Christine and the Queens : Dans la cicatrice
Musique

Christine and the Queens : Dans la cicatrice

Depuis l’été 2014, Héloïse Létissier, alias Christine pour Christine and the Queens, suit la pente ascendante vers le succès international. Après avoir conquis le monde francophone, elle s’attaque à la bête américaine et revient en terrain connu.

Rencontrée l’été dernier, lors de son second passage à Montréal, dans le cadre du Festival Osheaga, Christine se montre sous un jour coquin, mais empreinte d’une «bonne» fatigue, résultat d’une année mouvementée. «Et bien, ouais, j’arrête pas une minute, admet la chanteuse. C’est très sportif! Tu deviens une athlète, en fait. Tu apprends à faire attention à bien dormir, bien manger, faire du sport, rester en forme, pour encaisser, aussi. Émotionnellement, il y a beaucoup de choses qui se passent qui sont très belles, mais tout est aussi très physique […], je me souviens presque de ça dans mes muscles, de cette année. C’est un truc très concret. Et en même temps, c’était tellement inespéré et tellement joli que, même quand je suis crevée, j’ai pas envie d’être triste.»

Sa Christine, elle la promène, mais lui garde toujours une écoute attentive, depuis ses débuts, bien cette personae soit en constante transformation. «C’est plutôt mettre un nom sur une énergie qui est celle que j’ai quand je monte sur scène ou quand je crée, qui est beaucoup plus décomplexée que ce que je suis moi. Elle change une façon de voir les choses […], d’assumer certaines choses. Christine, pour moi, elle est très queer, dans le sens où, pour moi, la philosophie queer, c’est que tu prends toutes tes cicatrices, tout ce qui te fait honte, tout ce qui te fait de la peine, et tu transformes ça en quelque chose de glorieux. C’est une solution, dès que je me sens perdue, triste ou malheureuse. Maintenant, je sais que je vais peut-être en faire quelque chose, peut-être une chanson.»

Cette énergie créatrice, Christine la partage volontiers avec ceux qui l’entoure, depuis les débuts de sa carrière et poursuit dans cette veine. «Et ça peut être à tout le monde, c’est ce que j’aime bien. Il y a des gens qui m’écrivent des lettres, maintenant, et qui me disent «ma Christine à moi, elle m’a aidée à faire ça», et je trouve ça super! Je trouve ça joli, c’est bien que ça puisse appartenir à tout le monde.»

Celle qui, sur scène ou en vidéoclip, mêle chanson électro et danse, lançait cet automne une nouvelle mouture de son premier album homonyme, aux États-Unis, un marché qu’elle appréhendait déjà cet été, sans en faire grand cas. «J’ai réécrit certaines chansons en anglais, pour la sortie là-bas. J’ai eu des feat[urings] qui me plaisent beaucoup. J’ai fait un titre avec Perfume Genius qui est un mec que j’adore, un feat avec un jeune rappeur américain [Tunji Ige]. Il y a des titres en plus pour l’album américain, je vais faire des premières parties de Marina and the Diamonds et puis on verra! On verra ce qui se passe là-bas. Et si ça prend, ça prend, et si ça prend pas, j’irai dormir», lance-t-elle en chantant sa dernière phrase, tout en rigolant.

Lancée le 16 octobre dernier, la version américaine du premier album de Christine and the Queens récolte déjà les éloges, entre autres sur Pitchfork qui suit déjà sa carrière. Tranquillement, l’artiste française sème son électro-pop sur les scènes d’Amérique du Nord, avant de se remettre à l’écriture d’un second album. «Il y a cette question des États-Unis, on ne sait pas ce que ça va donner, mais on verra. Sinon, dormir, oui, et je pense aussi déjà un peu à la suite. J’ai commencé à écrire. J’aimerais bien qu’il y ait plus de transpiration, que ce soit plus suintant, un peu plus funky. J’dis ça, mais je sais pas si je vais y arriver! Cet album, Chaleur humaine, j’ai beaucoup d’affection pour lui parce que je le trouve très touchant, il est très mélancolique. Mais y’a pas que ça chez moi, en fait, je pense qu’il y a un côté un peu plus rough et funky que j’ai envie d’un peu creuser pour la suite. Ce ne sera pas tout de suite, tout de suite, mais voilà!»

Après un passage réussi devant un Métropolis plein à craquer en février dernier, puis un beau succès devant un public curieux à Osheaga, cet été, Christine and the Queens se fera à nouveau le Métropolis, cette fois-ci en première partie de Marina and the Diamonds, le mardi 3 novembre, dès 20h00.

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