallait aller vers le punk-rock. On avait toujours tripé sur le punk-rock. On a eu une offre de reprendre le flambeau du label punk montréalais 2112 et c’est comme ça qu’on a pu travailler avec Reset et d’autres bands locaux comme Men O’ Steel. Aujourd’hui, ils sont oubliés, mais à l’époque, c’était assez big! C’est au moment où on a lancé le label punk qu’on a commencé à voir la mort de la vente au détail. On a été un des premiers à faire la distribution digitale, ce qui était très bon. Ça, c’était l’initiative de Mike Magee. Quand il est arrivé avec nous à la fin des années 1990, il a dit «c’est en train de changer, il faut qu’on se lance là-dedans». À ce moment-là, on a aussi changé les choses côté distribution en signant un contrat avec Warner, ce qui a stabilisé les choses pour Stomp. Il fallait se battre pour avoir nos disques en magasin alors que les gens cessaient d’acheter des disques pour les voler en ligne.»

Et l’industrie a d’autant plus changé dans les dernières années. Les gens ne s’attendent plus vraiment à payer pour la musique.

«Ce sentiment-là est dans l’air depuis une décennie selon moi. Bien des gens dans l’industrie de la musique sont en faveur des plateformes d’écoute en ligne et pour être honnête, je dois dire que ça pourrait être amélioré significativement et les artistes et les gens autour devraient recevoir plus d’argent. Mais je trouve qu’il y a de moins en moins de gens qui sont prêts à télécharger illégalement la musique parce que ça donne quoi faire ça si tu peux l’écouter en ligne? Tu payes alors un peu plus, mais c’est légal. Si on peut augmenter un tout petit peu les frais des plateformes en ligne, maintenant qu’il y a tant d’abonnés, ça stabiliserait l’industrie et ça ne devrait pas déranger le système. Je crois qu’il a de l’espoir.»

Comment as-tu réussi à avoir un label et à être dans un groupe en même temps pendant toutes ces années?

«Heureusement, y’avait du bon monde qui travaillait chez Stomp! Quand les Planet Smashers étaient en tournée, Mike Magee et d’autres gens – qui travaillent désormais chez Vice Records, evenko et iTunes – faisaient du super boulot! Et notre équipe actuelle travaille encore aussi fort. Mais il fût un temps où je me suis brûlé. Avec les Smashers, c’était difficile. On était en tournée à temps plein pendant 10 ans, à faire 200 shows par année. À un moment tu réalises que c’est super, mais tu te demandes ce que tu vas faire du reste de ta vie. Je suis alors revenu à temps plein au label et je suis heureux. Et j’ai la chance de continuer à jouer avec les Smashers, environ 40-50 shows par année, ce qui est pas mal pour un groupe à temps partiel!»

On vous souhaite que du bon pour les 20 prochaines années!

«Merci! On a signé beaucoup de bons bands cette année. La plupart sont jeunes et leur carrière est en développement, mais ils s’entendent bien et ils travaillent fort. Je suis excité!»

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Quelques dates de la tournée des 20 ans de Stomp:

23 octobre – Montréal @ Club Soda – avec Planet Smashers, SUBB, Beatdown, DRKGB

24 octobre – Québec @ Le Cercle – avec Planet Smashers, SUBB, Beatdown

29 octobre – Québec @ L’Anti – avec Brains, Los Kung Fu Monkeys, East End Radicals

30 octobre – Montréal @ Katacombes – avec Brains, Los Kung Fu Monkeys, East End Radicals, Kman + 45s

1er novembre – Ottawa @ Mavericks – avec Planet Smashers, Brains, Los Kung Fu Monkeys, East End Radicals

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