Maude Audet / Nous sommes le feu : Entre l'ombre et la lumière
Musique

Maude Audet / Nous sommes le feu : Entre l’ombre et la lumière

Sa musique allie poésie et guitare grunge, voix mutine et thèmes matures. Maude Audet joue de contrastes sur son nouvel effort qui risque enfin de la sortir de l’obscurité.  

Mai 2013. L’auteure-compositrice-interprète Maude Audet sortait un premier album intitulé Le temps inventé, un bouquet de chansons savamment fanées et réalisées par son complice Navet Confit. Une oeuvre qui n’a pas beaucoup circulé, certes, mais qui s’est fait une place sur le logiciel de mise en ondes de CHYZ et celui des autres radios étudiantes ou communautaires. Déjà, on entrevoyait le potentiel commercial de sa pop aigre-douce, son folk un peu shoegaze par moments (pensons à Dans le désert) qui a vite fait de ravir les mélomanes bien informés assoiffés de nouveautés. «Je suis super fière, mais c’était vraiment de l’exploration. […] Tandis que pour le deuxième, je savais quelle direction artistique prendre. Cet album-là est plus pensé et je crois que ça paraît.»

Cette fois, la musicienne mise sur des arrangements plus organiques. Exit la superposition de couches de claviers et de sons synthétiques. «C’est de cette affaire-là que je me suis tannée avec le temps. Je n’ai pas honte de ce que j’ai fait, mais j’avais envie de trouver un son peut-être plus old school.» Elle conserve toutefois les riffs de guitare acérés qui font involontairement sa signature. «Je crois que ça vient du fait que je suis autodidacte. Je compose d’une façon plus carrée. T’sais, j’ai pas une approche jazz avec des accords en septième!»

 

Brouiller les pistes

Sans faire dans la chanson engagée ou moralisatrice, Maude dénonce bon nombre de choses qui la blessent et la bouleversent dans ses textes aux mots méticuleusement posés. C’est le cas de On leur demande, la plage 7. «Cette chanson-là m’a été inspirée par les enfants de la guerre. Je trouve ça troublant que des enfants ne puissent pas avoir d’enfance, qu’ils n’aient pas l’intelligence ni la compréhension pour utiliser ces armes-là. C’est d’une grande tristesse.»

Le climat d’austérité a aussi, de son propre aveu, teinté ses chansons sans que ce soit évident. Le titre Troubles-fête en témoigne, avec son texte qui évoque le désir de se tenir debout et de garder ses convictions, même en vieillissant. «Je suis beaucoup inspirée par l’air du temps en général, les injustices sociales, les tragédies qui se passent un peu partout même si ça reste un peu flou dans mon écriture. Par choix, parce que j’aime penser que mes chansons ne s’arrêtent pas dans le temps à un jour précis, qu’elles peuvent être interprétées par la personne qui l’écoute.»

 

… et autres tâches connexes!

Maude Audet a longtemps souffert du syndrome de l’imposteur. Précisons que la parolière et chanteuse est scénographe de formation, un métier qu’elle a appris au Conservatoire d’art dramatique de Québec. «Je suis de la même cohorte que Marie-Renée Bourget Harvey, et actuellement on travaille ensemble sur la nouvelle création de Steve Gagnon qui est montée aux Écuries. J’ai travaillé sur Assume [le one man show de Fabien Cloutier, son amoureux] aussi cet automne.» Parmi ses innombrables réalisations au théâtre, on note le costume du chum à Chabot dans Cranbourne et Scotstown, l’adaptation de L’absence de guerre de David Hare mise en scène par Édith Patenaude et La chatte sur un toit brûlant de Tennessee Williams selon Maxime Robin. Un mince échantillon de ses nombreuses réalisations.

Cerise sur le banana split: Maude est aussi artiste visuelle et c’est elle qui a bricolé les collages qui illustrent sa pochette de disque. Un long procédé constitué d’une recherche d’images souvent vintage, de numérisations, de manipulations dans Photoshop et de coups de vrais pinceaux ou de crayons. Une première série fort réussie qui, on l’espère, lui donnera envie d’exploiter cet autre talent.

 

Nous sommes le feu

(Sainte Cécile)

En vente le 13 novembre et en streaming chez nous jusqu’à sa sortie