Geoffroy : La voix du caméléon
Musique

Geoffroy : La voix du caméléon

Des gros voyages, un passage remarqué à La Voix, un emploi sur le plateau de X-Men… le chanteur Geoffroy ne manque pas d’expériences florissantes. En juin dernier, il lançait l’irrésistible extrait You Say, qui allait mettre sa carrière musicale sur les rails de façon définitive.

C’est la fin d’une répétition avec ses deux musiciens. Geoffroy nous montre le décor qui héberge ses instruments ces temps-ci: un ancien monastère que ses amis sont en train de rénover. Ses instruments sont flambants neuf et on constate le choc du vieux et du nouveau. La direction qu’a prise la carrière de Geoffroy est aussi un clash de deux mondes: il a été révélé à La Voix en 2014, est passé par la grosse machine télévisuelle, a charmé le grand public et a créé un premier EP très DIY (Homemade) avec son folk épuré à la guitare acoustique, puis, un an plus tard, il a plongé tête première dans l’électro et a signé un contrat de disques avec une boîte davantage à son image, Bonsound (Radio Radio et Milk & Bone).

Qu’est-ce qui l’a mené à ce changement de registre? Un mariage de deux mondes, explique le chanteur. «J’écoute ça aussi, de l’électro. J’écoute du folk aussi, j’aime les deux. Je cherche encore ma direction artistique. Après La Voix, ç’a a eu des répercussions et dans mes cercles d’amis, y’a Max-Antoine Gendron, que je connaissais du Collège Jean-de-Brébeuf, qui m’a écrit. Il a un projet électro qui s’appelle Prince Club. C’est un réalisateur et producer qui a son studio chez lui. Un matin, il me dit «Yo, on va gagner un Juno! Il faut que tu viennes. On va faire des chansons. Ça va être fou!» (…) Je suis allé chez lui une vingtaine de fois à travers l’été et l’hiver. Ça allait pas si vite que ça, mais au début de l’été on s’est dit: «ok, il faudrait finir ça et le mettre en marché. On a lancé You Say le 1er juin et ça eu plus d’impact que je pensais. Grâce à La Voix, les médias tendaient l’oreille. Ils étaient intéressés et curieux de voir ce qui allait sortir du gars qui avait oublié ses paroles! Ç’a a été bien reçu.»

Il est intéressant de noter que la reprise qui a mené Geoffroy à La Voix en 2014 – après qu’il soit allé faire les auditions un peu à reculons, à la demande d’un ami – est No Diggity, chanson que le chanteur et beatmaker Chet Faker a aussi reprise dignement en 2013. La voix chaude de Geoffroy mariée à l’univers de Prince Club sur le nouvel EP Soaked In Gold rappelle définitivement la musique du barbu australien.

«Si le nouveau EP est différent du premier, c’est grâce à l’influence de Max-Antoine et à son background plus électro-house, dit le chanteur. Moi, je suis vraiment «go with the flow», j’aime travailler dans le style dans lequel les réalisateurs avec qui je travaille sont le plus confortables. Pour Soaked in Gold, c’est donc un cross-over chanteur-compositeur/électro. J’ai gardé la même approche au niveau des paroles et de la structure pop sans aller trop house ou électro.»

C’est un court disque d’introduction pour l’artiste qui a grandi à Notre-Dame-de-Grâce: une pièce d’intro de 1 minute 50 secondes et trois titres, dont You Say. Avec encore peu de matériel, Geoffroy a dû monter rapidement un spectacle après avoir eu le feu vert pour assurer la première partie du très hip duo Milk & Bone le 7 octobre dernier au Théâtre Corona. «On a su qu’on a fait le show et trois semaines avant, on n’avait pas de band, d’équipement, de local et je ne savais pas comment mettre ces chansons-là sur scène parce que j’avais toujours tout fait guitare-voix. Là, y’a plein d’éléments parce que j’ai acheté le gear, j’ai appris comment utiliser tout ça – merci tutoriels YouTube! -, j’ai monté le groupe et ç’a a tout déboulé. Parfois, il faut des échéances pour te pousser dans le cul. On run encore sur le stress.»

Il joue désormais en trio, avec des musiciens en qui il a une grande confiance et qui profitent de la grande liberté que leur laisse Geoffroy. Camille Gélinas, qu’il a rencontrée y’a pas très longtemps lors de l’enregistrement de l’émission Pop de jam est au piano et Alexandre Ouellet, qui était aux côtés de Geoffroy dans un band punk-rock dans leur jeunesse, est à la batterie. Le principal intéressé, lui, a trouvé un nouveau souffle en revenant au piano. «Ces temps-ci, plus que jamais, je compose. Quand tu reprends un instrument, comme le piano, ça amène de nouvelles inspirations et le nouvel équipement que j’ai acheté amène aussi plein d’idées.»

Caméléon, Geoffroy explique que le son d’un éventuel album complet dépendra des gens avec qui il travaillera. «C’est cool de travailler avec plein de musiciens, de réalisateurs qui t’amènent ailleurs et qui t’aident à t’améliorer. Je n’ai pas peur de manquer de matériel pour l’album complet. Je ne peux pas promettre que ça va être la même chose que pour le EP. Ça va peut-être être différent pour chaque chanson. Tout le monde essaie de te pousser pour que tu aies une direction… peut-être que logiquement c’est vrai, mais j’ai pas le goût de faire un album folk, puis un album électro, puis un album meringue, puis un album beats africains. J’ai le goût de tout mixer ensemble et de voir ce qui va arriver.»

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Lancement montréalais du EP Soaked in Gold (Bonsound) le 17 novembre à 18h à la Casa de popolo, puis spectacle dans le cadre des RIDM le 20 novembre à 20h30 au 3450 Saint-Urbain avec KROY, Kai et un invité spécial. Album disponible le 13 novembre.